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Les femmes, pierre angulaire de ces films
Lyne Gariépy et Joanis Sylvain – Ce mois-ci, on vous présente deux œuvres dans lesquelles les femmes occupent une place importante, étant même la pierre angulaire des histoires. Des femmes qui payent de leur personne pour arriver à leur fin.
Une jeune femme pleine de promesses (Promising young woman)
Film. Amazon. Thriller. Drame. Comédie; 2020; 1 h 48; réalisation : Emerald Fennell; interprétation : Carey Mulligan, Bo Burnham, Alison Brie
Synopsis – Cassandra (Carey Mulligan) était l’une des meilleures étudiantes de sa classe de médecine. Mais, suite à un traumatisme, elle a abandonné les cours. Elle est retournée vivre chez ses parents et travaille désormais dans un café. Cassie ne se passionne pour rien en particulier, ne voit personne et ne sort jamais. Sauf un soir par semaine, où elle se rend dans un bar, seule, et feint d’être ivre morte. Chaque fois, un homme s’approche, propose de l’aider, puis l’amène chez lui, bien qu’elle semble à peine consciente. Elle laisse alors libre cours à ses avances jusqu’au moment où, coup de théâtre, elle se révèle sobre. Elle donne ainsi des leçons aux hommes. Jusqu’à ce qu’elle revoit Ryan, un ancien collègue de l’université…
Ciné-fille – C’est un film marquant, qui nous amène à réfléchir à la portée des actes que l’on pose… tout comme ceux qu’on ne pose pas. Il nous démontre les répercussions des gestes inacceptables, mais qui pour certains sont vite oubliés, alors qu’ils brisent une vie, et parfois même plusieurs. Réalisé par une femme, c’est un film qui aborde de manière frontale la question du consentement.
Avec l’actualité des derniers mois, avec les #MeToo et dans notre société qui se dit protectrice de la femme, alors qu’il y a encore tant de violences qui lui sont faites, ce film fait l’effet d’un coup de poing. Un rappel de ce qui arrive parfois « après » les actes d’agression, « après » les plaintes, alors que la plupart des gens impliqués dans le processus retournent à leur quotidien et oublient.
Le moyen que prend Cassandra dans le film pour se venger n’est peut-être pas très acceptable, mais il met en lumière la vulnérabilité des femmes.
D’ailleurs, une controverse suscitée par une critique du film a révélé la justesse de ce qu’on y dépeint. Le critique cinéma Dennis Harvey a été réprimandé pour avoir écrit que les guets-apens tendus par Cassie étaient plus ou moins crédibles en raison du choix de l’actrice. Mulligan n’étant pas, sous-entend-il, assez attirante pour que les hommes mordent à l’hameçon. Harvey a dû s’excuser, mais faut-il répéter que les femmes ne se font pas agresser parce qu’elles sont désirables, mais par opportunité, manque de respect et parce qu’elles sont vulnérables face à l’impunité ?
Carey Mulligan est, soit dit en passant, excellente dans ce rôle. Elle a d’ailleurs reçu plusieurs nominations de meilleure actrice pour sa Cassandra, entre autres aux Oscars et aux Golden globes. Elle incarne magnifiquement cette femme rongée par la culpabilité, par une colère qui l’affecte, elle, plus que quiconque. Cette colère qui amène encore plus de destruction. Il n’y a ni réparation, ni rédemption, ni justice dans Une jeune femme pleine de promesses. Une catharsis, peut-être, mais à quel prix ?
Seule parenthèse de bonheur pour Cassie, Ryan (Bo Burnham) un gars de l’époque de l’université qui revient dans sa vie. L’effet de cette relation sur Cassandra est d’ailleurs l’un des éléments les plus intéressants de cette histoire. Le dernier acte se déploie aussi de façon plus inattendue. Et force la réflexion.
C’est un film qui nous rend parfois inconfortables, qui nous déstabilise, qui nous surprend pour atteindre son but. Soit de nous démontrer l’incidence qu’a eue l’événement sur la vie de Cassie. Tout en nous divertissant. Ce qui en soi est un exploit ! 9 sur 10.
Ciné-gars – Ce film aborde un sujet malaisant, qui démontre la situation que certaines femmes peuvent éprouver, encore à notre époque. La comédienne principale est excellente et nous livre une interprétation qui donne le ton à tout le film. Le film m’a amené là où je ne m’y attendais pas, grâce à ses revirements. 7,5 sur 10
Paris police 1900
Nous sommes friands, ciné-gars et moi, de séries d’époques. Celle-ci nous intéressait pour son côté enquête, et pour les faits historiques. Et, on l’avoue, Évelyne Brochu dans une série française, ça avait attisé notre intérêt (surtout celui de ciné-gars…).
Série, drame, historique, policier, 2021, France. Une saison de huit épisodes; Tou.tv; réalisation : Fabien Nury; interprétation : Jérémie Laheurte, Evelyne Brochu, Thibaut Evrard
Synopsis – 1899, la République est au bord de l’explosion, prise en étau entre les ligues nationalistes et antisémites et la menace anarchiste. Le cadavre d’une inconnue retrouvé dans la Seine va propulser un jeune inspecteur ambitieux au cœur d’une enquête criminelle. Il va croiser la route de Louis Lépine, de retour à la tête d’une Préfecture vérolée par les luttes de pouvoir, de Jeanne Chauvin, première femme avocate et d’une courtisane reconvertie en espionne… Ces personnages que tout oppose vont s’unir pour affronter un coup d’État. La Belle Époque n’a de belle que le nom.
Ciné-fille – Une série d’époques, dont certains personnages ont vraiment existé, voilà qui m’intéressait. Entre autres, l’avocate, la première femme à avoir plaidé en France en 1901. Ainsi que Meg Steinhell (Evelyne Brochu), l’espionne qui a eu une vie mouvementée (elle fut accusée, en 1908, du meurtre de son mari, mais c’est une autre histoire). Des personnages féminins qui viennent contrecarrer les plans des hommes, et qui parfois prennent les choses en main pour régler l’imbroglio dans lequel elles se sont retrouvées (ou mises, c’est selon).
On y voit les rouages derrière la montée du marketing haineux. Le souci du détail est minutieux. Les vêtements, les meubles, les décors, tout est vraiment soigné. Parlant décor, les éclairagistes, la photo et le réalisateur ont excellé dans l’art de filmer à la lumière des lampes à l’huile, ce qui apporte beaucoup de mystère. Les épisodes deviennent de plus en plus captivants au fil de la série. 8,5 sur 10
Ciné-gars – Paris police 1900 a toute une entrée en matière, dès les premières minutes ! Beaux costumes et beaux décors.
Bémol : les quatre premiers épisodes sont un peu lents, à mon avis. Mais les quatre derniers s’enchainent bien et comportent plus d’action, donc sont plus intéressants. 7 sur 10