Des élèves déplacés

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De l’école des Falaises à l’école des Hauteurs

Émilie Corbeil Le 16 octobre dernier, lors d’une séance ordinaire, le conseil des commissaires de la Commission scolaire Rivière-de-Nord (CSRDN) lançait une consultation en vue de l’adoption du plan de répartition des élèves pour l’année 2019-2020. Pour les parents de quelque 70 élèves actuellement scolarisés à l’école des Falaises à Prévost, qui apprenaient que leurs enfants allaient être déplacés vers l’école des Hauteurs à Saint-Hippolyte, ce fut tout un choc.

Une nouvelle école à Saint-Hippolyte

En mars 2018, le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur a octroyé la construction d’une nouvelle école à Saint-Hippolyte. Il faut savoir que cet octroi faisait suite à de nombreuses démarches dont les premières traces remontent au moins à avril 2016.

Or, c’est précisément la construction de cette nouvelle école, dont le nom reste à déterminer, qui amène le déplacement des élèves de l’école des Falaises vers l’école des Hauteurs. Plusieurs élèves actuellement scolarisés à des Hauteurs seront transférés dans la nouvelle école, laissant la première en capacité d’accueillir les élèves de Prévost. Comme la CSRDN, jointe par courriel par TVA Nouvelles, l’a précisé : « il y aura inévitablement un mouvement de clientèle ».

Pas de consultation sur la solution

La consultation lancée en octobre ne concerne donc pas la solution pour remédier aux débordements dans les écoles du secteur. Cette solution est envisagée depuis le mois de juin dernier. Maintenant, il s’agit de savoir quels élèves devront changer d’école et dans quelles conditions. Pour les parents des élèves touchés à des Falaises, la pilule est difficile à avaler.

Du côté de la commission scolaire, on précise que la consultation n’est pas accessoire et que la décision n’a pas encore été prise. Les conseils d’établissements ont reçu l’information et pour le maire de Prévost, Paul Germain, il s’agit là d’une « occasion de démontrer que la démocratie scolaire est encore vivante ».

Comprendre les préoccupations des parents

Pour plusieurs, l’école des Falaises se trouvait sur leur trajet naturel. Déjà bien occupés par la routine travail-repas-devoirs-hygiène, le détour de quelques 15 ou 20 minutes que forcera ce changement d’école chaque soir signifie une perte importante de qualité de vie. Pour les enfants, c’est un événement insécurisant. Y perdront-ils des amis précieux ? Auront-ils du mal à s’adapter à ce grand changement dans leur vie de tous les jours ?

Il faut souligner que de nombreux parents se sont impliqués bénévolement à l’école des Falaises, qui fait partie intégrante de leur vie depuis plusieurs années. Une vie de parent, comme une vie d’enfant, s’organise autour d’une école. On partage parfois le transport pour les activités sportives. On se voisine souvent. Il est difficile de voir tout cela disparaître.

Plus encore, le projet en consultation nous apprend que les élèves déplacés devront également changer d’école secondaire, une fois le temps venu : « L’élève appartenant au bassin des Falaises transféré à l’aire de desserte de l’école Des Hauteurs et fréquentant déjà la Polyvalente Saint-Jérôme pourra choisir de s’inscrire à sa nouvelle école secondaire (des Hauts-Sommets) ou poursuivre sa scolarisation à la Polyvalente Saint-Jérôme ». C’est donc dire que les élèves à être déplacés, qui étaient destinés à aller à la Polyvalente Saint-Jérôme, devront poursuivre leur scolarité à des Hauts-Sommets. Et contrairement à la Polyvalente Saint-Jérôme, on n’y offre pas de programme sport-études ni de programme international. Pour les parents qui espéraient profiter de ces programmes, il reste à voir s’ils pourront obtenir des dérogations et à quel prix.

Une mauvaise bonne nouvelle

L’histoire se répète. Il y a un peu plus de deux ans, après la construction d’un important agrandissement à l’école Saint-Joseph, la commission scolaire des Laurentides apprenait aux parents de Piedmont que leurs enfants allaient désormais être scolarisés à Sainte-Adèle plutôt qu’à Saint-Sauveur, provoquant une montée de bouclier qui fut assez fortement médiatisée. Après deux années de transfert forcé, la décision fut partiellement renversée, une résolution du conseil permettant désormais aux enfants de Piedmont qui entrent à la maternelle de s’inscrire dans les écoles de Saint-Sauveur. Les modules temporaires, qui y avaient été retirés, ont été réinstallés afin d’accueillir les élèves.

Pourtant, la construction d’un bel agrandissement ou d’une nouvelle école est une bonne nouvelle. Une bonne nouvelle pour une région qui enregistre une croissance démographique et pour les élèves qui méritent de profiter d’espaces sains et adéquats. Telle construction est le résultat d’un travail titanesque et d’une coopération entre les commissions scolaires et les municipalités.

Le Ministère n’octroie de permission de construire que sous maintes conditions, souvent difficiles à remplir. Beaucoup de demandes, légitimes et préparées avec acharnement, sont même refusées. Seulement et malgré toute la bonne volonté des intervenants en place, une fois la construction terminée, elle amène généralement des déplacements importants et cause bien des soucis aux parents et aux enfants touchés.

Il faut, pour analyser justement le problème, constater que les solutions apportées aux débordements d’écoles ne sont peut-être pas adaptées à la dynamique de la région. Dans une zone densément peuplée comme Montréal, où les écoles sont très rapprochées, cette manière de fonctionner est généralement acceptable; les enfants déplacés passant d’une école à trois rues à gauche à une école à deux rues à droite. Ici, le changement est plus radical.

Constatant l’insatisfaction provoquée par ce qui devrait amener du contentement, il est certainement temps d’inviter le Ministère, les commissions scolaires, les municipalités et les citoyens à se pencher sur des solutions différentes et innovantes pour répondre aux impératifs de la croissance démographique.

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