- Quand le charme opère - 21 septembre 2024
- Gibney Company - 16 août 2024
- Contemporary Dance 2.0 - 16 août 2024
Les plus grandes étoiles internationales viennent danser chez nous
Carole Trempe – À la simple lecture du programme de la soirée et du résumé du parcours des interprètes, nous sommes ébahis. Viennent danser chez nous les plus grandes étoiles internationales rattachées aux plus prestigieuses compagnies. Quelle chance avons-nous de les accueillir ici dans les Laurentides, sans avoir à nous rendre en Europe pour assister à leur performance.
Ces danseurs étoiles endossent ce titre parce qu’ils sont les meilleurs premiers danseurs à qui on confie un rôle de soliste et qu’ils ont taillé leur place à côté des plus grands.
C’est un pur ravissement de voir défiler sous nos yeux des artistes maîtrisant une technique exigeante, s’exprimant avec des gestes gracieux, fluides et précis. Posture du corps attestant d’un alignement précis de la tête et des épaules dans une verticale, silhouette longiligne, quantité impressionnante et qualité des rotations, souplesse. Ils nous donnent souvent l’impression de voler.
Ces grands interprètes nous ont proposé un programme comportant une succession de numéros puisés dans les répertoires classiques, néo-classiques et contemporains.
Carmen La Suite Carmen l’un des grands contes de l’histoire de l’opéra mis en ballet. Un grand classique à apprécier. L’histoire porte sur Carmen, une jeune et rebelle bohémienne dont le charme n’échappera pas au brigadier Don José qui s’éprend follement et mortellement d’elle. Ksenia Ovsyanick (danseuse principale du Staatsoper Berlin), Julian MacKay âgé de 25 ans, seul Américain diplômé de l’Académie du Bolshoï de Moscou (danseur principal au Bayerisches Staatsballet de Bavière) qui se construit une carrière internationale. Un très beau danseur fulgurant, puissant et sensible. Nous retrouverons ces deux artistes dans la dernière pièce de la soirée Don Quichotte, Grand Pas de Deux où l’on assiste à la démonstration haute en couleur de leur virtuosité, et de leur remarquable énergie.
Bout Of The Imperfect Pearl avec Melissa Hough et Ricardo Castellanos (Ballet national de Norvège) cette pièce nous invite à contacter à l’intérieur de nous, ce qu’on doit traverser pour se reconstruire, pour émerger d’une trahison. La chorégraphie est touchante et sensible.
Sky Breaking, Clouds Falling avec Toon Lobach. Danseur indépendant ayant fait un long séjour à l’Académie de théâtre et de danse d’Amsterdam, il poursuit sa carrière en Europe et en Amérique du Nord. Il est tout simplement fabuleux, spectaculaire et très intense. Il nous illustre avec brio un tableau sombre, mélancolique et poétique qui résonne avec la pandémie. On est en 2020 et un projecteur aveuglant capte la vie intime des individus comme un témoin indésirable. Il nous communique parfaitement bien l’atmosphère qui résonnait alors. Cette pièce est rendue avec une justesse, une sensibilité toute moderne qui met en valeur la technique et l’intensité de ce danseur génial. On le retrouvera plus tard dans « i » avec Casia Vengoechea,danseuse indépendante, chorégraphe et enseignante. Un sensationnel duo explorant l’amour robotique entre deux êtres programmés pour s’aimer. Le rendu est magistral. Les danseurs attirent nos regards par le mélange de l’énergie et de la force. La précision de la gestuelle à couper le souffle. Il s’agit d’une chorégraphie très originale et traitée avec beaucoup d’intelligence et de créativité. Nous sommes projetés dans un futur pas si lointain quand on s’intéresse à l’IA. Une pièce unique en son genre, très belle à voir. Casia Vengoechea interprétera en solo For When It Blooms où elle brille. On sent son aisance et son amour de la fantaisie. Une jeune femme aux multiples talents ayant travaillé sur des campagnes commerciales pour Chanel, Volkswagen, Hermès, Mercedes comme danseuse, mannequin et chorégraphe.
The Leaves Are Fading avec Sarah Lane (American Ballet Theatre) et Derek Dunn (Boston Ballet) dans une clairière, à la fin de l’été, une femme repense à ses souvenirs heureux des temps passés. C’est un tableau très poétique, nostalgique, beau. Ces danseurs se retrouveront dans un autre duo intitulé The Sun Sleeps.
Le Lac des Cygnes, Pas de Deux Acte III avec Geneviève Penn Nabity et Christopher Gerty (Ballet national du Canada). Lors du bal au château, le prince repousse toutes les princesses du monde quand apparaît Odile, magnifique cygne noir, envoûté il jure de l’épouser. Il s’agit d’une œuvre emblématique pour l’art du ballet. Les deux danseurs présenteront également Cendrillon’Pas de Deux Acte III il s’agit de l’adaptation du conte de fées classique où les deux protagonistes sont enfin réunis par l’amour.
La Bayadere, Pas D’action avec Melissa Hough et Ricardo Castellanos (Ballet national de Norvège) est un ballet russe emblématique resté inconnu en Occident jusqu’en 1961 et devenu un incontournable dans les galas du monde entier.
Windshear avec Eden Solomon nous assistons à une première mondiale. Une étude sur le courage qu’exige le fait de se déplacer au gré du vent. Cette magnifique danseuse a créé des moments d’une grande beauté, par un mélange de force, de fragilité, de puissance, d’énergie, de virtuosité, d’intensité, de sensualité. Eden Solomon une danseuse indépendante montréalaise douée et convaincante. Une beauté rayonnante et inspirante. Quelle belle présentation !
On retiendra de cette soirée que certains danseurs semblent aussi performants dans le registre contemporain que classique. Que les grands classiques sont fameux pour entretenir notre mémoire et nous faire rêver. Que la valeur patrimoniale des grandes œuvres n’est pas figée dans le temps puisque les histoires se réinventent. Que la valeur des œuvres contemporaines est inestimable pour assurer l’évolution culturelle de notre société et pour voir grandir de fabuleux artistes engagés et pertinents. Que c’était à ne pas manquer !
En bref, ce ne fut pas une soirée 5 étoiles mais plutôt une soirée 11 étoiles ! Le public a été conquis par autant de beauté. Des applaudissements ont rejailli tout au long du spectacle et des ovations bien senties ont été dédiées aux artistes qui n’en méritent pas moins.