- Intronisation de grandes skieuses - 22 novembre 2024
- L’arbre dit à la rivière… - 22 novembre 2024
- La Grande Descente - 18 octobre 2024
Hommage aux femmes canadiennes dans le ski
Carole Bouchard – Le 19 octobre dernier se tenait au Sommet Saint-Sauveur une cérémonie d’intronisation de plusieurs femmes canadiennes qui se sont démarquées dans leur sport.
En ouverture, le président du Musée du ski des Laurentides, Guy Thibodeau avouait se sentir privilégié de présenter ces femmes en mentionnant : « Il est temps que les réalisations des femmes soient pleinement reconnues, non seulement pour leurs victoires, mais aussi pour les barrières qu’elles ont brisées. »
De 1956 à aujourd’hui
Le témoignage de Lucile Wheeler, aujourd’hui âgée de 89 ans, évoque bien la détermination et la passion de pratiquer son sport envers et contre tous. Lucile Wheeler a été la première médaillée olympique canadienne en ski alpin, médaillée de bronze en 1956 et double médaillée d’or en descente et slalom; et en 1958, Championne du monde. En prenant la parole, elle nous confie que malgré les médailles qu’elle a gagnées, au retour à la maison, à cette époque, elle était seule responsable de son entraînement en hiver comme en été, seule pour trouver ses transports et ses commanditaires, seule pour s’inscrire aux courses internationales et en plus, il arrivait souvent que les pentes de ski n’avaient même pas de remontée mécanique. Ce témoignage a beaucoup ému Laurence St-Germain qui a pris la parole après madame Wheeler. « J’ai été couronnée Championne du monde en slalom en 2023, c’est-à-dire 65 ans après la victoire de madame Wheeler. Jamais je n’avais imaginé les conditions dans lesquelles une skieuse se trouvait à cette époque et qu’il n’existait pas d’équipe nationale. » Elle réalise et apprécie tout le soutien dont elle bénéficie pour sa carrière. Plus tard dans la soirée, lorsque Marie-Claude Asselin a pris la parole, elle a tenu à s’adresser à madame Wheeler, car pour elle aussi dans les années 1980 en ski acrobatique, la situation des athlètes n’avait pas beaucoup évolué, que ce soit l’organisation des compétitions ou l’entretien des pistes. Marie-Claude Asselin s’est démarquée rapidement en ski acrobatique. Elle est sacrée triple championne des sauts à la Coupe du monde, de 1981 à 1983, et double championne du combiné à la Coupe du monde en 1981 et 1982.
Mélanie Turgeon «En se relevant, on devient toujours un peu plus fort»
C’est le skieur Erick Guay qui a présenté la première intronisée, soit Mélanie Turgeon, Championne du monde de descente en 2003. Celle-ci nous raconte qu’il y a deux femmes qui ont exercé une influence dans son choix de carrière : il y a eu Laurie Graham (olympienne aux Jeux de 1980, 1984 et 1988) qu’elle rencontre à l’âge de huit ans, qui a été sa première source d’inspiration et, huit ans plus tard, Kate Pace en 1993 qui, malgré un poignet cassé, gagne la médaille d’or en descente aux Championnats du monde au Japon. Elle se souviendra bien plus de sa détermination que de cette médaille.
Les sœurs Firth pionnières pour les athlètes autochtones
Les sœurs jumelles Shirley et Sharon Firth, membres de la Première nation gwich’in, on fait partie de la toute première équipe olympique féminine canadienne de ski de fond. Elles dominent la compétition de ski de fond au Canada de la fin des années 1960 jusqu’au milieu des années 1980. Sharon est maintenant âgée de 71 ans, et sa sœur Shirley, décédée en 2013. En 2018, la Société canadienne des postes a émis un timbre en l’honneur des sœurs Firth reconnaissant la contribution exceptionnelle comme championne des sports d’hiver. Cela fera dire à Sharon que dans les Territoires « les seuls timbres que nous avions étaient de la reine Elisabeth, mais que maintenant nous avions deux reines dans notre territoire ». C’est Nancy Greene qui a pris la parole en virtuel pour annoncer leurs intronisations. Madame Greene est la skieuse canadienne en slalom ayant remporté le plus grand nombre de victoires en coupe du monde, tout sexes confondus en 1967 et 1968.
Justine, Chloé et Maxime Dufour-Lapointe intronisées
Les trois sœurs Dufour-Lapointe, les entendre raconter leur histoire à tour de rôle a été un moment très émouvant. Chloé raconte que c’est Maxime qui, la première, décide de faire du ski acrobatique; ses deux sœurs Chloé et Justine vont suivre. Leurs parents vont laisser tomber leurs expéditions familiales en voilier pour se consacrer au sport de leurs filles. Lorsqu’ils étaient au chalet dans les Laurentides, c’est même leur père qui fabriquait des sauts dans la pente du terrain et les filles faisaient des sauts « qu’elles n’avaient pas le droit de faire », nous a révélé Chloé en riant. Toutes ces médailles gagnées en ski acrobatique depuis 2016 aux Jeux olympiques ou en Coupe du monde, elles considèrent qu’elles ont pu les gagner grâce au soutien de leurs parents et de leurs entraîneurs. Chloé leur est très reconnaissante et en profite pour s’adresser aux jeunes sportifs dans la salle en leur disant de faire ce qu’ils aiment et d’écouter leur cœur.
Justine rappelle l’importance de l’entraide entre femmes qui a fait toute la différence dans sa carrière «Sans elles, mes sœurs, je ne serais pas ici ce soir ! »
Maxime a pris sa retraite en 2018, elle nous parle de tout ce bagage accumulé au cours de ces nombreux voyages, les souvenirs « qui va faire de moi, je crois, un bien meilleur médecin ! ». Elle rappelle l’implication de leur mère décédée en mars dernier, «notre ski mom» qui nous disait ceci : « On ne réalise rien de grand qui n’ait d’abord été bercé par un rêve.»
La soirée s’est terminée en rendant hommage à toutes ces femmes pionnières qui, dans l’ombre, ont géré des écoles de ski, entraîné de nombreuses skieuses ou qui n’ont pas compté les heures données afin d’accompagner leurs enfants sur les pentes.
Les remises de prix étaient faites par de jeunes skieuses de la région, un geste judicieux considérant l’importance accordée aux rencontres avec leurs idoles que nous avait dévoilée les récipiendaires au cours de cette soirée !