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Jacinthe Laliberté
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La vivipare chinoise s’installe dans le lac

Jacinthe Laliberté – Qu’est-ce donc que cette nouvelle venue qui s’infiltre insidieusement dans nos lacs ? Depuis le début du printemps, elle se fait de plus en plus connaître à Sainte-Anne-des-Lacs. D’où vient-elle ? Quels sont ses traits distinctifs ? Et surtout quels sont les impacts de sa venue dans les plans d’eau des bassins versants ? Voici donc la vivipare chinoise. 

Lors d’un forum sur les espèces aquatiques exotiques envahissantes (EAEE) qui a eu lieu à Sainte-Adèle au printemps dernier, les membres présents d’ABVLACS ont été très surpris de voir un nombre incroyable de points rouges sur une carte répertoriant les lacs des Laurentides et de Lanaudière infectés par la vivipare chinoise. La Municipalité de Sainte-Anne-des-Lacs n’étant pas épargnée, les lacs Guindon et Marois faisaient partie de cette cartographie.

Bien la connaitre pour mieux agir ?

La vivipare chinoise est un gros escargot vivant en eau douce. L’aquariophilie, les jardins d’eau ainsi que les activités nautiques sont les principaux vecteurs de sa propagation. Encore une fois, l’activité humaine est la cause de l’apparition du vivipare chinois dans les plans d’eau du Québec.

Certains biologistes la surnomment l’escargot brun, et ce, même si sa couleur va du vert olive au brun verdâtre ou même rougeâtre. Ce surnom, ainsi que ses six à sept tours séparés par des sutures proéminentes rendant sa coquille sphérique très épaisse, la distingue de l’espèce indigène.  

La vivipare chinoise vit dans les étangs, marais, rivières, lacs et canaux d’irrigation, donc dans les zones de moins de 3 m de profondeur, là où la circulation d’eau est lente et les fonds couverts de boue ou de limon. 

Seuls les experts sont capables de la différencier de l’espèce indigène d’où l’importance de ne pas céder à la tentation de la retirer de l’eau pour en faire un petit compagnon de vie. D’ailleurs, cet aspect d’importance sera traité dans la section « Que doit-on faire avec cette intruse ? ». 

Un geste de l’humain mis en cause

Cet escargot d’eau douce est originaire de l’Asie de l’Est. Elle a été introduite illégalement en Amérique du Nord par des adeptes de l’aquariophilie et découverte au Québec en 1970. 

La vivipare chinoise s’est souvent retrouvée accidentellement ou volontairement dans l’eau des lacs, des rivières ou des ruisseaux par des propriétaires d’aquarium et de jardins d’eau qui voulaient se débarrasser d’escargots qui s’étaient multipliés ou tout simplement pour vidanger et nettoyer leur aquarium. Selon les informations tirées de nombres de sites, cet escargot peut atteindre de fortes densités de population. Une femelle aura plus de 150 bébés au cours de sa vie. 

Les populations de vivipares chinoises affectent, notamment, la diversité des plantes et des algues qui poussent dans son habitat, elles modifient la qualité de l’eau en affectant le cycle du phosphore et de l’azote et contribue, finalement, à diminuer la quantité de nourriture disponible.

« L’union fait la force », semble-t-il. Ne devrait-on pas plutôt dire : « Le nombre fait la force ».  Dans le cas de la vivipare chinoise, les deux expressions lui siéent bien, car il devient une nuisance par son agglomération le long des rives. 

Leurs coquilles peuvent devenir incommodantes lors de la baignade et l’odeur nauséabonde des escargots morts éloignerait n’importe quel humain de la zone infectée. Il est tenace et s’adapte à diverses conditions. Par exemple, il peut supporter les hivers rigoureux québécois et les périodes de sécheresse estivales.

Ne pas retirer, mais signaler 

« Surtout, il ne faut pas la retirer de l’eau. », de mentionner Mathieu Langlois, directeur de l’Environnement de Sainte-Anne-des-Lacs, lors d’une séance de travail avec l’ABVLACS. 

L’idée sous-jacente à ce message est fondamentale : « Le but est de localiser et suivre l’évolution de la population afin de pouvoir intervenir efficacement, tout en s’assurant de retirer la bonne espèce. Il est, donc, illégal de retirer une quantité importante de vivipares chinoises de l’eau sans un permis ministériel. »

L’important, selon lui, est de vraiment suivre l’évolution de cet escargot pour cumuler le plus d’informations possible dans le but de planifier et consolider les actions à venir. Les services d’un biologiste spécialiste dans ce domaine vont s’avérer nécessaires, notamment, pour confirmer ou infirmer la présence de vivipare dans les fonds des lacs ou des ruisseaux de Sainte-Anne-des-Lacs et permettre un suivi plus précis des populations. 

L’ABVLACS et la Municipalité en action

La cartographie – À partir d’une première des données recueillis au cours de l’été par les citoyens et les Sentinelles des lacs d’ABVLACS, Mathieu Langlois élaborera, à la fin de l’automne, une cartographie de la propagation de la vivipare. Il est à noter que certains endroits ont déjà été répertoriés par l’agent de liaison Shayan Lafrance, lors de la prise des mesures du périphyton sur le lac Marois durant l’été. 

Avec les belles journées d’automne déjà annoncées, il est encore possible de procéder à des signalements via le formulaire disponible sur le site internet de la Municipalité (section permis et formulaire) ou par courriel au directeur de l’Environnement.

Présence d’un biologiste – La présence d’un biologiste expert dans ce domaine sera un élément essentiel d’où le besoin de soumettre un dossier bien étoffé au ministère de l’Environnement pour obtenir une accréditation à laquelle se rattache, sans contredit, une subvention.

Le directeur de l’environnement fait aussi mention de la possibilité d’une collaboration avec le CRE Laurentides (Conseil régional de l’environnement des Laurentides) et l’Organisme de bassin versant de la rivière du nord (ABRINORD) pour soutenir l’ABVLACS et la Municipalité dans leurs démarches. 

Contrôle de la population – « L’implication d’un biologiste nous permettra de nous pencher sur le contrôle de la population. Il va sans dire que nous n’arriverons jamais au nombre « 0 », d’expliquer Mathieu Langlois.

Selon les recommandations du biologiste, il y aura un suivi de l’évolution de la vivipare ou une mise en place des procédures pour retirer les populations de vivipares chinoise en respectant les normes environnementales. 

S’informer avant de réagir

Pour l’instant, selon les données recueillis cet été, la présence de la vivipare chinoise dans les lacs Guindon et Marois de Sainte-Anne-des-Lacs n’affecterait pas les différents usages de l’eau de ces lacs selon monsieur Langlois.

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