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Les grands traits d’une grande dame
Michel Fortier – La famille de Jeanne Mulcair, décédée le 26 janvier 2024, célébrait ses funérailles le samedi 2 mars dernier au complexe funéraire Magnus Poirier (Les Sentiers), suivi d’une cérémonie religieuse en l’église Saint-Sauveur. Le Journal souhaitait permettre à la famille de témoigner du vécu et de l’influence de cette femme remarquable sur sa communauté, notre communauté. Vous trouverez un témoignage de son fils, Thomas Mulcair, de Jacinthe Laliberté, extrait du Journal de février 2021 alors que l’artiste Huguette Lagacé-Bourbeau avait réalisé un tableau pour Jeanne Mulcair dans le cadre des « hommages aux aînés » de la municipalité de Sainte-Anne-des-Lacs.
Lors d’une entrevue, son fils Thomas Mulcair nous livrait que sa mère et son père, parents d’une famille de 10 enfants, avaient toujours encouragé leurs enfants à aller au bout des choses, de leurs convictions, mais dit-il : « L’amour était également une valeur très importante pour elle, elle le générait et le partageait, elle aimait les gens… on a reçu des centaines de témoignages de gens qui la connaissaient et les deux mots qui revenaient le plus souvent étaient amour et gentillesse ».
Elle était très progressiste, elle défendait le fait que des couples gais puissent adopter des enfants. Lors d’une discussion ou plusieurs personnes émettait un avis contraire, elle a dit « Mais pourquoi, si c’est un couple qui s’aime et qui vont élever un enfant qui va être bien dans la vie… Pourquoi pas! », alors qu’elle était de loin la personne la plus vieille de la discussion; elle disait tout ce qui compte c’est que l’enfant soit élevé dans l’amour. Elle prêchait aussi que quand on ne comprenait pas quelque chose ou quand on jugeait : « Oui, mais imagine-toi que si on te jugeait comme ça ». Elle trouvait une manière de nous forcer à réfléchir à comment se sentirait l’autre ou comment on se sentirait si nous étions dans cette position-là. C’était un apprentissage de l’empathie de ne pas penser que nous avons réponse à tout, de respecter la différence, ça c’était quelque chose de profondément ancré chez elle.
Alors qu’elle enseignait le français au Centre jeunesse « Boys’ Farm » aujourd’hui appelé Centre de jeunesse Batshaw, Thomas Mulcair rapporte cette anecdote qui traduit bien la nature de Jeanne : « Lors d’un événement à Cornwall dans le cadre d’une tournée pour le NPD, j’ai rencontré un homme qui avait travaillé avec maman au Boys’ Farm. Il m’a exprimé son admiration et a relaté qu’il lui avait demandé un jour si elle n’avait pas peur des jeunes “durs” dans sa classe. Elle a tout de suite répondu qu’elle n’avait pas peur du tout. Qu’ils avaient souvent eu des vies difficiles, qu’ils étaient juste des jeunes, qu’elle les aimait et que tout se passait bien. Un super résumé de l’approche de maman. L’amour surmontant toutes les difficultés ».
La petite histoire de Jeanne Hurtubise Mulcair
Voici la petite histoire de Jeanne Hurtubise Mulcair écrite par Jacinthe Laliberté dans le Journal des citoyens du 19 février 2021 alors que l’artiste Huguette Lagacé-Bourbeau avait réalisé un tableau pour Jeanne Mulcair dans le cadre des « hommages aux aînés » de la municipalité de Sainte-Anne-des-Lacs »
Madame Mulcair, de son nom de jeune fille, Jeanne Hurtubise, est la fille de Pierre Hurtubise, maire fondateur de Sainte-Anne-des-Lacs de 1946 à 1951 et l’arrière-petite-fille de l’Honorable Honoré Mercier, premier ministre du Québec de 1887 à 1891.
Native de Montréal, elle passait ses vacances à la ferme avicole familiale de Sainte-Anne-des-Lacs. En 1973, la famille Mulcair y déménagea, en permanence. Thomas Mulcair, son fils et homme politique bien connu, revendique, avec raison, la lignée de six générations de cette famille dont les grands-parents de Jeanne firent partie des premiers venus à Sainte-Anne-des-Lacs.
Mère de dix enfants et enseignante de formation, les enfants furent sa vie, sa passion, ses amours. Elle décrocha un poste d’enseignante de français à l’école Boys’ Farm, maintenant Batshaw, où elle travailla pendant environ une dizaine d’années. Fidèle défenseure de sa langue et de sa culture, Jeanne s’assura que ses enfants reçoivent une formation dans les deux langues, anglaise et française.