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Tricentris, employeur de l’année Prix de l’employeur de l’année, catégorie « Attraction et rétention de la main-d’œuvre »
Émilie Corbeil – Le 14 mai dernier, la Coopérative Tricentris s’est vue décerner le prix de l’employeur de l’année dans Argenteuil dans la catégorie « Attraction et rétention de la main-d’œuvre ». En entrevue avec le Journal, Joey Leckman, président du conseil d’administration, a donné plus de détails sur les conditions de travail, les défis et les ambitions de l’organisation.
Au-delà du salaire
Si, chez Tricentris, on a récemment augmenté de 3 $ de l’heure tous les salaires des employés d’usine, on ne se contente pas de mieux payer. En effet, monsieur Leckman a précisé que la vision des ressources humaines de la coopérative ne s’arrête pas là.
Ainsi, on fait plein de petits gestes qui ont un gros impact sur la qualité de vie au travail : on organise des journées de troc. Deux fois par année, les employés se voient offrir un changement de pneus directement sur le site. Ils ont accès à un potager pour avoir des légumes frais, à un programme de santé et de mieux-être, à un compte de gestion santé de 400 $ par an. Ils se voient offrir un lunch tous les mois et chaque fois qu’une occasion de célébrer se présente. Des BBQ sont organisés en été. Il y a aussi les tirages, les bonus, la flexibilité des heures de travail, et on en passe.
Malgré tout, il demeure difficile de recruter au centre de tri : « C’est un travail très physique, très demandant ». À ce sujet, monsieur Leckman tient mordicus à emboîter le pas sur un autre élément capital dans le bien-être des employés d’usine du centre de tri : la qualité des matières qui leur sont envoyées. « Tous les employés du centre de tri ont vraiment leur travail à cœur. On n’en revient pas de trouver, chaque jour, des couches souillées et des animaux morts sur la ligne de tri. On le rappelle chaque fois qu’on peut, par respect pour nos employés, il ne faut pas mettre de telles choses dans les bacs de recyclage. Si on veut prendre soin de nos trieurs, il faut leur envoyer de la belle matière ».
Mission difficile
La discussion se poursuit, plusieurs rappels sont à faire. Il y a deux questions à se poser avant de mettre quelque chose au bac :
1. Est-ce que l’objet que je veux mettre dans mon bac de récupération est en papier, en carton, en plastique, en verre ou en métal ?
2. Est-ce que l’objet en question est un contenant, un emballage ou un imprimé ?
Si la réponse à l’une ou l’autre de ces questions est non, alors ça ne va pas au recyclage. Déjà, en se posant ces deux questions, on évite la plupart des désagréments qui sont le fait du quotidien des trieurs : « Les cassettes VHS, par exemple, sont une horreur sur la ligne de tri. Le ruban se prend partout et on doit tout arrêter. ».
Chez Tricentris, on a même vu des vieilles grenades et des bombes antipersonnel, que les gens conservaient comme souvenirs et dont ils souhaitent se départir. Le centre de tri est forcé, quelques fois par an, d’appeler les services spécialisés pour de tels objets dangereux négligemment mis au bac.
Dans la première fin de semaine de juillet, une simple pile mise au bac a d’ailleurs causé un incendie majeur au centre de tri de Gatineau. Heureusement, aucun employé n’a été blessé. Les dommages se chiffrent toutefois en centaines de milliers de dollars.
Sur la ligne de tri, on reçoit des piscines, des boyaux d’arrosage, des tonnes d’éléments qui ne se recyclent pas et qui doivent reprendre le camion vers un site d’enfouissement, augmentant par le même fait les émissions de GES. Tout cela mine le moral des troupes.
« Nos employés sont des héros de la société. La ligne de tri n’a jamais arrêté pendant la pandémie. Le recyclage est un service essentiel qui n’a jamais été applaudi » – Joey Leckman, président du conseil d’administration.
Vers l’innovation
Joey Leckman, à son entrée en poste à titre de président du conseil d’administration, s’est donné deux missions : améliorer les conditions de travail et investir en recherche et développement.
Maintenant que plusieurs matières font l’objet de pénurie sur le marché depuis la pandémie, le coût des matières recyclées a augmenté. Une bonne chose pour la coopérative, qui souhaite profiter de ce contexte pour innover.
Monsieur Leckman explique d’ailleurs que cette hausse d’intérêt pour les matières recyclées risque fort de durer puisque les matières premières se font de plus en plus rares. « On voit un lien clair entre la diminution de disponibilité de la matière et l’augmentation des prix de la matière recyclée, malgré que les prix soient très volatils ».
Dure mission toutefois, que celle de l’innovation, à une période où les équipements font également les frais de la pénurie. « On souhaite acheter un nouveau compacteur pour nous permettre d’apporter les déchets aux sites d’enfouissement prochainement. Il s’agit d’un investissement de plusieurs centaines de milliers de dollars mais qui va permettre d’éviter beaucoup d’émissions de gaz à effet de serre. On aimerait acheter des bras d’intelligence artificielle, des yeux optiques, mais ils ne sont actuellement pas disponibles sur le marché ».