Rencontre d’auteurs à SADL

Valérie Lépine animait la rencontre avec les trois des auteures, dont, sur la photo, Danielle Caron et Marie-Andrée-Clermont – Photo : Hélène Limoges
Valérie Lépine
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Seize mains, huit personnages et un roman

Valérie Lépine – Huit personnes n’ayant en apparence rien en commun sont invitées à prendre un train pour se rendre au manoir de M. Morris dans les Laurentides. Elles sont pressenties comme héritières de la fortune de ce mystérieux homme. Le voyage ne se fera pas sans heurts et leur arrivée au manoir leur réservera encore bien des surprises.

Voilà donc la prémisse du roman Secrets d’un père indigne écrit par huit auteurs, dont trois citoyennes de Sainte-Anne-des Lacs. Ces dernières, Marie-Andrée Clermont, Louise Bélanger et Danielle Caron, se sont réunies à la bibliothèque de Sainte-Anne-des-Lacs le 12 octobre dernier pour discuter du processus qui a mené à la publication du roman.

Les huit auteurs de Secrets d’un père indigne se sont rencontrés au cours d’un atelier donné par Marie-Andrée Clermont intitulé Roman mode d’emploi. La dynamique du groupe était si agréable que Mme Clermont a pensé qu’il serait intéressant de lancer un défi : pourquoi ne pas mettre les talents de tous ces auteurs potentiels au service de l’écriture d’un roman ? Huit des participants1 l’ont accepté, et ainsi, a commencé une aventure littéraire qui a duré six ans.

L’idée de départ était que chacun des auteurs crée un personnage qui embarquerait dans un train. Pourquoi le train ? « Le train apporte beaucoup de mouvement et d’énergie au récit », a affirmé Marie-Andrée Clermont, « et il a permis de présenter les personnages de façon plus fluide. »

Pour arriver à la dernière mouture du livre, il a fallu bien des discussions et des négociations. Imaginez créer un livre avec sept autres personnes ! En plus, les auteurs ne se connaissaient pas au départ et venaient d’horizons très différents. Il a donc fallu qu’ils s’apprivoisent et fassent preuve de beaucoup d’ouverture d’esprit. Avec le temps, ils ont réussi à échanger sur des sujets parfois difficiles, mais avec du doigté, la bonne entente a survécu.

Des séances de remue-méninges ont donné lieu aux premières idées. La plus grande difficulté a été de s’ajuster sur la façon de procéder sans faire du surplace. « C’était comme une danse, dira Louise Bélanger. On ne se connaissait pas, mais à un moment donné, on s’est autorisé les uns les autres à faire jouer les personnages entre eux. » Le choix du genre romanesque a évidemment fait l’objet de maintes discussions. Les hommes voulaient de l’action, les femmes, un récit plus psychologique. Le thriller s’est imposé de lui-même puisqu’il rassemblait les préférences de chacun.

Tout au long de l’entretien à la bibliothèque, les auteures ont souligné à quel point elles avaient investi les différents personnages du roman. Ceux-ci sont devenus comme des amis. « Je m’ennuie d’eux et j’en rêve encore parfois », a déclaré candidement Marie-Andrée Clermont.

Un des défis majeurs de l’écriture du roman a été d’uniformiser son style. Chacun des auteurs avait sa propre manière d’écrire. C’est entre autres Marie-Andrée Clermont qui a beaucoup travaillé à rendre le texte fluide. C’est d’ailleurs une des grandes fiertés de ces auteures que d’être arrivées à publier un texte dont les enchaînements sont très naturels.

Après plusieurs relectures et des démarches auprès d’éditeurs, le roman est paru en décembre 2016. Qu’est que les auteures en ont retiré ? « Ç’a été une expérience vivifiante et unique. Elle m’a donné de l’énergie et du souffle », a affirmé avec enthousiasme Danielle Caron. Marie-Andrée Clermont, auteure de plusieurs romans jeunesse, a, pour sa part, déclaré ressentir maintenant une plus grande liberté dans l’écriture.

Et les projets d’écriture ? Les trois auteures ont évidemment envie de renouer avec le processus créatif. Les idées mijotent. L’expérience de Secrets d’un père indigne les aura en tout cas préparées à tous les aléas de la rédaction d’une œuvre romanesque.

  1. Seulement huit noms apparaissent au générique du roman puisqu’une des participantes a malheureusement dû quitter le groupe en cours de route.
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