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Reprendre sa vie en main
Jacinthe Laliberté – Nombre de toxicomanes ont pu reprendre leur vie en main grâce à Portage, un organisme à but non lucratif dont le centre de réadaptation résidentiel fut créé en 1973 dans la région de Prévost, plus précisément au lac Écho.
À la suite de la parution de l’article sur la célébration du 50e anniversaire d’existence de l’organisme Portage, paru le mois dernier, le Journal trouve opportun de s’attarder, l’instant d’un autre article, sur ce premier centre situé au lac Écho.
Le Centre Portage, qui s’étend sur quarante-cinq acres d’un côté du chemin et de cinquante-cinq de l’autre côté, se fait discret. Une forêt dense dissimule plusieurs bâtiments construits loin de la route. Rien ne laisse supposer que se dresse, sur les abords de ce magnifique lac qu’est le lac Écho, un centre de réadaptation en toxicomanie.
Attendu par Sylvain Harvey, directeur des propriétés, immobilisations et ressources matérielles depuis plusieurs années, nous avons eu droit à une visite remarquable de plus de deux heures et demi permettant au Journal de marcher sur les traces de quelque 10 000 personnes qui ont tenté, le temps d’une thérapie, de redonner un sens à leur vie.
Tout a commencé au lac Écho
Ouvrir un centre où les toxicomanes pourraient vivre une réadaptation en résidence fut la solution trouvée et mise en œuvre par un groupe de citoyens en 1973. Rapidement, ils découvrirent, à Prévost, un site qui convenait à l’approche « communauté thérapeutique » qu’ils voulaient implanter. Ainsi fut créé le centre de réadaptation résidentiel « Portage du lac Écho ».
Un programme innovateur !
En peu de temps, ce centre a gagné en notoriété. Un modèle qui permit l’ouverture de plusieurs autres centres au Québec, en Ontario et au Nouveau-Brunswick ainsi que l’émergence de treize programmes.
À l’origine, un programme pour les adultes hommes et femmes fut créé. Plus tard, s’ajouta celui pour adolescents. Présentement, quatre-vingt-cinq hommes et trente femmes bénéficient de ces programmes et une cinquantaine d’adolescents profitent d’une thérapie adaptée à leurs besoins. Ces thérapies sont offertes autant aux francophones qu’aux anglophones.
Avec le temps, d’autres programmes furent développés, dont un dédié aux toxicomanes présentant des problèmes de santé mentale (TSTM) et un autre, pour les mères-enfants. Les deux furent transférés, quelques années plus tard, à Montréal.
Appliqués depuis 50 ans, ces programmes ont fait leurs preuves. Quelque peu modifiés avec le temps puisqu’ils évoluent selon les besoins, ils demeurent, tout de même, la pierre angulaire du centre de réadaptation.
La vie à un centre de désintoxication
L’approche de la communauté thérapeutique est la base de la thérapie progressive appliquée en ce centre. Pour concrétiser « ce vivre en communauté », les hommes sont localisés dans le bâtiment principal. Quant aux femmes, qui vivaient dans des petits chalets face au lac, elles sont maintenant regroupées dans un édifice nouvellement acquis. Bien évidemment, les adolescents ont aussi le leur.
Chaque bâtiment comprend un dortoir et des salles communes où les usagers cohabitent à tous moments de la journée. Autre fait, les quelques couples qui sont accueillis sont séparés durant tout le séjour protégeant ainsi la confidentialité de leur démarche.
Les plus âgés ont des responsabilités. Ils coordonnent des activités, prennent part à la sécurité, assistent les cuisiniers ou collaborent à l’entretien. Certains ont la possibilité, de par une implication exceptionnelle ou par des aptitudes particulières, d’obtenir un travail au centre de réadaptation Portage du lac Écho après avoir terminé leur processus de la réadaptation.
L’école avant tout
Des jeunes, sac en bandoulière, se dirigent, en riant, vers un bâtiment identifié « Académie Portage ». Ici, Sylvain Harvey précise : « L’école est obligatoire. La scolarisation est un élément majeur intégré au programme, puisqu’aller à l’école, fait partie de la vie d’un adolescent ».
Évidemment, la scolarisation ne peut être terminée en six mois, mais chacun apprend à son rythme et reprend son cursus scolaire où il l’a laissé. Des programmes sont offerts grâce à des ententes avec les Centres de services scolaires.
« Pour les anglophones, nous avons une entente avec la commission scolaire Sir Wilfrid Laurier. Pour les francophones, le Centre de services scolaires de la Rivière-du-Nord offre des programmes adaptés. Les professeurs viennent enseigner à l’Académie Portage ce qui permet aux jeunes de se concentrer sur leur éventuelle réinsertion à la société », d’expliquer Sylvain.
Des activités bien méritées
Le programme de réadaptation étant psychologiquement et émotionnellement exigeant, les dirigeants du centre connaissent l’importance de l’apport du sport et des arts dans une démarche thérapeutique. Or, terrain de ballon-panier, de soccer, de tennis, gymnase, salle d’exercice, local de musique et d’art sont à la disposition de tous et contribuent au succès de la réadaptation.
Toute thérapie comportementale exige de valider certains acquis obtenus en cours de cheminement. Pour ce faire, des sorties accompagnées, dès le premier mois, sont permises. Par la suite, si les résultats sont concluants, d’autres sorties non accompagnées, cette fois-ci, sont autorisées.
Et il prend son envol…
À la fin de la visite, il est facile de comprendre l’attachement des usagers qui ont pu bénéficier du programme de ce centre et de la particularité de ce milieu de vie. Le symbole des trois oiseaux que l’on voit sur une peinture à l’entrée du bâtiment principal évoque cet envol de l’oiseau qui a repris sa vie en main.