Lacs Caron et Johanne à l’étude

Journal des citoyens - lac johanne caron
Jacinthe Laliberté
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Les citoyens ne se découragent pas

Jacinthe Laliberté – La Municipalité de Sainte-Anne-des-Lacs porte bien son nom. Ses nombreux lacs en font foi. Le Conseil régional de l’environnement des Laurentides (CRE Laurentides) en dénombre tout près d’une trentaine.

Se préoccuper de la qualité de l’eau des lacs et des milieux humides n’est pas une sinécure. À Sainte-Anne-des-Lacs, des citoyens ont décidé de prendre en main la santé de leur lac respectif et de passer à l’action. Deux lacs, deux problématiques différentes. Les lacs Caron et Johanne devinrent, de par leurs caractéristiques atypiques, des sujets de recherche qui contribueront, peut-être un jour, à intervenir sur d’autres lacs.

Un premier champ de recherche

Le lac Caron est un petit lac artificiel avec peu de profondeur. D’après les résultats obtenus du Réseau de surveillance volontaire des lacs (RSVL), ce lac est à un stade avancé d’eutrophisation et des mesures d’intervention doivent y être apportées pour limiter les apports de matières nutritives issues des activités humaines (Site du ministère de l’Environnement et de la Lutte conte les changements climatiques (MELCC)).

Les riverains étaient à la recherche de solutions. Il devenait important de ralentir ce processus de vieillissement. Ce lac était un excellent champ de recherche, selon Catherine Mulligan, détentrice d’un doctorat en géo environnement, professeure et en charge d’une chaire de recherche en géo environnement durable ainsi que directrice de l’Institut de l’eau et énergie et systèmes durables de l’Université de Concordia.

Recherche axée sur la filtration de l’eau

Initiatrice de ce projet de recherche, Catherine déposa, en 2014, une demande de subvention au Conseil de recherche en sciences naturelles et génie du Canada. La participation, non moins importante, d’une compagnie canadienne spécialisée en géotextile qui désirait expérimenter des filtres spéciaux, permit de concrétiser le projet. « Ne peut intervenir en littoral quiconque ne détient un permis municipal ou ministériel. Aucun citoyen ou organisme ne peut jouer dans le littoral sans autorisation. Travailler en étroite collaboration avec les services impliqués de la Municipalité est indispensable, car je ne peux accorder un permis sans connaître tous les rouages d’un tel projet », certifie Jacqueline Laporte, directrice du service de l’Environnement.

D’ailleurs, de nombreux échanges, entre Catherine Mulligan et Mme Laporte sont à l’origine de cet appui municipal. Des démarches similaires furent faites avec les responsables de la MRC des Pays-d’en-Haut pour fins d’obtention du certificat d’autorisation du ministère de l’Environnement.

Après l’obtention des autorisations, un système contrôlé avec les filtres spéciaux a pu être installé dans un bassin placé sur la rive dans lequel l’eau du lac était pompée. Les données analytiques appuyées des résultats des prélèvements d’eau et de sédiments, effectués chaque deux semaines et traités en laboratoire, furent très probants.

Un deuxième lieu d’expérimentation

Les résidents du lac Johanne qui travaillaient d’arrache-pied, depuis quelques années, pour ralentir le processus d’eutrophisation de leur lac, voulaient adhérer aux mesures d’intervention suggérées par le RSVL. Ils firent donc des pressions pour que leur lac devienne le deuxième champ d’expérimentation.

À la recherche de réponses, les riverains ont mis tous leurs espoirs dans la réalisation de ce projet. Selon Catherine Mulligan, ces deux lacs artificiels présentaient des caractéristiques très différentes, ce qui permettait pour les fins de la recherche de recueillir des données distinctes pour un même champ d’expérimentation.

Après six ans de tests sur le terrain et d’analyses en laboratoire au lac Caron et trois au lac Johanne, les citoyens ne se découragent pas. Le projet se poursuit en force pour trois années consécutives grâce à l’obtention d’une autre subvention, et ce, à la grande satisfaction des riverains. La détermination de ces derniers prouve, hors de tout doute, qu’il y a toujours une lueur d’espoir et qu’il ne faut pas baisser les bras, particulièrement lorsqu’il est question de la sauvegarde de nos lacs.

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Le protoptype de ce fameux projet de filtration des eaux installé, par les spécialistes, sur la rive des lacs. – Photo : Catherine Mulligan
À partir des analyses recueillies pendant trois ans, un deuxième filtre, un deuxième prototype, mais de conception plus imposante, dans lequel la responsable de la recherche, Catherine Mulligan, fonde beaucoup d’espoir. – Photo : Catherine Mulligan

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