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Article publié en avril 2008 dans le Journal Le Sentier
Joanne Clark – Traduction de Jacques A. Dufour–
En plus de sa brillante carrière sur scène, au cinéma et au théâtre, Madeleine compte plusieurs premières, que ce soit à titre de féministe engagée ou encore à titre d’activiste, en matière de droits de l’homme.
Une activiste, en matière de droits de l’homme
Madeleine s’est d’abord impliquée dans le mouvement anti-nucléaire, lorsqu’elle s’est enchaînée à l’Hôtel de ville de New York, pour protester contre la croyance ridicule que les abris nucléaires allaient protéger la population des attaques nucléaires.
Plus tard, elle a fait la rencontre du docteur Martin Luther King et s’est jointe au Congress on Racial Equity en participant aux diverses marches de protestation, à la fin des années 60 et tout au cours des années 70. Elle se souvient d’une petite église ou se réunissaient les gens de couleur et ou le docteur King avait été invité à prendre la parole. Le Ku Klux Klan portant des torches enflammées avait encerclé l’église; le discours avait quand même été prononcé. Encore aujourd’hui, l’émotion l’habite tout autant que la ferme admiration qu’elle voue toujours tant au docteur King qu’à ses disciples de l’église.
Madeleine a été arrêtée à l’occasion d’une manifestation non violente de protestation, en Alabama. Ella a été la première femme blanche, au sud de la ligne Mason Dixon, à être représentée par un procureur Afro-américain, Me Fred Grey qui a dû passer des semaines, pour ne pas dire des mois, à contester sa condamnation. Condamnée à six mois de travaux forcés, elle a conservé sa liberté, durant son appel, mais à la fin, elle a évité l’emprisonnement. C’est sous le régime du retour au gros bon sens du Président Lyndon Johnson, qu’a été adoptée la Loi sur les droits de l’homme, en 1964, et que Madeleine, ainsi que plusieurs autres personnes, ont pu bénéficier d’un pardon généralisé. Madeleine conserve précieusement la plaquette commémorative qui témoigne du fait qu’elle a été fait membre à vie du National Association for the Advancement of Coloured Poeple (NAACP).
Sur la liste noire
Sa carrière de comédienne, ainsi que sa quête constante de Justice s’entrecoupent encore avec l’époque de la chasse aux sorcières de l’ère McCarthiste. C’est elle qui a joué le rôle d’Abigail, dans la pièce The Crucible de Miller, en 1953 ; cette pièce a trait à l’hystérie collective et à la persécution de la chasse aux sorcières de Salem, en 1692. Cette pièce reflète l’hystérie réelle qui a marqué la fin des années 40 et le années 50, lorsque Joseph McCarthy pourchassait les »influences communistes » pour en éradiquer la société américaine – en fait, il pourchassait toute personne en désaccord ou qui exprimait sa dissidence avec le gouvernement américain. Miller et d’autres, dont Madeleine ont été persécutés par les forces mêmes qu’ils dénonçaient dans leur pièce
Plusieurs professionnels du monde artistique se sont vu refuser un emploi à cause de leurs présumées croyances communistes ou simplement à cause de leurs fréquentations. Plusieurs carrières ont été détruites, même si les critères qui faisaient en sorte que l’on se retrouve sur la liste noire n’étaient pas connus et ne pouvaient être vérifiés. Comme tous ceux sur la fameuse liste, Madeleine a eu de la difficulté à se dénicher de l’emploi.
Une féministe
Madeleine a délaissé le théâtre, lorsqu’elle a perdu l’ouie, durant les années 60. Plus tard, à titre de professeur émérite, elle a dirigé plusieurs ateliers de travail pour comédiens, et ce, dans plusieurs pays. Au début des années 70, elle a étudié pour devenir psychothérapeute et pouvoir pratiquer ce métier; elle a rencontré Gloria Steinman, Betty Dobson, ainsi que plusieurs autre personnes qui avaient été activistes à la First Woman’s Sexual Conference. Elle s’est impliquée dans un tas d’activités incluant l’initiation de groupes à la prise de conscience, ainsi que le support à divers ateliers de travail destinés aux femmes et aux victimes d’inceste.
Il y a ceux qui ont vécu les évènements historiques ou qui en ont été témoins et il y a ceux qui ont fait l’histoire. Madeleine Sherwood à l’évidence fait partie du second groupe, et mieux encore, elle nous a rendus meilleurs, tant pour le passé que pour le futur.