Point de vue

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Benoît Guérin
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Notre démocratie municipale est-elle malade ?

Benoit Guérin bguerin@journaldescitoyens.ca – Au 1er octobre dernier, les conseils municipaux de Prévost et de Piedmont ainsi que la mairesse et un conseiller de Sainte-Anne-des-Lacs étaient élus par acclamation, c’est-à-dire sans opposition.

À la lecture des grands journaux et des données sur les élections municipales on apprend que près des 2/3 des candidats sont ainsi élus sans opposition, tendance qui se confirme depuis plusieurs élections. A l’échelle de la province, seulement 45% des électeurs votent aux élections municipales, niveau de gouvernement censé être le plus près de la population. 

Doit-on voir là une marque de confiance envers nos élus. Rien n’est moins sûr.

D’abord une mise au point : j’ai un grand respect pour ceux et celles qui se présentent à une élection, surtout dans les conditions actuelles, tel que discuté plus bas.

Toutefois lorsqu’il y a élection par acclamation, les citoyens ne peuvent pas exprimer leur satisfaction ou leur insatisfaction de leur conseil et prendre la décision de voter en conséquence. Il y absence de discussion permettant à l’électeur de choisir des candidats avec lesquels il partagerait les mêmes convictions. Pourtant le droit de vote est la base même de notre démocratie municipale.

La présence d’une opposition et d’opinions divergentes m’apparait essentielle pour conserver une société démocratique et un débat sain sur l’avenir de nos milieux de vie. 

Qu’est ce qui en est la cause ? La pandémie ? Je ne crois pas, la tendance était présente bien avant la COVID. Est-ce que les attaques sur les médias sociaux qui deviennent de plus en plus virulentes seraient responsables de ce bas pourcentage de scrutins et l’absence d’opposition ? Plusieurs élus ont récemment dénoncé ce climat toxique et ont même publiquement indiqué qu’ils renonçaient à se représenter dans ce contexte toxique. La structure municipale est le palier de gouvernement le plus proche du citoyen, les conseillers et le maire sont nos voisins d’à coté, et certains ne se gênent pas pour leur rendre une visite pour faire valoir mécontentent. Pas toujours facile comme emploi.

Plusieurs autres facteurs expliquent le peu d’attrait de nos concitoyens pour se lancer en politique.

D’abord les salaires des conseillers et du maire ne correspondent pas à la charge de travail qui augmente avec l’augmentation des responsabilités des Municipalités. L’on rapportait qu’à Prévost, le salaire du maire était d’un peu plus de 63 000 $ et celui des conseillers de 17 000 $. Pour nos municipalités moins populeuses, on rapportait à Sainte-Anne-des-Lacs que le maire recevrait un peu plus de 26 000 $ et un conseiller un peu plus de 9 500 $, alors qu’à Piedmont, le maire recevrait un peu plus de 43 000 $ et un conseiller un peu plus de 11 000 $. Les exigences en environnement ou en urbanisme ont tendance à alourdir le travail des élus qui doivent se mettre à jour et jongler avec des dossiers de plus en plus complexes.

Tout cela est sans compter le cynisme de nos concitoyens envers les politiciens, le climat souvent toxique et l’intimidation amplifiés par les médias sociaux ou même lors de séances du conseil. Le climat s’est tellement dégradé que l’Union des municipalités du Québec a même cru bon, au début de l’année, de mener une campagne pour donner le goût aux gens de se présenter en politique et d’améliorer le climat environnant.

On voit qu’il aura lieu de revaloriser la fonction de maire et de conseillers au bénéfice de la démocratie et d’améliorer le climat dans lequel s’exercera ces fonctions.

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