Tim Watchorn

Nouveau député, nouvelle circonscription Les Pays-d’en-Haut

Carole Bouchard et Michel Fortier

Le journal a eu le plaisir d’accueillir Tim Watchorn, nouveau député de la toute récente circonscription fédérale Les Pays-d’en-Haut. Un homme proche des gens, qui n’a pas hésité à offrir un coup de main dès son arrivée, en proposant à Carole de transporter ses pneus à l’arrière de la maison. Une entrée en matière plutôt sympathique.

 Nous lui avons demandé à quoi il attribuait son succès : une majorité de 3 217 voix sur la candidate bloquiste, soit un écart de 12 % — un exploit dans une région traditionnellement favorable au Bloc.

« Ce n’est pas seulement moi qui ai gagné cette élection, c’est toute mon équipe. Le territoire est trop vaste pour faire du porte-à-porte partout. On a donc misé sur les appels téléphoniques et la présence lors des événements publics. À un certain moment, le Bloc était en avance. Même au Parti libéral, certains doutaient de nos chances. Mais mes bénévoles ont travaillé sans relâche, 12 heures par jour. On a fait 30 000 appels et cogné à des milliers de portes. »

Et le nom anglophone de Tim Watchorn ? Il admet qu’il devait redoubler d’efforts pour gagner la confiance des électeurs francophones :

« Avec un nom comme le mien, je devais m’assurer que les gens sachent que je parle couramment français. Ma femme est francophone, mes enfants ont fait toute leur scolarité en français, et les conseils municipaux se tiennent en français. À Morin-Heights, on répond en anglais seulement quand la question est posée en anglais. La radio locale m’a beaucoup aidé à faire comprendre que je suis un gars qui parle français, qui comprend l’importance de la culture francophone au Québec. »

Watchorn n’est pas un nouveau venu en politique municipale : il a été maire de Morin-Heights pendant 16 ans.

« J’ai toujours eu à cœur ma communauté. Notre conseil municipal a toujours été indépendant, sans affiliation partisane. Chacun avait sa voix, mais dans le respect. Même quand on n’était pas d’accord, les débats se faisaient en caucus, et on a toujours gardé un ton cordial. »

Les préoccupations des citoyens

Lorsqu’on lui demande quelles étaient les principales préoccupations entendues durant sa campagne, il répond en souriant :

« Donald Trump ! Beaucoup de gens exprimaient leurs inquiétudes à son sujet. Ils disaient que Mark Carney était l’homme de la situation. »

Pour garder le lien avec les citoyens, Watchorn prévoit plusieurs initiatives :

« Il y aura bien sûr les publications officielles de la Chambre des communes, mais aussi des rencontres comme le “Café avec le député” et une présence sur le terrain, lors des événements. Je m’attends à recevoir beaucoup de demandes en lien avec l’immigration et l’habitation. Les maisons sont rendues trop chères — à Morin-Heights, la moyenne atteint 600 000 $. Il va falloir que les Municipalités s’impliquent. »

Lacs, environnement et réformes

Sur l’accès des bateaux à moteur aux lacs, une préoccupation locale grandissante, il déplore le cadre légal désuet :

« La Loi sur la marine marchande ne fonctionne plus. Nos lacs sont voués à la plaisance. Il faut une volonté politique pour réformer la loi. Quand on voit les dommages causés par les wave boats, je pense que la réforme devra passer par l’environnement. Mais je vais devoir me documenter davantage. »

Son rôle à Ottawa

S’il devait choisir un comité parlementaire ?

« En tant qu’ingénieur, je me sentirais à ma place dans un comité technique, probablement lié aux infrastructures. »

Il critique aussi les conditions imposées par Ottawa dans le transfert des fonds publics :

« Le fédéral impose trop souvent des conditions. Comme ancien maire, je sais à quel point c’est frustrant d’attendre que Québec et Ottawa signent une entente. Il faut réduire les conditions et permettre que l’argent arrive plus rapidement entre les mains de ceux qui réalisent les projets — souvent les Munici-palités ou les organismes communautaires. »

Logement pour aînés : un combat de longue haleine

Watchorn rappelle les efforts de Morin-Heights pour obtenir une résidence pour aînés abordable : « Il y a des résidences privées, mais elles sont très dispendieuses. Beaucoup de personnes âgées nous disaient qu’elles étaient tannées de leur grande maison, mais qu’elles voulaient rester dans la région. »

Le projet de résidences pour les aînés a pris du temps : « On a obtenu un financement avec AccèsLogis, un programme qui n’existe plus aujourd’hui. Ça nous a pris cinq ans pour monter le projet et obtenir l’argent nécessaire. Mais ça ouvre enfin, avec 30 unités de 3 ½ pièces, à loyer modulé selon le revenu. C’est un processus qui prend deux mandats ! Un élu qui ne fait qu’un mandat n’a pas le temps d’aboutir à grand-chose. »

Un homme de terrain

Cette entrevue nous a permis de découvrir un député humble, enraciné dans sa communauté, franc et engagé. Il connaît bien son territoire, y a toujours vécu, et affirme vouloir demeurer accessible aux citoyens, aux organismes et aux Municipalités. Son bureau de circonscription sera situé à Saint-Sauveur.

Bien qu’il soit encore trop tôt pour évaluer son travail comme député, une chose est claire : Tim Watchorn prend sa mission à cœur. À Ottawa comme à la maison, il entend rester à l’écoute. C’est, semble-t-il, dans son ADN.