Duo Vivo, émouvant

Roxanne Sicard et Richard Zheng forment un couple dans la vie et un duo sur la scène – photo Raoul Cyr
Carole Trempe
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Dans la série Jeunes Virtuoses

Carole Trempe – Dans la série Jeunes Virtuoses, Diffusions Amal’Gamme produisait Duo Vivo dans Violons Amoureux, le 23 février 2025 à la salle de spectacle Saint-François-Xavier de Prévost. Deux violons sous un même toit.

Roxanne Sicard et Richard Zheng forment un couple dans la vie et un duo sur la scène. Roxanne joue sur un violon italien créé à Naples en 1771 par le luthier Ferdinando Gagliano. Richard joue sur un violon italien conçu à Bologne en 1729 par Niccolò Amati. Deux instruments italiens qui parlent la même langue, le lyrisme.

Ces artistes démontrent une grande complicité entre eux. Ce sont des musiciens talentueux qui unissent leurs forces et s’enrichissent l’un et l’autre. Ils mettent leur expérience et leur passion pour la musique au service de leur duo. Lors de la présentation des pièces du répertoire, ils complètent les phrases l’un de l’autre. Ils sont candides et rafraîchissants.

On débute avec Henryk Wieniawski (1835-1880) Caprices pour 2 violons, op.18 I. Moderato- Allegro. Les musiciens explorent la richesse harmonique et rythmique de cette composition démontrant une large palette de couleurs sonores. Le dialogue entre les violons prend une dimension presque théâtrale. Ensuite Jean-Marie Leclair (1697-1764) Sonate no 2 pour 2 violons en la majeur, op.3 I. Allegro II. Sarabanda-Largo III. Allegro, dans l’interprétation de cette pièce, ils ont su mettre en valeur la subtile interaction entre les deux instruments. L’interprétation est fluide, leur maîtrise technique incontestable. Reinhold Glière (1875-1956) Douze duos pour 2 violons, op.49, 9e extraits VII. Allegretto X.Con moto VIII. Con fuoco, les deux violons se répondent, s’entrelacent et alternent entre mélodie et accompagnement créant une texture dynamique et fluide.

Fritz Kreisler (1875-1962) Vieux airs de danse viennoise ILiebesfreud – plaisir d’amour II. Liebsleid – chagrin d’amour III. Shön Rosmarin – joli romarin. Écrite à l’origine pour violon et piano, le Duo Vivo en a fait un arrangement pour deux violons. Les mélodies sont très belles et on entend l’équilibre entre énergie et raffinement. L’un des moments forts fut la célèbre Liebesfreud dans laquelle chaque inflexion de l’archet semblait exprimer un secret à partager.

Le plat de résistance Sergueï Prokofiev (1891-1953) Sonate pour 2 violons en do majeur, op.56 I. Andante cantabile II. Allegro III. Commodo (quasi allegretto) IV. Allegro con brio L’œuvre repose sur des textures limpides et des échanges dynamiques entre les deux instruments. On y retrouve de belles mélodies chantantes, mais aussi des dissonances et des rythmes piquants. Cette sonate exige une maîtrise instrumentale, notamment dans les contrastes de timbres et d’articulations.

Mon coup de cour du concert va à Gang Chen (1935-) et Zhanhao He (1933) Concerto pour violon «Amants papillons » I. Adagio cantabile. Le magnifique arrangement est signé par le Duo Vivo. Il s’agit de la légende des amants, une version chinoise de Roméo et Juliette. La gamme pentatonique donne immédiatement une couleur asiatique, puisqu’elle est utilisée avec un certain phrasé. L’interprétation de cette ouvre est bien sentie par les artistes, particulièrement par Richard Zheng. La sensibilité de leur jeu s’est démarquée de toutes les autres pièces du concert, les émotions étaient palpables, ils étaient émouvants.

On termine avec un auteur contemporain québécois Helmut Lipsky (1953-) dont Fiesta ! qui mélange avec aisance des influences classiques, du jazz, des musiques d’Europe de l’Est et même des éléments électroniques. En résumé, un concert agréable qui a permis aux mélomanes de passer un bel après-midi.

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