La rivière, une histoire à refaire

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La rivière du Nord, longue de 137 km, prend sa source au lac Brûlé, puis coule à l’est de Sainte-Agathe-des-Monts, arrosant plusieurs agglomérations, dont Val-David, Sainte-Adèle, Piedmont, Prévost et Saint-Jérôme. De là, elle serpente jusqu’à Lachute, en direction ouest-sud-ouest, et arrose Saint-André-Est, avant de se jeter dans la rivière des Outaouais, à l’entrée du lac des Deux-Montagnes.

 Isabelle Schmadtke

L’histoire de l’utilisation de la rivière ne date pas d’hier; en fait, elle est un élément clé du développement de notre région.  On fait notamment mention de la «rivière du Nord» dans l’acte du 7 juin 1680, par lequel l’intendant Jacques Duchesneau concède la seigneurie d’Argenteuil à Charles-Joseph d’Ailleboust des Muceaux, et on sait que plus tard, Antoine Labelle, curé de Saint-Jérôme de 1868 à 1891, emprunta cette voie d’eau afin de soutenir les nombreux colons installés entre Saint-Jérôme et Mont-Laurier. Vinrent ensuite les villes et leurs multiples besoins, les industries, ainsi que le développement du récréotourisme.

Les villes responsables de l’état de leur usine d’épuration

On ne peut plus se le cacher, d’ailleurs le Journal vous en a informé à maintes reprises : la rivière est très polluée ! Ses sources de pollutions sont multiples et se retrouvent tout au long de ses 137 km de parcours. Certains pollueurs polluent plus, d’autres moins; son état général est assez inquiétant, surtout si rien n’est fait pour améliorer la situation. À qui la responsabilité et qui devra payer ?Un geste majeur en vue de l’assainissement de la rivière a été posé sous forme d’un jugement contre la Ville de Sainte-Agathe le 18 février dernier.

Un comité citoyen accusait la Ville de Sainte-Agathe de mal entretenir et de surutiliser son usine d’assainissement d’eaux usées, et de ne pas l’exploiter conformément aux conditions environnementales fixées par les autorités provinciales compétentes. Ce qui aurait comme conséquence de déverser dans la rivière du nord, des eaux usées non traitées, au détriment de la santé des riverains et des usagers de la rivière du Nord et du lac Raymond.

Lors du jugement  du 18 février, le juge Louis-Paul Cullen de la Cour supérieure du Québec dit : « En résumé, la preuve révèle le laxisme persistant de la Ville et du MAM (ministère des Affaires municipales) dans l’application et le suivi des exigences légales quant aux rejets à la rivière du nord d’eaux usées traitées et non traitées provenant des ouvrages d’assainissement de la Ville. Alors que la protection de l’environnement constitue la vocation prioritaire du ministère de l’environ nuement, tel n’est pas le cas du MAM, ce que le présent dossier confirme. Depuis 2006, la Ville rejette négligemment des eaux usées traitées dans la rivière du nord contenant des concentrations de coliformes fécaux qui dépassent les limites autorisées. Elle y rejette également des eaux usées non traitées, sans pouvoir démontrer que les débordements à la source de ces rejets sont autorisés, car elle n’utilise pas d’enregistreur de débordement, pourtant obligatoire. L’impact de ces débordements sur la qualité de l’environnement au lac Raymond est réel et préjudiciable, même si la Ville ne constitue pas l’unique source de cette contamination par des coliformes fécaux et le phosphore.  Il est grandement temps que les autorités prennent enfin leurs responsabilités.»

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