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Une comédie provocante et touchante
Lyne Gariepy– La plupart des humains ont ou auront en commun d’avoir fait l’amour une première fois. Où, quand, comment et, surtout, avec qui cet évènement a eu lieu est propre à chacun. Pour plusieurs, c’est un moment dont ils se souviendront longtemps. Pour ma part, j’ai expérimenté Ma première fois avec mon mari, en février dernier, à la salle André-Prévost, une présentation d’En Scène.
Vous aurez deviné qu’il n’est pas question ici de ma propre première fois, mais bien de la comédie, Ma première fois, au théâtre. Ayant pour origine le blogue « myfirstime.com », créé par Peter Foldy et Craig Stuart, où plus de 40 000 témoignages anonymes relatant la perte de virginité ont été recueillis. Celui-ci a inspiré le New- Yorkais Ken Davenport pour écrire My first time. Une comédie composée uniquement de récits de défloraisons, issus de vraies histoires. Ma première fois est l’adaptation québécoise de cette pièce traduite dans huit pays et comptant plus de 3 500 000 billets vendus à travers le monde.
Le concept se traduit sous forme de courtes scènes jouées par quatre acteurs (2 hommes, deux femmes), toutes traitant des premières expériences sexuelles. Un seul sujet, mais des histoires qui se suivent et ne se ressemblent pas. Longuement préparée, expédiée rapidement, improvisée, maladroite, décevante ou mémorable, les premières fois sont toutes différentes.
La scénographie simple et dépouillée de Jean-Marc Saulnier, un décor avec quatre tabourets, fonctionne très bien, mettant l’emphase sur le sujet plutôt que sur l’emballage. Tout comme l’absence de vrais costumes pour les acteurs qui jouent dans leurs vêtements « de tous les jours ».
Jasmin Roy, qui signe l’adaptation et la mise en scène, ne s’est pas seulement satisfait de simplement traduire, mais a plutôt adapté la pièce, avec des références bien québécoises. Sa mise en scène, elle, est dynamique, punchée, et sans temps creux. Même si ça reste une comédie, il a inséré des thèmes plus dramatiques, traitant de viol, de pression, d’avortement. Des histoires plus lourdes, mais qui ont autant leurs places que les histoires plus humoristiques. À ce propos, j’ai apprécié que les récits de premières fois entre personnes de même sexe soient présentés de façon légère, sans traitement différent des autres. M. Roy livre ainsi un message important : peu importe son orientation sexuelle et sa première fois, nous sommes tous égaux.
Tout au long de la comédie, des statistiques apparaissent sur un écran, nous renseignant sur les premières fois. Instructif.
Au retour de l’entracte, suite à un questionnaire remis aux spectateurs en début de soirée, les acteurs font une compilation sur les premières fois des gens dans la salle. Certains cas sont soulignés. C’est un moyen intéressant d’interagir avec le public, de l’intégrer.
Au fil de la pièce, on passe par une gamme de sentiments, de la joie, l’excitation, la tristesse, les regrets, grâce entre autres, aux acteurs. Une complicité évidente unie les quatre têtes d’affiche : Mathieu Cyr, Marie-Lyne Joncas, Martin Vachon et Roxane Bourdages. Et c’est nécessaire, étant donné le degré d’intimité des scènes jouées. Quelques monologues sont intégrés dans le tout, souvent lors des thèmes plus sérieux et graves. Les acteurs livrent la marchandise dans les deux cas.
La représentation à laquelle j’ai assistée comportait une première partie en humour, assurée par Martin Vachon. Oui, l’acteur qui joue dans Ma première fois est aussi humoriste. Et parce qu’il ne faut pas être pudique pour interpréter une telle pièce, et bien son numéro d’humour est très ouvert sur des sujets tournants autour de la sexualité, tels que le couple, l’accouchement, etc. Le bout sur l’expulsion de son bébé est tout à fait impudique! Une première partie drôle et le parfait apéritif pour la pièce (de résistance) qui a suivie.
Ma première fois est une comédie provocante et touchante. Un bon divertissement. Je le suggère d’ailleurs aux couples, nouveaux ou anciens, jeunes ou vieux. Discussions assurées. Et peut-être plus?