La politique municipale

Nicolas Michaud
Les derniers articles par Nicolas Michaud (tout voir)

Sous la loupe de Rodolphe Parent

Nicolas Michaud – Rodolphe Parent, président bénévole de la Ligue d’action civique et diplômé d’une maîtrise en science politique à l’Université de Montréal, s’est entretenu brièvement avec le Journal des citoyens.

Lorsqu’il justifiait son choix d’entamer une maîtrise en science politique en 2017, l’ancien étudiant répondait qu’il tenait absolument à « travailler sur un sujet très spécifique : la corruption dans les municipalités ». Il faut dire qu’après le dépôt du rapport final sur la commission Charbonneau, ayant pour objectif d’enquêter sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction, deux ans plus tôt, notre invité se trouvait exactement dans son élément. C’est d’ailleurs ce qui l’a conduit à participer au Comité public de suivi des recommandations de la Commission Charbonneau en tant que rédacteur et attaché de presse. De plus, en collaborant au sein la Ligue d’action civique à travers la rédaction ainsi que la présentation en commission parlementaire de mémoires sur plusieurs projets de loi portant sur les municipalités en termes de financement politique, de redéfinition des relations Québec-municipalité, d’accroissement de leur autonomie et d’élargissement de leurs compétences, il a su peaufiner sa connaissance du milieu municipal.

Réflexion théorique

C’est à partir d’un papier gribouillé en 2017 qu’il nous propose de se prêter à un petit exercice intellectuel : imaginer que l’Assemblée nationale du Québec soit gérée comme un hôtel de ville québécois, une sorte de Mairie nationale du Québec.

D’abord, à l’instar des conseillers municipaux, les députés ne seraient pas mis au courant sur la gestion de l’État québécois. Ces derniers deviendraient entièrement assujettis à la relation, bonne ou mauvaise, qu’ils entretiennent avec le Premier Ministre — ou le Premier Maire si vous préférez. 

Ensuite, l’adoption des projets de loi serait bien différente. Ceux-ci seraient rédigés par des fonctionnaires et non par des élus. Par la suite, alors que ces projets de loi devraient normalement être présentés devant tous en commissions parlementaires, ils ne seraient exposés qu’au caucus du parti au pouvoir avant d’être expédiés à la Mairie nationale. Si, par chance, un quelconque projet de loi serait envoyé en commission, les députés — ou les conseillers provinciaux — de l’opposition devraient se contenter de poser des questions sans avoir la possibilité d’apporter des amendements au projet. Les députés seraient généralement amenés à ratifier des projets de loi qu’ils n’auraient pas le temps de débattre et sur lesquels ils n’obtiendraient l’information que peu de temps avant de voter.

De plus, contrairement à ce qui se passe actuellement à l’Assemblée nationale, seraient uniquement présents les députés du parti au pouvoir — ou les quelques chanceux de l’opposition qui sont appréciés par le Premier Maire — au cœur des commissions dans ce Québec-Ville. À cet effet, dans cette réalité parallèle, le rôle des députés de l’opposition ne serait pas valorisé puisque peu de ressources leur seraient allouées pour analyser correctement tous les projets de loi soumis.

Quant au budget déposé par cette Mairie nationale, il pourrait être présenté sous une forme incompréhensible peu de temps avant son adoption à l’ensemble des conseillers provinciaux. Ce budget ne serait pas étudié aussi rigoureusement qu’il l’est actuellement à l’Assemblée nationale sous la loupe des spécialistes politiques, sociaux et économiques.

Sur la question sensible du quatrième pouvoir, celui des médias, jugés essentiels pour garantir la reddition de comptes des élus face à leur électorat, la situation serait fort différente. À la Mairie nationale, les médias d’information seraient habituellement absents en raison du manque de financement qui leur serait accordé pour couvrir la politique de l’État québécois… à l’image du manque criant d’argent dont souffrent un bon nombre de journaux locaux et régionaux.

Bref, cette façon de gérer une administration serait contraire aux principes démocratiques que sont la transparence, l’imputabilité et l’éthique selon l’expertise de Rodolphe Parent.

print