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Marie Morin – Forcée par la pandémie de COVID-19, je dois rester à la maison. Pas de rencontre avec les enfants ni les amis, une sortie par semaine pour l’épicerie ou la pharmacie. C’est dur même pour une personne comme moi qui apprécie la solitude. J’essaie malgré tout de rester sereine, mais c’est difficile. Devant les nouvelles, devant un mélo insignifiant à la télé ou une chanson triste, je suis souvent submergée par des émotions qui me tirent les larmes.
Mais ce qui me rend particulièrement triste c’est de voir parmi mes connaissances des gens qui soutiennent et véhiculent des hypothèses douteuses. Partout, les théories du complot abondent comme s’il fallait absolument voir une intervention humaine et malicieuse dans l’éclosion d’une pandémie. Est-ce qu’on se demande qui a bien pu déclencher les tsunamis, les irruptions volcaniques et les ouragans meurtriers des dernières années ? Non. On ne peut affirmer cela.
Des pandémies, il y en a eu régulièrement depuis que les humains ont commencé à vivre en société, à créer des villes et à s’y entasser. Ce qui est étonnant dans cette situation c’est que les dirigeants n’ont rien fait pour organiser une réponse adéquate à ce problème qui avait été envisagé et annoncé depuis longtemps. Personne n’a écouté ceux qui la prévoyaient. Ils ont été qualifiés de prophètes de malheur.
Ce qui se passe présentement dans le monde est désespérant. Il y a près de quatre millions de cas dans le monde et près de deux millions aux États-Unis (en date du 14 mai). Et ces chiffres ne reflètent qu’une faible partie de la vérité, car à certains endroits le dépistage est inadéquat sinon inexistant. Le monde entier pousse les recherches à 100 à l’heure pour trouver un vaccin au plus vite. Mais la production d’un vaccin est un processus long et laborieux. On ne peut compter là-dessus.
En attendant on meurt en masse partout dans le monde. Et les règles de confinement qui pourraient faire en sorte de retarder la progression de la maladie ne sont pas toujours respectées et parfois même elles sont moquées par des dirigeants qui n’ont en tête que le pouvoir politique. Aux États-Unis, Donald Trump, le chef du pays qui devrait être le premier à donner l’exemple d’une certaine retenue et du respect des directives de confinement y va d’affirmations abracadabrantes et essaie par tous les moyens de mousser sa popularité en vue des élections de novembre. Il cultive la haine et l’encourage chez ses partisans.
Au Brésil, le président de droite Jair Bolsanero, un autre « bully » de la même espèce, profite du fait que le monde est occupé par le virus, pour permettre à des développeurs sans scrupules de détruire à une vitesse effarante la forêt amazonienne et par le fait même les Aborigènes qui y habitent. De janvier à avril de cette année, 1 200 kilomètres carrés de forêt ont été détruits. Pour faire image : c’est 300 kilomètres par 400.
Et même si cette pandémie a mis fin à beaucoup d’activités commerciales et de loisir, elle n’a pas mis fin au vol et à l’exploitation. C’est bouleversant de voir que des méprisables voleurs s’en prennent à nos biens pendant que nous sommes coincés dans nos maisons : le vélo du petit enfant, la boîte de denrées déposée sur le porche, les appareils et véhicules de ceux qui font des travaux de construction et d’entretien. Sans compter ceux qui travaillent sur Internet pour voler les données personnelles des usagers des réseaux sociaux afin de s’en servir pour obtenir de l’argent.
Espérons que ce virus ne fera pas autant de morts que la grippe espagnole de 1918 – près de 50 millions de victimes dans le monde – mais elle n’a pas fini de faucher des innocents et des personnes âgées à qui il ne restait que le plaisir de se bercer en regardant la télé.
Préparons-nous, rien ne sera plus jamais comme avant. Et tant mieux. Peut-être que cette crise sera une bonne occasion pour nous de revoir notre façon de fonctionner et nous donner la chance d’imposer à nos dirigeants des choix mieux éclairés qui ne soient pas basés sur la recherche du pouvoir et de l’argent. L’argent et le pouvoir ne peuvent rien contre la COVID-19, regardez le président étasunien.
Il serait peut-être temps d’effacer les dettes des pays les plus pauvres, de régler le problème de la faim dans le monde, de forcer les faiseurs de guerres du genre Bachar Al Assad de rendre leur pays à ce qui reste de population, de réparer les dommages causés par les développeurs inconscients, les minières et pétrolières, d’établir des règles pour les producteurs de pétrole, de dépolluer la mer et les cours d’eau, d’arrêter la production d’huile de palme, de forcer les fabricants de véhicules automobiles à faire des véhicules qui ne dépendent pas du pétrole, de produire de l’électricité à partir du vent et de l’eau et de la biomasse. Et, surtout, surtout, de cesser de vendre nos terres agricoles à des exploitants étrangers et rendre ces terres disponibles à des producteurs locaux et tout mettre en œuvre pour produire nos aliments chez nous.
Quand j’étais jeune, je m’étais promis de ne jamais devenir une vieille chialeuse qui prétend que rien n’est bon dans notre monde, que tout était mieux avant. J’ai 78 ans, mais je lutte contre cette tendance, car une chose me retient, c’est quand je vois des jeunes qui réfléchissent, qui remettent tout en question, qui sont prêts à s’engager, j’ai confiance en l’avenir.