Louis Plouffe

Photo : Serge Pilon ; Louis Plouffe au saxophone
Gisèle Bart
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Saxophone à l’honneur

Gisèle BartLe 22 avril 2017, un jeune prodige du saxophone, Louis Plouffe, se présentait pour la troisième fois sur la scène de la salle Saint-François Xavier de Prévost. Sauf que cette fois, c’était lui la tête d’affiche et le dirigeant. Il était accompagné par des musiciens tout aussi jeunes que lui, Emmanuel Eustache au piano, Samuel Brassard à la basse, Thomas Régnier à la batterie et, dès le deuxième opus, Christopher Kerr Barr à la trompette.

D’emblée, je mentionnerai la qualité du son qui, tout au long du concert, a rendu parfaitement audible la guitare basse, laquelle est trop souvent difficile à percevoir. Cela mérite une mention.

Il a bien grandi notre petit Louis depuis le soir où nous l’avons découvert, il y a à peine 2 ans de cela. Nous avions été sidérés par son talent qui le fit ressortir parmi pourtant de bien grands. Il doit se pincer de voir se réaliser à peine dix ans plus tard son rêve de préado. Pas vraiment conscient du halo lumineux qui émane de sa personne, il arrive, de bleu azur vêtu, visage encore juvénile. Pour commencer, c’est une pièce entraînante. Humble, Louis nous tourne le dos pour applaudir lui-même ses compagnons. Homme de peu de mots, son truc à lui, c’est la musique. Un peu de douceur à la deuxième pièce puis à la troisième, By By Black Bird, une grande émotion pour moi. Il s’agit de la pièce qui clôt le magnifique film Isadora. Louis y a invité son ami trompettiste. Un beau dialogue entre Louis et le son si ensoleillé de la trompette, un pianiste compétent, une basse en filigrane, en « beat », le batteur. Suivra une pièce plus moderne avec ses bizarreries, trompette mise en avant, saxo discret, batterie roulante, pianiste jouant plus des accords que des mélodies, le cœur qui bat de la basse, finale moderniste. Une tendre conversation sur le pas d’une porte suivie d’un titre intrigant, The Things We Did Last Summer, où la basse est très sollicitée.

Au retour de la pause, Louis et ses saxophones prendront une place de plus en plus importante. Le pianiste, excellent, demeurera attentif, la basse toujours aussi étonnante, la trompette continuera d’étinceler, le batteur assurera comme il se doit et Louis accordera à ce jeune passionné un solo dont il profitera pleinement. Un lascif Misty puis Louis Plouffe s’enflammera de plus en plus. Pour Le côté ensoleillé de la rue, interpellations interjections, interrogations se succéderont. Enfin, une petite chicane sera conclue dans un ensemble parfait. La fin approche, Louis dédie à sa mère un morceau tout en mélancolie. Après quoi aura lieu la montée du dernier monticule. Louis se fait plaisir. C’est son tour. Ce sont ses minutes de gloire à lui. Il donne tout. La basse et la batterie s’en donnent à cœur joie. La trompette et le saxophone s’interpellent en palabres de gosses comme dans une cour de récréation bruyante.

Enfin, le rappel s’avérera une performance. Louis s’accorde cette « cerise sur son sundae ». Puis, il passe le témoin à son bon ami trompettiste qui s’exécute avec la même brillance. Cela se transforme en concours de bras de fer. Ils s’amusent follement et par ricochet nous amusent allégrement. Ils nous soutirent plus que des rires, ils nous soutirent des cris et des applaudissements déchaînés. Si jeunes, ils nous ont fait du bien. Ils nous ont rendus heureux.

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