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3e partie: la bataille de Sainte-Foy
Daniel Machabée danielmachabee@journaldescitoyens.ca – Cette chronique porte sur les événements tragiques qui changèrent non seulement la face du monde, mais le destin d’un continent. Ces événements concernent la fin du régime français en Amérique du Nord, ce que la mémoire collective appelle La Conquête, qualificatif honteux dont l’auteur ne partage pas la pensée. Voici la suite de la chronique historique de la page 27 du mois de juin.
Le 20 avril 1760, le maréchal Lévis, général en chef depuis la mort de Montcalm, rappelle aux troupes que « pour son honneur, la gloire des armes et le salut du pays, l’armée devait chercher à réparer la journée du 13 septembre et se souvenir que ce sont les mêmes ennemis qu’elle avait combattus à Oswégo, au Fort George et à Carillon. L’armée quitte Montréal le 20 avril à destination de Québec.
Le 24 avril, la flotte (ce qui en reste de septembre 1759) et l’armée arrive à la Pointe-aux-Trembles après avoir fait route tant par mer que par eau, dans des chemins de printemps détrempés, défoncés, impraticables, dans la neige fondante et la boue. Par eau, ce fut un voyage pénible à cause des glaces qui charriaient le fleuve. Il fallait débarquer le soir, les bateaux loin à terre, sous un violent orage printanier. C’est une armée de 6705 hommes et 205 cavaliers qu’alors Lévis a sous ses ordres.
Le 26 à 10 h, Lévis, surnommé le Don Quichotte français par les Anglais, débarque près du moulin de Saint-Augustin. Il part vers 15 h vers l’Ancienne-Lorette pour gagner les hauteurs de Sainte-Foy, où Bourlamaque a rétabli les ponts détruits par les Anglais sur la rivière Cap-Rouge. Le général Murray, commandant des troupes britanniques à Québec, connaît l’arrivée des Français depuis le 17 avril. Malgré cela, Lévis marche sans encombre et l’armée arrive derrière les bois de Saint-Foy à la nuit noire, encore sous un orage furieux qui rompt les ponts précaires et force certains soldats à traverser à gué. Ce même orage disperse les vaisseaux, noie les vivres et une partie de l’armurerie et des munitions. C’est donc une armée dans état lamentable qui se présente au combat, gelée et fatiguée.
D’abord il y a quelques escarmouches et des tirs de mousqueterie. Puis, le 28 avril, Murray sort de la ville avec son armée de 6900 hommes et 22 bouches à feu, chacun étant muni également d’un pic et d’une bêche. Cette bataille dure deux heures, mais demeure la plus violente et la plus sanglante des batailles aux portes de Québec. Après avoir pris et repris les redoutes et le moulin Dumont, les Français remportent la victoire, forçant les Anglais à se réfugier dans la ville. Lévis, qui passait pour être supérieur à Montcalm, prouve toute sa valeur; laissons Bougainville parler : « Mon général, agréer mon compliment sur votre belle victoire. J’en suis d’autant plus enchanté que j’y vois vos belles manœuvres dans l’action, diligence incroyable dans votre marche et fermeté faite pour être cité. Ma foi ! Vous serez notre père, puisque vous nous avez rendu l’honneur ! »
Au final, 1124 Anglais sont tués contre 266 Français. Lévis fait faire halte à ses troupes fatiguées avant de marcher vers la ville avec dix canons. Les Anglais se soulent pendant trois jours, convaincus que tout est terminé pour eux. Le soir même, le siège de la ville commence, ainsi que l’attente.
Le 9 mai, vers 9 h du matin, une frégate arrive dans le port de Québec. Tous sont angoissés de savoir quel drapeau elle hissera : ce sera celui de l’Union Jack. « Un seul vaisseau de ligne venant de France, et Québec était à nous ! » tel avait été le cri de colère des soldats français en se repliant vers Montréal.
C’est ainsi que se scelle le sort de la Nouvelle-France qui signe la capitulation générale en septembre, à Montréal. Qu’on juge ici la vaillance de nos soldats et qu’on cesse d’employer le mot péjoratif de conquête !