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Une période où l’on se battait avec honneur
Daniel Machabée danielmachabee@journaldescitoyens.ca – Lors des hostilités pendant la guerre de Sept Ans, il y eut des personnages dont l’Histoire n’a retenu que le nom, et d’autres qui s’illustrèrent de façon héroïque dans cette période où l’on se battait avec honneur.
Un de ces personnages est Jean de Vauquelin. Dépêché en Amérique en qualité de lieutenant, il arrive à l’Isle Royale (Cap-Breton) en juin 1758 et malgré le blocus des Anglais, réussit à pénétrer dans Louisbourg et prend une part active à la défense de la forteresse. En juillet, il force de nouveau le blocus pour sortir et réussit à rejoindre la France où il reçoit les félicitations du ministre de la Guerre, le maréchal de Belle-Isle.
Revenu en Nouvelle-France comme capitaine l’année suivante, il commande la flotte qui vient prêter main-forte aux Français dans la vallée du Saint-Laurent. Il reçoit comme directive du général Montcalm de bloquer l’accès au fleuve en amont de Québec avec deux frégates, l’Atalante et la Pomone, toutes deux mouillées à l’Anse-des-Mères. Or, le gouverneur Vaudreuil, qui était souvent en conflit avec les officiers militaires, donne l’ordre à Vauquelin d’envoyer ses deux frégates plutôt à Deschambault, afin de protéger les magasins de l’armée. Cette fâcheuse décision permet aux Anglais de contrôler le fleuve, de sonder le terrain et ultimement de débarquer à l’Anse-au-Foulon au matin du 13 septembre 1759.
Après la défaite des Plaines, le capitaine Vauquelin descend le fleuve pour hiverner à Sorel. En avril 1760, à l’entrée en campagne, le capitaine Vauquelin, ses deux frégates et deux flûtes, la Pie et la Marie, transportent les munitions de l’armée au camp de la Jacques-Cartier sur les eaux d’un fleuve gonflé par la fonte des neiges et parsemé de blocs de glace, mission fort périlleuse.
Après la victoire de Lévis lors de la bataille de Sainte-Foy, la petite flottille de Vauquelin s’ancre et attend comme tout le monde le dénouement du siège de la ville. L’arrivée des navires britanniques le 9 mai anéantit tous les espoirs des Français. Le 16 mai, le vaisseau de ligne le Vanguard er deux frégates donnent la chasse à monsieur de Vauquelin. La Pomone, sous un coup de vent s’échoue à l’Anse-au-Foulon. Les deux flûtes, protégées par l’Atalante décampent. Mais l’ennemi est trop rapide et Vauquelin ordonne aux navires d’aller s’échouer dans l’embouchure de la rivière Cap-Rouge.
Vauquelin conduit son navire l’Atalante à contre-courant, poursuivit par des navires plus rapides que lui. Pendant toute la poursuite qui dure jusqu’à la Pointe-aux-Trembles (Neuville), l’Atalante use de ses canons pour tenir les poursuivants en respect. Arrivé au village, Vauquelin lance à 120 pieds du moulin son navire qui s’échoue. Deux navires anglais se sont mis à demi portées de canon et tirent sans arrêt sur la carcasse du navire. Vauquelin, blessé, riposte avec quelques matelots, permettant l’évacuation de l’équipage, alors que l’eau monte et mouille les derniers barils de poudre.
La frégate se penche alors sur le côté pendant que les Anglais continuent de bombarder le navire. Voyant que la frégate ne riposte plus, les Anglais envoient une chaloupe recueillir les Français qui restent, soit 11 personnes. Vauquelin est fait prisonnier et les Anglais sont venus incendier le lendemain ce qui restait de la frégate. Le commandant anglais, demandant au capitaine Vauquelin pourquoi il n’amenait pas ses drapeaux, celui-ci lui répond : « Si j’avais plus de poudre, je causerais encore avec vous monsieur. Quant à mon drapeau, si vous voulez le prendre, vous n’avez qu’à monter et à le dérouler. Mon devoir de Français est non pas de l’amener mais de faire amener ceux de mes ennemis de mon pays. »