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Zhan Hong Xiao, un grand artiste
Carole Trempe – Dans la série Jeunes Virtuoses présentée par Desjardins Caisse de la Rivière-du-Nord, Diffusions Amal’gamme produisait Zhan Hong Xiao, un jeune virtuose exceptionnel, samedi 22 mai à la salle de spectacle Saint-François Xavier de Prévost.
Pour la petite histoire, Zhan est né en Chine le 8 février 1999. À l’âge de deux ans, il a immigré au Canada avec ses parents. Sept ans plus tard, il découvre la musique. C’est là que débute la grande histoire, celle d’un prodige. Nous avons eu droit à un concert donné par un phénomène éclatant qui sort du cours normal, qui efface tout genre, qui amorce un nouvel ordre des choses.
Nous avions lu son ascension et savions qu’il s’est rapidement taillé une place dans les hautes sphères de la musique remportant de nombreux et prestigieux prix. Samedi, il est venu chez nous pour la première fois et là, nous avons entendu une merveille, du sublime, du magique, du surnaturel. A peine a-t-il frôlé la scène qu’il nous explique, affichant un grand sourire, que l’art rassemble les gens et comme il fait bon d’être rassemblés ce soir ! Son programme tourne autour de Chopin dont la Sonate op.58 no 3 en Si mineur constitue la pièce majeure de la soirée. D’une durée de trente minutes, elle est divisée en quatre mouvements. Zhan nous dit qu’il n’a pas de mots pour l’expliquer… insinuant la grandeur de l’œuvre. En fait, s’il ne trouve pas les mots, il en capte toute l’émotion et l’expressivité. Cette Sonate a été écrite en 1844 alors que Chopin était en villégiature avec George Sand. Elle a été publiée en 1845 et n’aura jamais été exécutée du vivant de Chopin. Zhan a interprété cette œuvre monumentale avec une rare et impressionnante subtilité. Il nous a emmenés ailleurs.
En première partie, il a choisi trois compositeurs : de Mozart que Chopin admirait. Zhan a joué la Sonate no 18 en Ré Majeur K 576. Sonate écrite à Vienne en 1789, peu de temps avant sa mort. On a pu entendre l’espièglerie et le sérieux de Mozart traduits par la sensibilité de Zhan. En second, Scriabine parce qu’il s’est inspiré de Chopin. Nous avons entendu l’op. 42 no 5 en Do dièse mineur composé en 1903 et représentant un sommet du répertoire pour piano de Scriabine. Il était fascinant d’entendre cette pièce tout en contraste aux expressions dramatiques et tumultueuses, où l’on a pu entendre la force de Zhan. Cette pièce ressortait de l’ambiance générale du concert. Finalement, Fauré dont l’influence par Chopin ne se limite pas qu’à la musique et qui a nommé ses pièces de façon similaire : les Nocturnes. Zhan a su traduire du Nocturne no 4 op 36 en Mi bémol majeur de Fauré, le tempérament français que nous avons pu reconnaître aisément.
Au-delà de ce magnifique répertoire livré par une technique et un jeu d’une clarté et d’une précision irréprochable, ce qui transcende de la personne de Zhan est la profonde maturité qui habite ce jeune homme. Sa compréhension subtile de la musique et sa connexion avec les espaces célestes. Il nous a laissés sur le 2e mouvement de la Sonate en Do mineur op. 13, La Pathétique de Beethoven. En apposant simplement les doigts sur les premières notes, la connexion avec le plus Grand était établie et le public complètement sous l’influence de ce merveilleux interprète prodigieux aux doigts magiques et surnaturels.