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Sauvegarde ou destruction des constructions anciennes ?
Lyne Gariepy – Dans les actualités locales, dernièrement, plusieurs bâtiments anciens ou patrimoniaux des Laurentides ont fait la manchette par l’annonce de leur démolition. Que ce soit le Manoir des Pays-d’en-Haut de Sainte-Adèle ou le Centre culturel de Prévost (anciennement une école anglophone), ces annonces ont soulevé la question de la sauvegarde du patrimoine. Quels sont les lois et règlements qui permettent la sauvegarde ou la destruction des constructions anciennes ?
Plusieurs citoyens, de plusieurs villes, ont vu l’histoire se répéter de multiples fois : le propriétaire d’un bâtiment ancien laisse le temps faire son œuvre sur son bien, sans entretien, attendant l’autorisation de démolition. Parfois par manque de moyens, parfois par négligence volontaire, pour pouvoir reconstruire plus neuf et plus rentable, comme des logements ou des condos.
C’est entre autres pour cela que le ministère de la Culture et de la Communication (MCC) a créé, en 2021, la Loi sur le patrimoine culturel, selon Geneviève Sénécal, responsable de la région des Laurentides, Lanaudière et Laval. Cette loi a pour objet de favoriser la connaissance, la protection, la mise en valeur, et la transmission du patrimoine culturel. Cela inclut les bâtiments, mais aussi les monuments, entre autres. Afin de ne pas perdre davantage de joyaux de notre histoire, le gouvernement a tout d’abord demandé aux Municipalités de réaliser un inventaire pour déterminer quels immeubles, parmi ceux construits avant 1940, ont une valeur patrimoniale. Les villes ont jusqu’au 1er avril 2026 pour réaliser cet inventaire.
Tant que l’inventaire n’est pas fait, les demandes de démolition pour toute construction datant d’avant 1940 doivent être soumises au MCC. Québec a ensuite 90 jours pour donner son avis.
Et pour le Centre culturel de Prévost, anciennement l’école anglophone de Shawbridge, qu’en est-il ? La nouvelle de sa démolition prochaine ayant été annoncée il y a quelques mois déjà par la Ville, votre journaliste a donc voulu savoir si la demande avait été faite auprès du MCC. Geneviève Sénécal ayant confirmé l’absence de demande de démolition pour ce bâtiment, en date du 11 mars 2024, et ne voulant laisser aucun point en suspens, la question fut posée par votre journaliste à la séance du conseil municipal de la Vlle de Prévost ce même 11 mars : « Pourquoi la Ville de Prévost n’a-t-elle pas encore fait de demande d’autorisation de démolition auprès du MCC ? » La réponse du maire Paul Germain : « Simplement parce qu’il n’y a pas encore de projet accepté. C’est certain que quand on va voir un projet qui nous satisfait, qui s’en vient, on va faire la demande. Parce que je pense que c’est important de s’assurer d’avoir un projet avant de toucher au bâtiment. […] un projet est en cours d’élaboration, mais n’est pas encore concret ». En résumé, la Ville travaille sur un projet de construction, en entente tripartite, d’accès à la copropriété, mais attend d’avoir un projet finalisé, prêt à mettre en œuvre, avant de faire sa demande d’autorisation auprès du ministère de la Culture et de la Communication.
Une belle initiative de la part du ministère de la Culture et des Communications, que cette loi sur le patrimoine culturel. Beaucoup de constructions anciennes au Québec ne sont pas reconnues pour leurs valeurs patrimoniales et, de l’avis même de Geneviève Sénécal, ce n’est pas le travail pour les recenser et les reconnaître qui risque de manquer ! Mais malheureusement, il aura été trop tard pour certaines !