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Pierre-Olivier Bonin – Vous êtes-vous déjà demandé comment on s’y prend pour mesurer la qualité de l’eau ? Le Journal est allé visiter Laboratoire Bio-Services inc. de Sainte-Agathe-des-Monts en juillet dernier. André Langlais, directeur adjoint du laboratoire, nous a expliqué les processus d’analyse de l’eau et nous a parlé de l’entreprise.
Laboratoire Bio-Services est divisé en deux sections principales quant à l’analyse de l’eau : un laboratoire de microbiologie et un autre de physicochimie. Le premier est axé principalement sur l’analyse du vivant, entre autres des bactéries, comme les coliformes fécaux et les entérocoques. Le second analyse les caractéristiques physiques de l’eau, comme le pH, la dureté, les minéraux, etc. Afin de s’assurer des ana-lyses fiables, nous indique M. Langlais, « il y a entre autre des délais de conservation des échantillons à respecter ». C’est pourquoi dès que l’entreprise reçoit un échantillon d’eau, on le met au frais dans un réfrigérateur réservé pour cet usage ou on l’analyse immédiate-ment. La température de l’eau, plus basse, empêche alors les bactéries de se reproduire sans quoi les résultats d’analyse seraient faussés.
Au laboratoire de microbiologie
À l’aide de membranes spéciales, on filtre l’eau pour permettre la rétention des bactéries. Chaque membrane est ensuite déposée dans un pétri contenant un milieu de culture dans lequel se reproduiront les bactéries recherchées. Après un certain temps d’incubation, des points sur la membrane apparaissent : chacun d’eux représente une « unité formant des colonies » (UFC) et c’est à partir de cette unité que l’on établit la concentration en bactéries d’un échantillon d’eau, en UFC/100 ml. Chaque colonie n’était au départ qu’une seule bactérie qui s’est reproduite et qui contient lors de la lecture de l’analyse environ 1 million de bactéries afin d’être visible à l’œil nu.
Au laboratoire de physico-chimie
Ce laboratoire a été mis en place pour l’analyse chimique de l’eau. On y analyse certains paramètres sur des échantillons d’eau potable, d’eaux usées et d’eau de lac. De nombreux paramètres sont analysés dans ce laboratoire, mais les tech-niques d’analyses sont trop nombreuses pour être toutes décrites. Un des paramètres analysé, par exemple, est la chlorophylle a, un pig-ment propre aux végétaux et présent dans les lacs. Il est utilisé comme indice de la quantité de phytoplancton présent dans l’eau. C’est à l’aide, entre autres, de ce paramètre que l’on peut détecter les problèmes d’eutrophisation des lacs. Ce para-mètre est défini par le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP) comme un descripteur de la détérioration ou encore du vieillissement prématuré des plans d’eau. Outre la chlorophylle a, nous dit André Langlais, « le phosphore total est reconnu comme étant un paramètre ayant une influence déterminante sur le niveau d’eutrophisation ». Le phosphore est un autre des paramètres analysés au laboratoire.
Les conséquences du phénomène sont par ailleurs très manifestes : « un développement excessif d’algues et une dégradation de la qualité de l’eau ». Bien que, suivant l’explication de notre interlocuteur, l’eutrophisation soit « un processus naturel de vieillissement des lacs », les activités humaines ont tendance à accentuer de façon dramatique la vitesse à laquelle progresse ce processus. Les rejets d’installations sep-tiques défaillantes, l’érosion des sols, la coupe de bois, une mauvaise protection des berges sont autant de facteurs qui peuvent contribuer à l’eutrophisation de nos rivières, ruisseaux et lacs.
Évolution du laboratoire
Le laboratoire, qui compte 22 employés, existe depuis 1995 mais les propriétaires actuels l’ont acquis à l’été 2006. Depuis 1995, affirme M. Langlais, il y a eu une nette amélioration au niveau des procédés et des méthodes d’analyse, de la variété des paramètres analysés ainsi que du service à la clientèle. Prochaine-ment, un accès Internet permettra au public d’accéder confidentielle-ment aux résultats d’analyses.