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Un dernier coup de chapeau
Jacinthe Laliberté jacinthe.laliberté@journaldescitoyens.ca – Depuis le tout début de cette série d’articles sur les aînés de la municipalité de Sainte-Anne-des-Lacs, neuf articles au total ont témoigné du vécu d’aînés qui ont laissé leur empreinte au fil du temps, une forme de révérence à l’héritage qu’ils ont laissé. Ce dernier hommage à Janine Boyer et à Mickey Brickell était un incontournable, impossible de passer outre.
Pour ce dernier témoignage, Julie Pâquet, artiste peintre, a réalisé les portraits de Janine Raymond, une femme aux multiples talents et de Mickey Bickell, un homme aux mille métiers.
Avant la pandémie, cette artiste peintre donnait des cours privés dans son atelier. Étant en attente d’une éventuelle reprise, elle a acquiescé à la demande de Philippe Faucher, maître d’œuvre de ce projet. « Les sujets sont comme ils m’apparaissent, comme je les sens. J’ai pris des photos de monsieur Brickell et on m’a fait parvenir celle de madame Raymond que je ne pouvais rencontrer. De là a commencé une belle aventure », explique l’artiste peintre.
Elle affectionne tout particulièrement une technique importée des États-Unis, nommée Urban sketching qui se traduit ainsi : exécution d’esquisse ou de croquis de ville. Ainsi donc, immortaliser ses deux modèles ne fut pas une tâche insurmontable pour elle étant, de surcroît, portraitiste.
Mickey Brickell, l’homme aux mille métiers
Cet Américain devenu Annelacois il y a environ 40 ans, fier de s’entretenir en français, a été surpris d’être choisi pour un tel projet qui ne concernait, d’après lui, que les résidents originaires de la Municipalité. Pourtant, faire partie d’une communauté depuis 40 ans relève une certaine importance.
Chimiste de formation, il délaissa ses laboratoires et fut, tour à tour, à l’emploi du ministère de l’Environnement et, plus tard, du port de Montréal comme inspecteur de cargaison des gros bateaux. Pourtant ce surnom « d’homme aux mille métiers » lui revient de droit puisqu’il s’est intéressé très jeune au métier de tisserand.
Ne pouvant vivre de cet art, il a dû délaisser son métier à tisser à maintes reprises, voire même le vendre pour y revenir sans cesse. Son cœur et ses mains recherchaient, continûment, le contact du cadre de bois de son métier et des fils à tisser. Pour lui, il n’y avait pas de vie possible sans lui : « Sylvie voulait peindre une barbe. L’autre condition fut d’y inclure une partie de mon métier à tisser. »
Mickey se targue de dire qu’il est à la retraite, un mot qu’il a banni de son vocabulaire, car depuis 26 ans, il est l’arroseur en chef des plantes à la pépinière Lorrain devenue Jardin Dion, à Sainte-Anne-des-Lacs.
Assis bien droit dans sa serre entourée de sa centaine de plantes, dont certaines très exotiques, ses yeux bleus fixés, quelque peu, dans le vide, Mickey parle de son métier à tisser et de sa vie de hippie qui lui ont permis d’être un homme aux mille métiers.
Janine Raymond, femme aux multiples talents
Le deuxième modèle de Sylvie Pâquet fut celui de Janine Raymond, qu’elle n’a pu rencontrer pour des raisons de santé.
La famille Raymond fait partie d’une famille souche de Sainte-Anne-des-Lacs. Janine et Léon, son mari, sont nés dans cette municipalité, en 1932. Claude Boyer, ancien maire de la place, frère de Janine, épousa, également, une dame Raymond. Selon certaines histoires, ce mariage ne fut pas la seule union Raymond-Boyer.
Monsieur Raymond avait sa propre entreprise d’excavation et ses enfants sont fiers de mentionner qu’il a toujours travaillé pour les résidents de Sainte-Anne-des-Lacs.
Janine, quant à elle, est une digne représentante des femmes de l’époque qui ont travaillé à élever les enfants et à travailler sur une petite ferme située sur le chemin Godefroy où ils ont vécu jusqu’à tout récemment.
En plus d’entretenir les bâtiments de cette petite ferme, Jeanine Boyer était une adepte de l’artisanat, du tissage et du vitrail. D’ailleurs, ses tapis tissés se sont souvent retrouvés sur le plancher de certaines demeures annelacoises.
Janine a trouvé très flatteur qu’une artiste peintre fasse son portrait. Elle connait les exigences d’un tel ouvrage, elle qui aimait peindre dans ses moments de loisir.
L’artiste et ses modèles
Selon Sylvie Pâquet, elle ne pouvait pas souhaiter de meilleurs modèles : « Les salopettes, les yeux bleus de Mickey, quoi de mieux pour une portraitiste. Un doux visage, simple avec des traits précis et bien découpés comme celui de Janine n’apportait que facilité et plaisir. »
Lors de l’exécution d’un portrait, elle commence toujours par les yeux parce qu’ils donnent l’expression, le point de départ. Elle se disait bien servie par les yeux bleus de Mickey et les yeux songeurs de Janine.
« Quand on parle à quelqu’un, on le regarde toujours dans les yeux, il en va de même pour un portrait. Nos yeux se dirigent immédiatement vers les yeux du modèle. On dirait que si les yeux sont réussis, le reste suit tout seul », précise Sylvie.
Au départ, monsieur Brickell se refusait d’accepter les toiles soi-disant qu’elles appartenaient à l’artiste peintre. Cependant, il se ravisa à la vue de la toile sur laquelle était représenté son métier à tisser.
Quant à Janine, qui a vu une photo du portrait, elle le trouve conforme à la réalité. Pour elle, c’est une belle réussite. N’ayant pas encore reçu la toile, elle a hâte qu’elle aille rejoindre les autres souvenirs des bons moments passés sur la petite ferme du chemin Godefroy.
Notez que les œuvres des artistes peintres qui ont participé au projet Portraits des ainés , ont récemment fait l’objet d’une exposition au Centre communautaire de cette municipalité dans le cadre des Journées de la culture.