Les 12 travaux d’Imelda

Martin Villeneuve, devant l’affiche de son film, après la rencontre au cinéma Pine. – Photo : Joanis Sylvain
Lyne Gariépy
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Une rencontre avec Martin Villeneuve

Lyne Gariépy – Le 6 novembre dernier avait lieu la présentation du film Les 12 travaux d’Imelda au Cinéma Pine, suivie d’une rencontre avec les artisans du film, dont le réalisateur, auteur et interprète d’Imelda, sa grand-mère paternelle, Martin Villeneuve.

Cette comédie dramatique raconte l’histoire d’une femme de 89 ans, Imelda, qui tente de régler, au fil des 12 années suivantes, certains détails de sa vie, avant de mourir. Mais c’est surtout le portrait touchant d’un petit fils à sa grand-mère, plus grande que nature, détestable parfois, acide, mais rafraîchissante et attachante malgré tout. Obsédée par le poids et accro au Slimfast, détestant Simone, la mère de sa bru, de tout son cœur, et n’ayant pas la langue dans sa poche, cette aïeule très colorée en fait voir de toutes les couleurs à sa famille (et aux spectateurs par la même occasion). « Elle déménageait, pour vrai. Elle pouvait être à la fois en colère, amère, détestable, et en même temps, elle avait un grand cœur, était super généreuse et pleine d’amour. C’est le paradoxe entre les deux qui est intéressant », confie son petit-fils.

Martin Villeneuve, dont c’est le deuxième long métrage, après Mars et Avril (2012), a débuté le projet Imelda il y a près de 10 ans, après le décès de sa grand-mère, la vraie Imelda, à l’âge vénérable de 101 ans. D’abord présenté sous la forme d’un court film hommage, Imelda (le film) s’est révélé être un succès dans la famille Villeneuve, incitant Martin Villeneuve, à présenter son film en dehors du cercle familial.   

L’épreuve du financement

Devant l’engouement pour Imelda, la productrice Nicole Robert lui propose de faire un long métrage. Débutent alors les démarches de financement. Malgré les neuf versions de son scénario soumises à la SODEC, Martin Villeneuve n’obtiendra jamais le financement public désiré. On lui répond que le sujet de la vieillesse n’intéresse pas le public. On lui suggère de ne pas jouer lui-même le personnage d’Imelda, et, surtout, de la rendre moins acide. Finalement, le film sera autofinancé. Et tourné sous forme de plusieurs courts métrages. 

Une superbe distribution… bénévole !

Robert Lepage et Ginette Reno, qui avaient tous deux accepté de travailler avec lui sur le projet de long métrage, ont décidé de poursuivre l’aventure bénévolement. Ensuite, d’autres comédiens de renom se sont ajoutés au projet : Antoine Bertrand, Michel Barrette, Yves Jacques, Anne-Marie Cadieux, et Marc-François Blondin. La pandémie a permis de tourner avec ces acteurs qui ont habituellement des horaires bien chargés. Tous les comédiens, ainsi que les artisans au générique du film, l’ont fait bénévolement. Avec, pour seule rétribution, à la fin du tournage, un accessoire ayant déjà appartenu à la vraie Imelda, question de boucler la boucle, de conserver quelque chose du personnage qu’elle était. Le film Les 12 travaux d’Imelda, est donc construit à partir des courts métrages tournés par Martin Villeneuve au fil des années (dont cinq en 2021), et pour lequel, en plus de produire, réaliser, scénariser, jouer Imelda. Il signe aussi la majorité de la direction artistique et certains effets spéciaux.     

Une histoire de famille

Même si Imelda est le personnage central du film, autour d’elle gravitent les autres membres de la famille de Martin Villeneuve : son père, Jean, son oncle André, tous deux notaires comme leur père, sa mère Nicole, sa tante Diane, sa grand-mère maternelle Simone, et ses cousins. Même son frère Denis (c’est le frère cadet de Denis Villeneuve, réalisateur de Dune) y est la cible de quelques clins d’œil amusants. Parce que Martin Villeneuve utilise leurs vrais noms, les vrais endroits, les vrais vêtements d’Imelda, les vraies histoires, il voulait l’accord de sa famille. C’est après les trois premiers courts métrages d’Imelda que la famille a été rassurée. « Ils ont vu le ton, comment je faisais ça. Je ne faisais pas ça pour les ridiculiser ou pour rire de ma grand-mère. C’était sur le ton de l’humour, mais avec beaucoup d’amour en même temps, et de respect. Donc, tout le monde a cautionné et s’est rallié à moi. »   

Authenticité

Au début du film, il est écrit que le tout est vrai… ou presque. J’ai demandé à Martin Villeneuve quel était le pourcentage de véracité de son film, et voici sa réponse : « 95  %. Sa correspondance avec Herman Landry, la scène de la pilule avec mon cousin Louis. Tout est vrai. J’ai surtout changé des petits détails, des situations, comme le nombre de personnes dans une scène, par exemple. Par contre, tous les accessoires sont les vrais, même son chéquier ! La seule chose qui n’est pas tout à fait vraie, c’est le dénouement de la relation entre mes deux grands-mères… C’est pour ça que c’est “presque” une histoire vraie. Mais tout le reste est authentique. »

Et qu’aurait pensé Imelda de ce film éponyme ?

« Ma grand-mère avait deux opposés : soit elle était en crisse, soit elle était party et aimante. Il y avait une switch on et off, il n’y avait pas d’entre-deux. Donc, je pense qu’elle aurait été fière que sa famille réalise son rêve d’être actrice, mais elle aurait été en crisse, parce que ce n’est probablement pas comme ça qu’elle se voit. »

Pour découvrir notre critique du film, allez à notre chronique Ciné-fille, Ciné-gars.

Les 12 travaux d’Imelda est à l’affiche au Cinéma Pine à Sainte-Adèle. Comédie dramatique de Martin Villeneuve. Québec, 2022, 93 minutes.

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