À l’aube des grands élans romantiques

Le Trio Hochelaga est composé de : Anne Robert au violon, Dominique Beauséjour-Ostiguy au violoncelle et Dantonio Pisano au piano – photo : Serge Pilon
Carole Trempe
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Le Trio Hochelaga, la musique se dépose encore sur nos âmes

Carole Trempe – Dans la série Grands Classiques présentée par Hydro Québec, Diffusions Amal’gamme proposait le Trio Hochelaga – À l’aube des grands élans romantiques, le 27 mai 2023 à la salle de spectacles Saint-François Xavier de Prévost. La saison régulière se clôturant par un concert de très haut niveau dont la musique se dépose encore sur nos âmes.

Le Trio Hochelaga est composé de : Anne Robert au violon, Dominique Beauséjour-Ostiguy au violoncelle et Dantonio Pisano au piano. Ce trio a été formé en 2000 par Anne Robert. Au fil du temps les deux tiers des musiciens ont changé. Une chose demeure : ce trio est l’un des dominants ensembles de musique de chambre au Québec et au Canada. Précisons du jeu et intensité des interprètes à couper le souffle !

Que dire de ces prestigieux interprètes ? Que ceux qui travaillent avec discipline et amour excellent et rayonnent dans leur champ d’action. Que ces grands artistes nous ont rendus perceptibles la présence de l’infini, de l’invisible dans le visible par leur interprétation impeccable des œuvres choisies. Il me vient en tête les mots de Debussy : la musique commence là où la parole est impuissante à exprimer.

Au programme, en première partie le Trio en mib majeur, opus 1 no 1 de Beethoven. Cette première œuvre composée par Beethoven alors qu’il n’avait que 20 ans a été écrite en 1790, trois ans avant son arrivée à Vienne. Nous sommes encore dans la période classique précédant l’époque romantique. L’œuvre devait séduire le prince de Lichnowsky. La structure de l’œuvre est en quatre mouvements et son exécution dure environ 30 minutes. Les mouvements sont luxuriants et expansifs. On dirait des symphonies pour les trois instruments. Les échanges à trois créent un relief extraordinaire à entendre. Le son est impeccable et toutes les nuances sont mises en valeur. Le lyrisme, la sensibilité, l’écoute des musiciens entre eux, leur regard, leur respect dans l’exécution, leur amour, leur rendu nous transportent ailleurs, dans l’immatériel, là où la belle et grande musique niche.

La deuxième partie nous propose le Trio en ré mineur, opus 49 de F. Mendelssohn. Nous sommes en plein cœur du romantisme, cette œuvre a été écrite en 1839 pour trio. Nous nageons dans les émotions dramatiques nous rendant fébriles et nous tenant en haleine. Le drame en toute élégance sonore. Dans le second mouvement, le thème est déclamé par le piano et répété au violon et le violoncelle en contrepoint. C’est magnifique. La finale est marquée par le piano très actif avec de vastes arpèges et des octaves chromatiques. Le pianiste mène le jeu avec ardeur, quel excellent pianiste.

Quel artiste talentueux que ce Dantonio Pisano pianiste. Flexible, sensible, musical, agile, expressif, lyrique. Dominique Beauséjour-Ostiguy, violoncelliste passionné, audacieux qui ne craint rien. Son visage livre des expressions lumineuses. Robuste complice de ses collègues presqu’en constant dialogue avec eux.

Quant à Anne Robert, elle transcende son art et son instrument. Honnêtement, je ne trouve pas les mots pour décrire ce que j’ai entendu de son violon. Virtuosité, lyrisme sensibilité, expressivité, musicalité, énergie, beauté en filigrane de ce qu’elle nous a livré. Grandiose Madame Robert ! – Un concert de très haut niveau dont la musique se dépose encore sur nos âmes.

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