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Entrevue avec Paul Germain, maire de Prévost
Émilie Corbeil – À Prévost, plusieurs projets sont actuellement en branle et tous traduisent la même intention : celle d’innover au service de l’environnement et des citoyens. Des projets de réfection des routes au plan d’urbanisme, en passant par la mobilité durable, Prévost se démarque. En entrevue avec le Journal, Paul Germain a présenté un état des lieux partiel.
Des chemins et des jardins d’eau
Cet été, le chemin du Lac Écho sera partiellement refait. Il ne sera toutefois pas refait à la manière traditionnelle, qui veut qu’on excave des tonnes de matériel de remplissage pour le remplacer par d’autre matériel de remplissage. On utilisera plutôt une technique de retraitement sur place. Le matériel existant sera donc réutilisé pour construire le nouveau chemin. Et le chantier sera occupé par toute une troupe d’étudiants à la maîtrise provenant de l’École de technologie supérieure (ÉTS), qui en feront leur laboratoire.
Le boulevard du Lac Saint-François bénéficiera également d’une cure de rajeunissement innovante : un système de biorétention de l’eau fera partie intégrante des travaux et l’eau sera traitée dans un fossé central végétalisé. Ceci permettra de minimiser l’îlot de chaleur créée par la route, améliorera la recharge de la nappe phréatique et évitera la surcharge de l’égout – donc diminuera le recours aux surverses et la pollution dirigée vers la rivière du Nord.
Paul Germain a indiqué au Journal que les travaux aux infrastructures routières qui seront nécessaires dans le futur le seront tous dans l’optique d’en diminuer l’impact environnemental. Questionné à propos des coûts, il explique avec empressement que les travaux « ne coûteront pas beaucoup plus cher ». D’ailleurs, chaque dollar investi dans cette voie permettrait d’épargner, à plus long terme, environ 1,72 $. Logique, puisque les infrastructures d’épuration des eaux et leur nettoyage coûtent cher.
Faire nettoyer un seul bassin, cette année, engendrera des coûts d’environ 450 000 $ pour la Ville. L’idée de traiter les eaux sur place grâce à la végétation prend tout son sens. Assez, même, pour faire dire au maire qu’il espère installer des jardins d’eau un peu partout sur le territoire afin de diminuer la pression indue sur le réseau d’égout.
Un transport pas commun
À Prévost, on trouve maintenant un arrêt du TAC (transport adapté et collectif) tous les 150 mètres. Les demandes de transport peuvent être faites en ligne avec un court délai, la tarification est plus qu’avantageuse et les usagers peuvent géolocaliser leur transporteur sur une application web.
Il n’en fallait apparemment pas plus pour augmenter, de manière fulgurante, le recours au transport en commun sur le territoire. Les chiffres sont arrivés : dans les six derniers mois de 2021, le nombre de transports était cinq fois supérieur à la même période en 2020 et trois fois supérieur à la même période en 2019, soit avant la pandémie.
Des dires de M. Germain, aucune autre société de transport en commun au Québec n’a vu sa fréquentation augmenter de la sorte.
Des redevances qu’on ne veut pas recevoir
Le règlement d’écofiscalité de la Ville en arrivera, en juillet, à sa troisième et dernière phase. Rappelons que les pailles et les touilles en plastique, ainsi que les cure-oreilles jetables sont interdits de vente sur le territoire depuis septembre 2021. Au 1er mai dernier, les commerçants vendant des bouteilles d’eau ont dû se munir d’une fontaine en libre-service et ceux vendant des bidons de lave-vitres ont dû se pourvoir d’un réservoir en permettant le remplissage.
Au premier juillet, une redevance sera imposée pour chaque bouteille d’eau, chaque bidon de lave-vitre et chaque paquet de vaisselle à usage unique vendus par les commerces de la ville. S’attend-on, à Prévost, à recevoir des sommes notables via la redevance ? Non : « Nous, ce qu’on veut, c’est ne pas faire d’argent du tout avec ça », de répliquer le maire.
Et si jamais, Oh malheur ! des sommes venaient à arriver, elles seraient en totalité réinvesties dans des initiatives dédiées à la réduction, au recyclage ou à la revalorisation des matières résiduelles. « C’est la Ville qui paie pour le volume de matières résiduelles qu’elle produit. Ce qu’on veut, c’est faire des sous en jetant moins ».
Ce règlement, qui a déjà fait grand bruit dans les médias nationaux, est le premier du genre au pays.
Osons un territoire inspirant
Selon Paul Germain, la Ville de Prévost sera la première à intégrer son plan de mobilité durable à son plan d’urbanisme. Avouant de but en blanc qu’il s’agit en grande partie d’une question de timing , il s’empresse toutefois à dire en riant qu’« on aime ça, être les premiers ».
Et au sujet du plan d’urbanisme lui-même, d’importantes consultations ont eu lieu. D’abord avec les élus et les fonctionnaires municipaux, ensuite avec la communauté d’affaires. Et ce sera bientôt le tour des citoyens, qui sont invités à prendre connaissance des dates qui seront prochainement annoncées dans le cahier municipal publié à même votre Journal.
On veut savoir comment les citoyens veulent trouver leur Ville en 2035. Les services d’un consultant spécialisé ont d’ailleurs été retenus pour mener à bien cet exercice porteur et constructif. Monsieur Germain a déjà des idées. On pourrait densifier… bien densifier ! Aider les jeunes à accéder à la propriété en assouplissant les règles pour avoir un « bachelor » au sous-sol ? Assouplir aussi les règles entourant les constructions intergénérationnelles ? Permettre des mini-habitations-annexes dans les jardins ? La densification, c’est aussi un partage d’espace qui, s’il est bien fait, peut apporter beaucoup – à l’environnement comme à l’humain.