Leadership climatique

Prévost se distingue

Émilie Corbeil – La Fédération canadienne des Municipalités (FCM), via son programme Municipalités pour l’innovation climatique, tient depuis cinq ans un programme de formation dédié aux meilleures pratiques en matière d’action climatique. Et en matière de mesures prises pour le climat, Prévost fait école. Le maire Paul Germain est même au centre d’une vidéo visant à faire connaître et à promouvoir la formation. Le Journal s’est entretenu avec monsieur Germain afin d’en apprendre plus sur son implication et sur les mesures mises de l’avant par son Conseil.

Une aide du fédéral

En 2018, monsieur Germain a appris l’existence des programmes de subventions offertes par la FCM, l’équivalent canadien de l’Union des Municipalités du Québec. Il a, à ce moment, découvert l’importance des fonds mis à la disposition des Municipalités par le gouvernement fédéral, qui selon lui se chiffrent en milliards, rien que pour le dossier de l’environnement.

C’est donc à pieds joints qu’il a sauté dans la barque, engageant la Ville de Prévost dans un processus d’inventaire de ses émissions de GES et dans la mise en place d’actions concrètes visant à les réduire. En tout, ce sont 17 actions soumises et approuvées à la FCM qui sont, à l’heure actuelle, mises en place ou en voie de l’être. 

Des actions qui, selon Paul Germain, seront en partie faciles et évidentes pour les citoyens, alors que d’autres le seront moins. Mais qu’à cela ne tienne, il compte sur l’engagement et la mobilisation des Prévostois et aborde le travail qu’il aura à faire avec confiance.

Quelle place pour les Municipalités ?

Dans le domaine environnemental, il est parfois difficile de démêler les responsabilités et de voir qui peut vraiment avoir un impact. Pour M. Germain, les Municipalités ont un rôle capital à jouer dans la lutte aux changements climatiques. D’abord, les nouvelles mesures sont beaucoup plus faciles à implanter à l’échelle municipale. Les gouvernements provinciaux et fédéral font office de vieux paquebots et ils sont lents à changer de cap. Aussi, il est important de souligner la force mobilisatrice d’une communauté. 

M. Germain raconte, par ailleurs avec ferveur, comment, suite au retrait des États-Unis, sous Donald Trump, des accords de Paris sur le climat, plusieurs Villes américaines ont décidé de prendre le relai par elles-mêmes, se positionnant en porte-à-faux vis-à-vis une politique jugée inacceptable.

Transports

La Ville de Prévost a mis de l’avant plusieurs mesures concernant le transport. Suite à une importante réflexion, il fut décidé de changer quatre véhicules vieillissants ou accidentés par des voitures électriques. Une hybride, plus conforme à certains besoins particuliers, a aussi été achetée. L’achat de deux « pick up » électriques est prévu pour 2021. Notons que ces véhicules feront l’objet d’une subvention qui permettra de passer d’un prix d’achat de 137 127 $ à un prix d’acquisition de 36 300 $.

Les véhicules électriques seront par ailleurs offerts en auto-partage aux citoyens qui souhaiteront les utiliser en dehors des heures d’ouverture de la Municipalité. Et un jour, monsieur Germain souhaite offrir une voiture électrique en partage pour chaque quartier.

Cet hiver, le projet amélioré de transport collectif devrait être fonctionnel. La Ville bénéficiera de 113 arrêts de taxi-bus, soit un arrêt à tous les 300 mètres maximum. Les citoyens pourront réserver leur place jusqu’à une heure d’avance et le service devrait être offert entre 6 h et 19 h. 

Les citoyens corporatifs à contribution

Les objectifs de réduction de l’empreinte écologique ne sont pas sans faire l’objet de modifications aux normes de construction et d’installation imposées aux entreprises qui souhaitent avoir pied sur le territoire. En effet, tout nouveau stationnement commercial doit être équipé minimalement de deux bornes de recharge pour les véhicules électriques. Pour ce qui est des nouvelles stations-service, elles devront être équipées d’une borne de recharge rapide. Les nouveaux commerçants qui souhaiteront vendre du lave-glace devront en offrir en vrac. Les toits plats devront être blancs, afin de diminuer le réchauffement. Certaines de ces mesures pourront être soutenues par des subventions, en provenance notamment de Recyc-Québec. 

Réduction des déchets

Des tasses lavables et consignées pourront être échangées chez les commerçants : de quoi éliminer une bonne partie des gobelets jetables normalement utilisés. Des subventions sont déjà offertes aux citoyens pour faire l’achat de couches et de produits d’hygiène féminine lavables. Les produits à usage unique seront taxés et les fonds serviront aux programmes écologiques. 

Bientôt, les territoires de Prévost et de Saint-Hippolyte n’offriront la collecte des poubelles qu’aux trois semaines, plutôt qu’aux deux semaines comme c’est actuellement le cas. M. Germain insiste toutefois que des mesures d’atténuation seront mises en place et que certains citoyens se trouvant dans une situation particulière, par exemple un service de garde en milieu familial, pourront recevoir un deuxième bac. 

Le nouvel écocentre, qui sera installé tout à côté du marché aux puces, sera beaucoup plus accessible. Il se voudra par ailleurs une importante plateforme de réemploi. 

Voilà qui, en somme, a de quoi faire de Prévost une inspiration pour les Villes canadiennes qui souhaitent joindre le mouvement. Espérons qu’elles seront nombreuses !