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Un personnage bourru, déjanté et colérique…
Lyne Gariepy – François Bellefeuille. Tout le monde le connaît. Et tous ceux qui ont vu son spectacle n’ont que de bons commentaires. En quelques années, cet humoriste au personnage colérique s’est fait une très bonne réputation tellement qu’on ne compte plus le nombre de supplémentaires ajoutées. Il a aussi été la Découverte de l’année au Gala les Olivier 2012. Mais qui est donc ce drôle d’animal?
Octobre 2016 : j’assiste enfin au spectacle de François Bellefeuille à Saint-Jérôme, une présentation En Scène. Après une première partie surprise de Louis-José Houde (une petite pratique avant l’ADISQ), François entre en scène. Juste ses avertissements de début de spectacle valaient le détour. Mais ça ne s’arrête pas là. Son personnage bourru, déjanté et colérique (mais sympathique), est en même temps fou et attachant. Avec un rythme soutenu, l’humoriste de 40 ans, anciennement vétérinaire, enchaîne les répliques qui touchent leurs cibles à tout coup. En plus d’avoir un bon sens de l’à-propos, François possède aussi une imagination foisonnante. Des sujets très différents sont donc abordés, des animaux à un remaniement de la terre, avec des explications tordantes à l’appui. On sent d’ailleurs le vétérinaire pas très loin. François utilise aussi beaucoup de support visuel, simple, mais punché.
À la fin, comme rappel, François Bellefeuille nous a fait une partie de son deuxième one-man show, en rodage. Celui-ci s’annonce être, à mon avis, encore meilleur que le premier, déjà excellent. Si le premier traitait de sujets de vieux garçon, le prochain devrait traiter de la vie de couple et de famille de ce même énergumène. Mais revenons à son premier show : un spectacle à la hauteur de mes attentes (très élevées). Je vous suggère de le voir, que ce soit en DVD (qui est en vente depuis le 8 novembre), ou bien encore mieux, en personne lors de la supplémentaire du 19 janvier 2017, à Saint-Jérôme.
Maintenant, l’entrevue qui nous permettra d’en découvrir un peu plus sur ce drôle d’animal.
Premier show auquel tu as assisté? – En humour, Patrick Huard, à l’époque du show ferme ta gueule. Sinon AC/DC, au forum, à 14 ans. C’était extraordinaire, avec en ouverture le morceau thunderstruck. Comme premier spectacle, c’était impressionnant.
Dernier spectacle auquel tu as assisté? – Au Complet? Je vois beaucoup de bouts de shows des autres, comme Phil Roy, dernièrement, mais je ne les vois pas au complet. Louis CK, un humoriste américain, était venu à Montréal dans le cadre de just for laugh. Je l’ai manqué. Donc je suis allé le voir à New York. Je me permets de plus en plus de le faire. J’aime ça faire ça.
Ce qui te fait rire? – Je n’ai pas le rire facile, mais quand j’accroche, j’ai le piton collé. Mes amis me font rire. C’est ce qui est vrai pour presque tout le monde, on a tous un ami qui nous fait toujours rire. Sinon, j’aime beaucoup l’humour des autres humoristes, comme Louis CK, qui est un des meilleurs humoristes américains en ce moment et Bill Burr. Au Québec, je les aime tous, mais dernièrement, j’apprécie beaucoup l’humour d’Adib Alkhalidey, Simon Gouache et Simon Leblanc.
Ce qui te fait pleurer? – Quand je pense à mon père, décédé en 2011, je pleure facilement. Aussi, quand je regarde des photos et des vidéos de mon fils, qui a maintenant un an, alors qu’il n’avait que 2- 3 mois, j’ai la larme facile. La paternité me rend sensible.
Le pourcentage de faits véridiques dans ton spectacle? – Dans le premier, pas beaucoup, mais dans le deuxième, le show se rapproche de moi, le personnage aussi. Au premier spectacle, j’aimais pas trop parler de moi. Comme je n’étais pas le genre de gars qui pognait facilement avec les filles, c’est dans le show. Mais maintenant, j’ai une blonde extraordinaire, et avec la naissance de mon fils, ce sont des incontournables et ça déteint sur mon prochain show.
Ce qui t’inspire? – Dans le premier show, j’ai pris tous mes défauts, et je les ai extrapolés, je les ai mélangés à de la folie, avec de la colle, pour que ça tienne. Au premier, on amène aussi un ramassis de numéros écrits sur une longue période. Pour le deuxième, ma vie de famille m’inspire, fait évoluer mon personnage, qui n’est plus célibataire lui non plus. J’aime les artistes qui se réinventent, qui évoluent, sinon, ça stagne et on perd le public.
Ce qui te rend en colère? – Tout. Je ne suis pas fier de ça, mais les commis et les vendeurs dans les magasins ne doivent pas toujours m’apprécier, parce que je suis exigeant. Je ne suis pas un client fun pour les magasins. Le client est roi et je le mets en pratique. Sinon, l’injustice et l’incompétence, même plus l’incompétence que l’injustice.
Ce qui t’adoucit? – Ma blonde, mon fils, je suis bien plus calme quand je suis avec lui. Sinon, un bébé chaton.
Justement, ton animal préféré? – Les chats! J’aime bien les chiens, mais j’aime définitivement plus les chats. I’m a cat lover!
Ton mot préféré? – C’est pas que j’aime le mot, mais je crois qu’il est important dans la culture québécoise : tabarnak. Chaque culture a ses expressions, et pour les Québécois, ça fait partie de notre patrimoine de mots. Notre langue est belle comme elle est, avec ses particularités. Sa sonorité est importante, et notre langue serait triste sans elle. Je pense aussi qu’il aide à diminuer l’agressivité, en nous défoulant. Ça sonne comme un drum. Mais il ne faut pas trop l’utiliser. Ça exprime bien, mais à utiliser avec parcimonie.
Un mot que tu aimes moins? – J’aime moins les mots mous, trop moelleux, donc moelleux.
Es-tu plus livres ou films? – Je lis, mais pas autant que je l’aimerais, comme ma mère, qui lit beaucoup. Je suis donc plus série docu ou série télé. J’adore apprendre, et c’est un moyen de le faire plus rapidement que par la lecture.
Une époque à laquelle tu aimerais vivre? – Les années 80, temps de ma jeunesse, de mon enfance. Il y avait moins de problèmes, on avait un seul téléphone, et je connaissais les numéros de tous mes amis par cœur. Il n’y avait pas internet. Mais bon, on est toujours nostalgique de notre enfance.
Un pays où tu aimerais vivre? – Bonne question. J’ai déjà vécu aux É.-U., et même si c’est un beau pays, je n’y revivrais pas. Même si je n’y suis jamais allé, je vais prendre une chance avec les pays scandinaves.
Si tu pouvais changer une chose, ce serait? – La distribution des richesses. On devrait mettre une limite à ce qu’on peut avoir en richesse personnelle, comme 20 millions. Je donne ce montant en exemple, je ne sais pas pourquoi. Il ne devrait pas y avoir d’évasion fiscale. Ça n’a pas de bon sens.
Ta plus grande fierté? – Si on fait abstraction de mon fils, c’est d’avoir quitté mon emploi de vétérinaire pour poursuivre mon rêve de faire de l’humour, alors que c’était risqué. Un emploi stable versus un métier incertain.
Quelle question aimerais-tu te faire poser? – Je suis heureux que tu me poses cette question. C’est « Aimerais-tu faire de la radio un jour ? Je répondrais oui. J’aimerais qu’un boss de la radio le voit et pense à moi, qu’il me fasse une offre. Je découvre ce média, que ce soit un podcast ou la radio, et je l’apprécie de plus en plus. Tu n’as pas le côté apparence extérieure qui compte, pas besoin de se pomponner avant. Tu te prépares et tu es direct avec le public ».
Merci François!