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Témoignages de femmes
Jacinthe Laliberté – De nombreuses femmes travaillant dans le domaine de la santé ont, au cours de la pandémie, grandement participé à l’effort qualifié « d’effort de guerre » par les hautes instances politiques. La Journée internationale des femmes soulignée le 8 mars devrait, cette année, faire un clin d’œil au « Je me souviens », l’emblème du Québec.
Les thèmes de cette année, en concomitance avec l’actualité, mettent l’accent sur les conditions des femmes durant la crise. « Leadership féminin : pour un futur égalitaire dans le monde de la COVID-19 », thème de l’ONU Femmes et « Écoutons les femmes », celui du Collectif 8 mars1, incitent ainsi à une réflexion plus profonde.
Les efforts exceptionnels des femmes travaillant dans le secteur de la santé qui se sont vues plonger, bien malgré elles, dans l’enceinte de la pandémie de COVID-192 auraient dû être valorisés. Malheureusement, cette crise n’a pas seulement eu des effets négatifs sur la santé des gens, mais elle a fait ressortir, encore plus, et ce, indiscutablement, l’iniquité tant récriée entre les hommes et les femmes en milieu de travail.
Des femmes au cœur de l’action
Cette année, le Journal dédie la Journée des femmes aux travailleuses, intervenantes et professionnelles du domaine de la santé qui ont été et qui sont encore en première ligne face au Coronavirus2, et ce, nonobstant les risques encourus.
L’énumération des corps de métiers et des professions en pourrait s’avérer des plus fastidieuses, et le risque d’en oublier créer un préjudice inacceptable puisque toutes ces femmes et filles sont montées au front comme le firent, notamment pendant la Deuxième Guerre mondiale, les infirmières qu’on appelait les Blue birds, en référence à leur uniforme bleu.
Tirer un trait sur sa vie et ne penser qu’à la survie des autres
Le Journal a pu communiquer avec trois femmes qui ont œuvré dans divers établissements de la santé des Laurentides et qui sont résidentes de la région. D’ailleurs, des remerciements sincères pour leur grande disponibilité leur sont adressés.
L’analyse d’une préretraitée – Carole Bordeleau
« En qualité d’infirmière clinicienne en santé publique, entre autres, avec un pied dans la vie de retraitée, c’est d’un pas ferme que je suis passée à l’attaque afin de soulager la souffrance dans tous les sens de ce terme. Prendre soin de ma famille, mes amis avec compassion et réconfort fut une arme spontanée. Avec 46 ans de service dans le domaine de la santé, je n’ai pas pu rester insensible à la souffrance que la COVID-19 a fait vivre aux citoyens.
Devant ce Coronavirus, j’ai tenté de protéger en donnant, notamment, de l’information sur les symptômes, le mode de contamination, le port du masque et les types à privilégier, ainsi que les désinfectants.
Confrontés si soudainement à la nouvelle réalité de cette maladie grave, nous devons puiser dans notre force intérieure pour nous protéger et protéger les autres.»
L’Implication d’une cheffe de service – Dr Chloé Jamaty, spécialiste en médecine d’urgence et cheffe de département local d’urgence de l’hôpital Saint-Jérôme
« J’ai eu les deux mains, les deux pieds et toute la tête dans la pandémie dès le début. L’urgence étant au cœur de l’hôpital, je me suis retrouvée à travailler avec tous les chefs de service de toutes les spécialités.
La manière d’approcher les patients et de les traiter a complètement changé. La communication était compliquée à l’intérieur des salles de réanimation avec les équipements de protection. Tout le travail est devenu plus lourd. Du jour au lendemain, les membres du personnel se sont retrouvés à faire leurs quarts de travail dans des conditions très difficiles autant au niveau physique que psychologique.
Petite anecdote : j’ai été une des premières médecins à être atteinte de la COVID-19 à l’hôpital, j’ai créé un vent de panique. Tous ont eu peur pour moi. La contrepartie de ce fâcheux évènement fut que je m’en suis sortie relativement bien. Ce fut rassurant pour tous. »
Un travail de collégialité – Dr Véronique Gauthier, médecin en médecine familiale travaillant à l’urgence
« J’ai été témoin de la très grande collaboration qui a existé entre les différents spécialistes. Lors de la première vague, tout ou presque était sur pause. Le délestage était massif et les spécialistes qui se sont retrouvés avec moins de travail, sont allés aider ceux qui croulaient sous la tâche.
Par surcroît, la violence envers les femmes qui se fait derrière la porte, me fait peur. Le confinement a contribué, malheureusement, à amplifier ce phénomène. Combiné à la perte d’emploi, aux problèmes financiers, c’est un cocktail qui met les femmes à risque.
J’ai trouvé formidable cette collaboration entre collègues. Cela nous rappelle que nous sommes des êtres sociaux et que le contact humain ne se résume pas à un texto. Il y a quelque chose dans la relation qui se vit en présence, même si on ne se touche pas. »
Toute notre admiration
Un coup de chapeau tout particulier est donc décerné à ces résidentes Annelacoise, Piedmontaise et Prévostoise qui ont momentanément tiré un trait sur leur vie pour ne penser qu’à la survie des autres.
Une lueur d’espoir devrait poindre à l’horizon pour ces femmes et les autres. Les valeurs essentielles, la collaboration, le retour au contact humain coïncident avec un changement de comportement perceptible que l’on espère significatif et porteur d’un message tant espéré en cette Journée internationale des femmes.
1. Le Collectif 8 mars réunis sous sa bannière plusieurs organisations syndicales et féministes, dont la CSN, la FTQ.
2. Le virus est le coronavirus. La COVID-19 est la maladie causée par le coronavirus (précision apportée par le Dr Véronique Gauthier).