Révolte. Quelle révolte ?

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La révolte d’inspiration trumpienne aurait dû…

Denys DuchesneTelle qu’on nous l’a présentée à grands coups de ras-le-bol, de grogne, de refus du système, de rejet de l’élite, la révolte d’inspiration trumpienne aurait dû engendrer un taux de participation record. On a plutôt eu droit à 55 %. La normale, quoi. Où sont donc passés les révoltés ?

Aussi, la révolte d’inspiration trumpienne aurait dû entraîner la chute brutale de la candidate démocrate, la représentante de l’establishment, la mal aimée et pourtant c’est elle, Hillary, qui a reçu plus de votes. C’est elle qui a gagné le suffrage populaire. Où sont donc passés les révoltés ?

Les hommes révoltés se seraient tournés vers Trump à 55 %. C’est à peu près le même pourcentage qu’avait obtenu Milt Romney en 2012. Trump a reçu 45 % de l’appui des femmes, à peu près le même que Romney en 2012.

Depuis 2008 : dans les affrontements Obama vs McCain, Obama vs Romney, Trump vs Clinton, tous ont reçu plus de votes que Trump. Ce dernier arrive dernier !

Où sont passés les révoltés de 2016 ? On ne les voit pas dans les chiffres. Peut-être sont-ils dans les analyses ?

Autour de 21 h, le soir de l’élection, on entrevoyait que Hilary avait le chemin libre : les analystes allaient tous dans le même sens. Elle allait donc remporter la Floride, elle allait devenir présidente. Les gens lui ont fait confiance parce qu’elle était finalement la plus expérimentée et plus encore.

Autour de 22 h, analyses à l’appui, on disait et répétait qu’il était impossible que Hilary perde.

À 2 h du matin, analyses à l’appui, on disait et répétait qu’il était impossible que Hilary gagne.

Il aura suffi d’un changement de vote en Floride pour que soudain on ressorte la révolte qu’on avait reléguée dans le placard de l’histoire. Et quand Trump s’est emparé des Grands électeurs qui lui manquaient, les mêmes analystes sont revenus, le visage défait, parlé d’un vote de révolte, d’un rejet de ce qu’était Hilary, d’une contestation brutale du système. Quand même étrange de voir comment une société peut changer en moins de six heures.

Et pourtant, ils avaient sous les yeux une donnée, un chiffre, un résultat : Hilary Clinton avait remporté le suffrage populaire ! Où est la révolte ?

Cinglante ironie du sort, Trump et ses révoltés prennent le pouvoir grâce à l’establishment-fondateur de ce pays qui a imaginé une mécanique électorale capable de corriger toute dérive du vote populaire. On parle bien sûr des Grands électeurs. Avec eux, les jeux sont faits : Trump sera président ! À partir de là, rendez-vous au pied de Trump Tower. C’est de là qu’il va gouverner. C’est de là aussi que la révolte prendra son élan. Révolte oui, mais pas celle qu’on attendait.

Considérons, en terminant, ce qui pourrait être la véritable mesure de cette élection. Il suffirait de jeter un seul nom dans la mêlée, le nom de celle qui aurait facilement battu Donald Trump, facilement battu, doit-on insister. Michelle Obama, bien sûr.

Michelle Obama, et on vient de mettre fin à toute velléité de révolte.

Michelle Obama, celle qui instaurerait un soft-establishment.

Michelle Obama, celle qui annoncerait une révolution… tranquille !

Au pays de l’Oncle Sam, devant Michelle Obama, les analyses fondent comme neige au soleil.

Alors, que doit-on comprendre à la fin ? Mauvais candidats ? Mauvaises analyses ? Mauvais sondages ?

Et nous, citoyens, qu’est-ce qui nous fait voter ?

Qu’est-ce qui nous fait fondre comme neige au soleil ?

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