Entrevue avec David Graham

David Graham à son bureau régional de Sainte-Agathe-des-Monts – Photo : Mathieu Pagé
Mathieu Pagé
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Régions mal desservies : Internet haute vitesse

Mathieu Pagé – En novembre dernier, le gouvernement canadien a annoncé un partenariat fédéral-provincial-municipal pour le financement de projets de développement d’infrastructures technologiques pour connecter les régions mal desservies. Le Journal a rencontré le député de Labelle-Laurentides à son bureau de Sainte-Agathe-des-Monts pour discuter du branchement à l’internet haute vitesse (IHV) dans les Hautes-Laurentides.

Le partenariat des programmes gouvernementaux Brancher pour innover et Québec Branché, totalisent un investissement de 55 M $. L’objectif de l’investissement, annoncé en novembre 2017, est de fournir l’accès à internet haute vitesse à 23 municipalités, pour près de 19 000 foyers.

Lorsqu’interrogé sur le progrès travaux, M. Graham nous informe que les travaux n’avancent pas vite : « une étude d’ingénierie doit être faite pour chaque poteau d’électricité, […] et ils ont 46 000 poteaux à faire. C’est une étape qui prend un an. On est vraiment au tout début, les connexions ne commenceront pas avant 2019, et ça finira à la fin de 2021, s’il n’y a aucun délai ».

Les poteaux sont ceux qui tiendront les fils électriques. Les études d’ingénierie cherchent à évaluer l’état des poteaux et combien de ceux-ci devront être remplacés. Selon M. Graham, une large partie de l’investissement sert à payer pour ces études et le remplacement des poteaux.

David Graham voit le projet comme visionnaire, car il sera géré par une coopérative, créée par les MRC. Des compagnies privées se voient octroyer un contrat pour chaque étape du projet par appel d’offres. L’attrait ici, comme le dit M. Graham est que si la coopérative est mal gérée, ils peuvent changer les compagnies qui la gèrent. Les infrastructures et systèmes mis en place ne sont pas perdus.

Une des raisons qui expliquent le manque d’accès à l’IHV (Internet haute vitesse) et une couverture cellulaire est que les compagnies privées ne voyaient pas d’intérêt économique d’en installer. Le peu d’habitants pour la grandeur du territoire en fait un marché peu lucratif. Ce genre de partenariat d’investissement public, géré par une coopérative, vient pallier à cette problématique.

Essentiel au développement

Une des difficultés pour M. Graham à faire avancer le dossier a été de faire comprendre aux autres membres du parlement à Ottawa et Québec la réalité vécue par les habitants de sa circonscription. Alors que l’internet haute vitesse est une commodité de base en ville, il y a encore des gens sur les modems « dial-up », une technologie dépassée depuis presque 20 ans.

L’accès à l’internet haute vitesse est aujourd’hui essentiel au développement d’une région, sur tous les plans. Il est crucial pour l’attrait touristique, culturel, académique et économique. David Graham nous donne l’exemple d’Antoine-Labelle dont la population a diminué de 1 % entre 2011 et 2016. Pour M. Graham, l’accès à internet haute vitesse est à la source du phénomène : « Les jeunes finissent leur secondaire, quittent la région et ne reviennent pas sauf pour leur retraite ». Trois points reviennent toujours lorsqu’il parle aux jeunes de la région : « Il n’y pas de service internet/cellulaire, donc on ne peut pas participer à l’économie moderne. Il y a très peu d’éducation postsecondaire et il n’y a pas de transport en commun ici ».

Pour M. Graham, d’avoir accès à Internet permettrait de garder les jeunes en régions, notamment en favorisant l’accès à de l’éducation extérieure, par des cours à distances. Le manque d’accès à l’IHV empêche toute compagnie qui ont besoin d’internet de venir s’installer dans la région. Un mécanicien peut s’installer sans internet, mais une compagnie de développement de logiciel ne le fera pas.

« Les opportunités sont là si on a internet et le réseau cellulaire. Sans ça, on n’avance pas » nous dit David Graham, « moi je dis que tous les problèmes économiques et sociaux qu’on a reviennent, à la base, au manque de télécommunications. On peut investir des milliards ici en infrastructures […], sans internet, ça sert à rien, l’économie au complet dépend là-dessus maintenant ».

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