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Gleason Théberge -Les proverbes réfèrent souvent à des éléments naturels pour décrire des phénomènes sociaux ou des comportements humains. Le soleil luit pour tout le monde, par exemple, offre l’idée d’une égalité universelle dans l’accès au bonheur, du moins de la possibilité d’y avoir droit. Notre artiste Plume Latraverse, avec son mais nous avons le soleil, en a pourtant contredit la réalité en mentionnant dans sa chanson du Retour à la terre les nombreux empêchements sociaux qui ne laissent à certains espoirs déçus que le soleil comme consolation.
Avec les catastrophes climatiques, depuis quelques années se confirment aussi les avertissements des écologistes, dont ceux du Québécois Pierre Dansereau dans les années 70. En effet, la nature s’affole à cause de nos excès, et désormais beaucoup de nos proverbes ont perdu de leur valeur. Nous continuons à dire Après la pluie le beau temps. Or après l’orage, ce n’est plus aussi souvent le retour du soleil mais de nos jours encore plus d’averses. Il n’est d’ailleurs pas toujours agréable désormais de dormir à la belle étoile. Les vacanciers sont de moins en moins sûrs que le beau temps qu’on évoque ne tournera pas en chaleur extrême ni que les étoiles seront belles quand ils s’en vont camper.
Une autre maxime répertoriée par Pierre DesRuisseaux dans son Livre des proverbes québécois (Hurtubise HMH, 1978) dit ainsi que Celui qui se laisse battre par le soleil ne devient jamais riche. C’est-à-dire que sortir de son lit après le lever du jour est une attitude qui ne peut que laisser dans la pauvreté. Or, certaines tâches n’ont plus rien à voir avec la durée du jour, puisqu’en plus du fréquent travail de nuit et des horaires brisés, l’avènement du télétravail, entre autres, n’empêche plus personne de gagner sa vie sans avoir à se lever tôt.
Quant à lui, Où le soleil entre, le médecin n’entre pas affirme plutôt que l’aisance associée aux maisons ensoleillées éloigne les risques de maladie. Y croire, c’est évidemment oublier les ravages causés par l’affaiblissement des protections contre les rayons de l’astre solaire et les canicules de plus en plus pénibles, entre autres, qui créent les feux de forêt ou empêchent de les combattre.
Cependant, parmi les formules rapportées dans l’ouvrage qui sont encore d’actualité demeure Quand une rivière grossit, son eau se salit, une réalité dont les inondés connaissent la boue, les débris et les pertes matérielles que les inondations laissent derrière elles. Or, la maxime évoque ceux qui font trop vite fortune, et dont l’honnêteté est mise en doute. Si être honnête implique de respecter les droits fondamentaux, plusieurs organisations prouvent encore aujourd’hui la justesse du proverbe.