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Avec Darius et Tatie
Lyne Gariepy – Pour les enfants, l’âge des gens et des choses sont difficiles à jauger. Comme ils sont tout neufs, ils n’ont pas les références pour comprendre ce que représentent 40 ans ou 200 ans. Ce qui donne parfois lieu à de drôles expressions.
Cet été, nous avons eu le plaisir de partager des vacances en famille dans la ville de Québec et ces environs. Nous avons donc visité, avec Darius, des musées, dont celui des plaines d’Abraham. Une journée fut consacrée à l’île d’Orléans, où nous avons visité la maison Drouin.
La maison Drouin est une résidence rurale d’inspiration française érigée en 1729. L’aménagement intérieur, ainsi que plusieurs éléments, évoque le mode de vie d’une famille d’agriculteurs aux XVIIIe et XIXe siècles. Le genre de visite que moi, j’aime faire, étant une passionnée du patrimoine architectural bâti. Mais est-ce que Darius, 5 ans, aurait suffisamment d’intérêt pour une visite complète d’une heure ? Là était la question.
Alors que les autres membres de notre groupe choisissent de faire la visite libre, Darius et moi choisissons le tour guidé sur une tablette. Il y a des icônes (27 en tout) qui nous expliquent, par des petits clips, l’utilité de chaque objet ou élément architectural, et l’intègrent dans l’histoire de la maison et du Québec. Darius suit avec sérieux chacun des numéros. Après 15 minutes, les autres ont fini leur tour. Darius reste concentré et nous poursuivons la visite. Après 45 minutes, voyant les autres nous attendre sous la pluie, je tente de sauter quelques icônes, mais je me fais vite ramener à l’ordre par Darius : « Tatie, on a manqué les numéros 14, 15 et 16 ! Je vais vérifier pour voir si on n’en a pas oublié un autre ! » Et Darius de refaire le tour avec sa tablette en recomptant chacun des numéros!
Après 75 minutes, la visite de la maison est presque terminée, lorsque Darius me demande : « Tatie, la maison est vieille, mais elle est vieille comment ? » Et moi de lui répondre : « La maison a 294 ans. Il y a eu sept générations de gens qui l’ont habitée. Plutôt, la maison a quatre fois la vie de Papi ou Mamie. » « Toute leur vie, depuis qu’ils sont bébé jusqu’à maintenant ? », me dit-il. « Oui, quatre fois toute leur vie, mon grand. »
Nous finissons le tour, et alors que nous remettons la tablette à la préposée de l’accueil, elle nous dit que c’est la première fois qu’elle voit un enfant de cet âge compléter la visite avec la tablette, et qu’elle est surprise de l’intérêt et de la concentration de Darius dans ce parcours. En sortant, je demande à Darius s’il a aimé ça, et lui de me répondre : « Oui Tatie! Est-ce qu’il y a autre chose à visiter ici ? »
Le lendemain matin, nous planifions la journée en déjeunant, et je suggère une autre maison à visiter à Québec. Et Darius de me demander : « Tatie, cette maison, elle a quel âge en années humaines ? Mais cette fois-ci, en années de Mémé, tu sais notre voisine, qui est très vieille ? » Dorénavant, dans notre famille, l’âge des choses anciennes est évalué en années humaines, à ne pas confondre avec les années de chiens ! Mais ça, c’est une autre histoire !