«Reconstruire ensemble»

John Dalzell se lance dans la course à la mairie de Sainte-Anne-des-Lacs
Nicolas Michaud
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John Dalzell se lance dans la course à la mairie de Sainte-Anne-des-Lacs

Nicolas Michaud – Résident de Sainte-Anne-des-Lacs depuis 1984, ex-policier à Montréal, ancien vice-président à la gestion des risques au Canadien National et conseiller municipal au début des années 1990, John Dalzell connaît intimement sa petite localité de longue date. Réélu au conseil municipal lors d’une élection partielle en 2024, il officialise maintenant sa candidature à la mairie et a accordé une entrevue afin de présenter ses motivations.

« Après toutes ces années à observer et à participer aux affaires municipales, j’ai constaté un niveau de frustration croissant chez les citoyens. Les gens adorent vivre ici, mais ils n’ont pas l’impression de pouvoir influencer la vision du conseil municipal », explique John Dalzell. Selon lui, « le seul contact que trop de gens ont avec leur municipalité, c’est le compte de taxes », déplore-t-il, ajoutant que cela amène les citoyens à se demander : « Qu’est-ce que j’ai pour mon argent ? » C’est précisément ce constat qui l’a poussé à briguer la mairie.

Gouvernance participative et collaborative

Pour cet homme, la clé est de passer d’une gouvernance centrée sur le conseil municipal à un modèle où les citoyens participent activement à définir les priorités. « Il faut absolument arriver avec un projet de vision globale de nos infrastructures, nos loisirs, nos services, et que la population puisse dire : “Ça, c’est une priorité, ça, c’est moins urgent”. » Il souhaite aussi rompre avec l’animosité qui caractérise actuellement les débats au sein du conseil municipal, divisé en factions. « Équipe A, groupe A, groupe B. Moi, je n’aime pas ça », tranche-t-il, préférant miser sur la construction de consensus autour des priorités locales.

Dialogue démocratique

John Dalzell veut réinventer la dynamique des séances publiques du conseil municipal. Actuellement, les questions citoyennes n’arrivent qu’à la fin de la séance, après les votes, ce qui, à son avis, place le conseil municipal en position défensive et la population en posture offensive.

Il propose donc d’ouvrir les assemblées par une période de questions citoyennes, encadrée dans le temps, mais permettant aux résidents d’intervenir avant les votes. Pour lui, il ne s’agit pas d’un simple ajustement procédural, mais d’« un geste symbolique fort pour restaurer la confiance entre élus et citoyens ». En parallèle, le candidat appelle à une plus grande responsabilisation des conseillers de district, qu’il souhaite voir maintenir une conversation périodique avec les habitants. Pour ce faire, il propose d’organiser des « cafés de rencontre », soit des espaces d’échange destinés à recueillir les besoins des Annelacois et à valider les orientations municipales.

Forces vives de la communauté

Cet ancien gestionnaire insiste sur l’importance de valoriser l’intelligence collective et de préparer la relève citoyenne. Il considère que les nombreux retraités et semi-retraités qualifiés de la municipalité (avocats, juges, professeurs, cadres) constituent une ressource largement sous-utilisée. Celui-ci souhaite les intégrer davantage aux comités consultatifs et aux projets collectifs afin de rendre ces instances plus représentatives et capables d’alimenter concrètement les décisions du conseil municipal.

Transparence et planification

Pour ce candidat, le déficit de transparence du conseil municipal renforce la méfiance des citoyens. Il déplore l’absence d’explications claires sur plusieurs dossiers, notamment le programme triennal d’immobilisations (PTI), qui laisse penser que certaines décisions sont dissimulées. Il critique également l’opacité entourant des projets comme la bibliothèque municipale et le chalet du lac Loiselle : « On fait des sondages, mais on ne partage pas les résultats. On crée des attentes, puis on déçoit : ça mine la confiance. »

Concernant la bibliothèque, John Dalzell estime que ce projet, souvent annoncé, mais constamment en présélection, ne répond pas clairement aux besoins de la communauté et demeure au point mort malgré les efforts successifs des précédents conseils municipaux. Il doute d’ailleurs qu’un unique bâtiment puisse convenir à toutes les générations et propose plutôt des espaces adaptés par tranche d’âge : « des installations près des garderies pour les jeunes, un “Starbucks communautaire” pour les adultes, et des coins de lecture et de socialisation pour les retraités ».

Même son de cloche concernant les plages publiques municipales. Souvent aménagées sans concertation avec les riverains et sur des sites peu adaptés à la baignade, elles provoquent des tensions, notamment lorsqu’une servitude privée est transformée en plage publique. John Dalzell note que « l’idée qu’un riverain dédie volontairement une partie de son terrain à un accès public, ce n’est pas dans la culture d’ici ». En revanche, il salue des initiatives plus réfléchies, à l’image de celle de l’île Benoit au lac Marois, qui assure un accès respectueux tant aux résidents qu’aux visiteurs.

Discipline budgétaire

La question des finances municipales occupe une place centrale dans sa campagne électorale. John Dalzell dénonce des hausses de taxes qu’il estime à « au moins 33 % en trois ans, parfois même doublées en une seule année pour certaines propriétés », et ce, malgré un surplus budgétaire de 2,1 M$ en 2024. « Cet argent appartient aux contribuables : il faut leur donner l’occasion de dire comment il devrait être utilisé », insiste-t-il, en réclamant plus de rigueur et de transparence dans la gouvernance municipale. Sans promettre de gel ni de baisses des taxes, son approche privilégie des investissements ciblés, là où il existe des besoins réels, plutôt que des dépenses dictées par la seule disponibilité de subventions.

Services municipaux et sécurité publique

Les citoyens se tournent de plus en plus vers les services numériques pour interagir avec la Municipalité. Ce candidat appuie la modernisation des plateformes en ligne afin d’en faciliter l’accès, tout en proposant la mise en place de « comptoirs de services municipaux » dans des lieux de proximité, comme une bibliothèque ou un centre communautaire, pour accompagner les personnes moins familiarisées avec les outils numériques.

Ex-policier, il veut « renforcer nos relations avec la Sûreté du Québec » et exiger une plus grande présence policière, à la hauteur du million de dollars dépensé chaque année en sécurité publique.

Il souhaite que la SQ soit plus imputable, qu’elle participe aux réunions du conseil municipal, qu’elle présente ses plans d’intervention et ses priorités afin que la sécurité publique aille bien au-delà des simples contraventions pour excès de vitesse.

Environnement et gestion durable

John Dalzell souhaite que le plan environnemental adopté en 2021, qu’il juge « assez exhaustif », serve de véritable boussole pour les décisions municipales. Avec près du tiers du territoire annelacois encore à l’état naturel, il insiste sur la protection des forêts privées, et surtout des lacs qui sont menacés par les effets néfastes des épandages de sel et de sable sur les routes. Ce conseiller municipal propose la création d’un deuxième site d’entreposage pour ces matériaux et l’aménagement de bassins de sédiments afin de prévenir le ruissellement vers les lacs. Avec une formule percutante, il soutient que « si l’on veut rester Sainte-Anne-des-Lacs et ne pas devenir Sainte-Anne-des-Bacs, il va falloir protéger nos plans d’eau ».

L’approvisionnement en eau potable constitue aussi un enjeu majeur à Sainte-Anne-des-Lacs, où certains secteurs doivent creuser des puits de 350 à 400 pieds de profondeur. Conscient de cette réalité, John Dalzell plaide pour l’adoption de mesures de protection de la nappe phréatique, afin d’en garantir la pérennité, surtout dans le cadre de nouveaux projets immobiliers.

En ce qui a trait aux cinq barrages à forte contenance recensés sur le territoire de Sainte-Anne-des-Lacs, il estime que c’est à la Municipalité d’assumer pleinement les coûts de leur gestion et de leur sécurisation, et non aux riverains, déjà très taxés. Celui-ci propose donc une prise en charge 100 % municipale des dépenses, en rupture avec la formule actuelle qui répartit les coûts à 50/50 pour le lac Loiselle et à 70/30 pour les autres lacs.

Urbanisme, crise du logement et démographie

Pour faire face à la crise du logement, freiner l’exode de jeunes familles et faciliter l’accès à la propriété, John Dalzell se montre favorable à la construction de logements intermédiaires, tels que des duplex ou des quadruplex, afin d’offrir une solution de rechange accessible aux maisons unifamiliales devenues « bien trop chères ». Cette position résulte de ses échanges sur le terrain : « J’ai croisé de jeunes familles qui envisageaient de partir parce qu’elles ne peuvent plus payer les taxes », rapporte-t-il. Pourtant, il observe une dynamique démographique marquée avec 40 % de la population âgée de moins de 40 ans, dont la moitié est âgée de moins de 18 ans. Ce candidat s’interroge néanmoins sur la manière de « cultiver cette notion du bien collectif » dans une municipalité où la majorité des résidents, installés sur de vastes terrains, se disent déjà « bien chez eux » et ne ressentent pas un besoin pressant d’espaces communautaires partagés.

Leadership et philosophie politiques

John Dalzell revendique une approche fondée sur le travail d’équipe, la rigueur et la responsabilité : « Je ne suis pas tolérant des gens qui acceptent des postes, puis qui ne livrent pas la marchandise. » Contrairement aux tendances actuelles, il rejette l’idée de partis politiques municipaux. « Je ne crois pas aux équipes au niveau local : il faut que les candidats se présentent comme indépendants », affirme-t-il, favorisant les candidatures individuelles plutôt que celles rattachées à des partis politiques.

À l’approche des élections, Dalzell lance un appel à l’implication citoyenne. Il invite les résidents, permanents comme villégiateurs à « prendre le temps de communiquer avec les candidats, de partager leurs attentes. On a une qualité de vie privilégiée et une richesse humaine énorme ici. On doit la reconnaître et la célébrer », conclut-il.

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