Un programme inattendu…

Sylvie Prévost
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Le Quatuor Claudel-Canimex

Sylvie Prévost –Le Quatuor Claudel-Canimex est une valeur sûre parmi les quatuor québécois. Réputé pour offrir une tribune aux artistes féminines, il a pris cette fois une tout autre orientation.

En effet, si aucune des pièces de ce concert n’ont été écrites par des femmes, toutes ont été composées par des Québécois, ce qui est aussi un point de vue intéressant. En outre, rompant avec sa tradition classique, l’ensemble a parcouru le thème de la tradition, l’étendant jusqu’à inclure Gilles Vigneault. La tradition y a même été représentée par des contes… dans lesquels, doit-on toutefois avouer, les modèles féminins ne sont pas au goût du jour…

Cela dit, ne boudons pas notre plaisir. Les quatre instruments sont d’un velouté incomparable sous les doigts de leur musicienne respective. Tout ce répertoire demande une vitalité imposante et une tenue rythmique parfaite. Aucun problème ici : les musiciennes forment un corps énergique aux quatre membres parfaitement justes et coordonnés, aux sonorités équilibrées.

On le constate déjà dans la Danse villageoise de Champagne, ça se poursuit avec La fête celtique, endiablée, sans pitié pour la violoncelliste, et dans laquelle les caractéristiques musicales des peuples choisis sont très bien évoquées.

Le premier conte,  Le diable fileur de laine¸ est une variante plaisante de Rumpelstiltskin. Bien rendu par la conteuse, il est illustré – attention, musique contemporaine… que personne ne se sauve ! par un jeune compositeur prometteur. Le langage musical, accessible et expressif, enrichit le conte. La version originale était écrite pour trio de clarinette, violoncelle et piano. L’arrangeur, encore plus jeune, a bien réussi à transposer pour les cordes les couleurs de ces instruments.

Notre-Seigneur en pauvre, malheureusement bien peu entendu, demandait énormément d’écoute mutuelle. Méditatif et serein, il a offert un répit de diablerie bienvenu.

Un second conte, Blanche-Neige, nous a ensuite été présenté. La musique, écrite par l’arrangeur de la précédente  histoire, fait beaucoup de place à l’alto. Ce n’est pas si fréquent et ici, fort réussi. Toutefois, la superposer au conte m’a paru malheureux, car cela divise notre attention. On écoute plutôt l’histoire que les mélodies et le chevauchement rend l’ensemble un peu confus. Ce sera pire si la pièce est jouée devant un jeune public. Il me paraît dommage que la musique ne soit pas davantage mise en valeur.

Le Medley Vigneault  est un bijou d’arrangement, émouvant et plein de sensibilité, joué avec beaucoup de tendresse.

La dernière pièce au programme a renoué avec la danse, de façon toujours aussi dynamique. En rappel, À la claire fontaine, dont les paroles ont été distribuées dans le programme, a permis au public ravi de donner de la voix, comme dans les soirées d’autrefois.

Je doute que quiconque ait pu résister à l’entrain, à l’énergie, à la qualité de ce spectacle et je pense que peu en sont sortis déçus. Il aurait toutefois été souhaitable d’en connaître la teneur plus tôt et que Diffusions Amal’Gamme ait la possibilité d’avertir le public, que celui-ci sache un peu à quoi s’attendre.

Le dimanche 12 février 2017 – Quatuor Claudel-Canimex : Tradition, transmission et transgénération

Élaine Marcil et Isabelle Gervais, violons, Annie Parent, alto, Jeanne de Chantal Marcil, violoncelle et Valérie Walker, voix.

  1. Champagne : Danse villageoise ; S. Laforest (arr.) : La fête celtique ; M. Goulet / É. Jones-Cadieux : Le diable fileur de laine ; E. MacMillan : Notre-Seigneur en pauvre et À Saint-Malo ; É. Jones-Cadieux : Blanche-Neige ; Vigneault / Bernier : Medley Vigneault ; F. Beauséjour : Gigue des fantômes ou reel du pendu. En rappel : À la claire fontaine.

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