Les lichens du genre Usnea se fixent aux branches d’arbres moribonds ou morts puisque les arbres dégarnis lui offrent plus de lumière. Les usnées sont très intolérantes au dioxyde de soufre et sont donc un bon indicateur de la qualité de l’air. Elles servent de nourriture aux cervidés et peuvent être utilisées par les oiseaux dans la confection de leurs nids – Photo : pxhere.com
Chronique du Comité régional pour la protection des falaises
Valérie Lépine – Ils passent souvent inaperçus, mais ils sont partout. Au lieu de la compétition, ils ont choisi la collaboration pour survivre. Ils ne croissent que de quelques millimètres par année, mais s’étendent sur près de 10 % de la surface terrestre. Quels sont ces étranges êtres vivants ?
Ces organismes fascinants sont nul autre que les lichens. Ils sont parmi les premiers organismes à avoir émergé de l’eau et colonisé la terre ferme il y a environ 400 millions d’années. Il en existe 3 600 espèces en Amérique du Nord et 20 000 dans le monde. Et les lichénologues en découvrent 100 nouvelles espèces chaque année.
Que sont-ils ?
Contrairement à ce que leur apparence pourrait laisser penser, les lichens ne sont pas des plantes. Ils naissent plutôt de la symbiose d’un champignon qui héberge dans ses tissus une algue ou une cyanobactérie, parfois les deux. On parle même de mini-écosystèmes puisqu’il y a quelques années, on a découvert que les lichens ont établi des partenariats avec d’autres organismes comme les levures, les bactéries et les virus.
Les lichens peuvent croître sur de multiples substrats : bois morts, troncs d’arbres, pierres, vieux édifices, trottoirs, etc. À noter qu’ils ne sont pas dommageables pour les arbres sur lesquels ils vivent puisque les lichens sont auto-suffisants : ils ne sont pas des parasites qui siphonnent l’énergie de leur hôte.
C’est le champignon qui s’accroche au substrat. Il apporte ancrage, protection des rayons ultra-violets et humidité à l’algue (ou à la cyanobactérie); l’algue apporte quant à elle l’énergie (sucres) nécessaire à la survie du champignon via ses fonctions photosynthétiques.
Les lichens sont des organismes des extrêmes : ils ont des besoins très minimes en minéraux, ils survivent aux froids polaires ou aux sécheresses du désert, ils ne croissent que de quelques millimètres par année et peuvent vivre plus de 1 000 ans.
Quel est leur rôle ?
Comme les mousses, les lichens contribuent à la formation du sol. Quand ils meurent, ils se décomposent et avec les fragments de roches, ils forment du nouveau substrat. Les lichens participent aussi à la l’épuration de l’air et de l’eau et au recyclage des éléments.
Les lichens sont d’autre part des indicateurs de la qualité de l’environnement. En analysant leur composition ou leur répartition, les spécialistes peuvent, par exemple, vérifier les niveaux de pollution de l’air ou la quantité de plomb dans l’eau. Les lichens sont très sensibles au dioxyde de soufre, un polluant issu de la combustion des hydrocarbures : quand les niveaux de SO2 augmentent dans un endroit donné, la diversité des lichens diminue.
Les lichens sont enfin une source de nourriture. Les chenilles s’en nourrissent ainsi que les orignaux. Dans la toundra, les lichens sont essentiels à la survie des caribous l’hiver. Certains peuples autochtones utilisent même des lichens pour en faire de la farine.
À propos du CRPF – Le Comité régional pour la protection des falaises œuvre depuis 2003 pour la protection et l’utilisation écoresponsable d’un territoire de 16 km² doté de caractéristiques écologiques exceptionnelles et s’étendant derrière les escarpements de Piedmont, de Prévost et de Saint-Hippolyte. Cet article est publié simultanément dans le Journal des citoyens (Prévost, Piedmont et Sainte-Anne-des-Lacs) et le journal Le Sentier (Saint-Hippolyte).
La campagne de financement se poursuit
Sous le thème Des sentiers durables et sécuritaires, nous souhaitons amasser des fonds cette année spécifiquement pour aider à la mise à niveau des sentiers de la Réserve naturelle du Parc-des-Falaises, propriété du CRPF.
Nos sentiers se dégradent rapidement sous l’effet dans changements climatiques. Celles et ceux qui les fréquentent ont sûrement remarqué que certaines sections sont très érodées. C’est pourquoi nous entreprendrons leur mise à niveau selon les nouvelles normes dès cet automne. Les travaux se poursuivront en 2026.
Les investissements seront importants; aidez-nous à prendre soin de la nature… et de ses usagers. La campagne de financement du CRPF se termine le 30 novembre. Pour faire un don, rendez-vous sur le site web du CRPF (www.parcdesfalaises.ca) puis cliquez sur l’onglet vert Faire un don ou utilisez ce code QR.