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Trois candidatures en lice : trois visions différentes de la MRC
Nicolas Michaud – À l’aube des prochaines élections de la MRC des Pays-d’en-Haut, les candidatures de Catherine Hamé, de Martin Nadon et de Richard Darveau attirent l’attention et ouvrent le débat sur l’avenir de la région. À travers leurs entrevues respectives, chacun dévoile sa vision et ses priorités pour le développement du territoire. En filigrane, le conseil avisé d’André Genest, l’actuel préfet de la MRC, résonne : « Vous aurez à intervenir à plusieurs niveaux, mais demeurez près de votre communauté, de vos citoyens. » Un rappel de l’importance de l’écoute et de la proximité dans la gouvernance locale.
Catherine Hamé

La méthode Hamé –Dès ses premiers mots, Catherine Hamé articule clairement sa vision, fondée sur un double principe : « agir avec cœur, mais planifier avec rigueur ». Convaincue que la plupart des désaccords se résolvent en amont, elle privilégie un travail approfondi pour favoriser le consensus. Elle assure que ses décisions resteront « fidèles aux engagements [qu’elle a] eu l’habitude de prendre » et seront « guidées par des valeurs d’équité et de bien-être collectif ».
Mixité sociale et accès au logement – En réponse à la crise du logement et au vieillissement accéléré de la population, Catherine Hamé vise à restaurer la mixité sociale menacée par l’embourgeoisement, l’augmentation du coût de la vie et la pression immobilière postpandémique. Elle plaide pour une planification territoriale nécessitant « beaucoup de finesse et de rigueur » et conciliant le développement et la préservation des ressources naturelles. Elle affirme bien connaître ces défis, puisqu’elle préside les comités de l’aménagement du territoire et du logement à la MRC.
Transparence institutionnelle – Préoccupée par la crise de confiance envers les institutions publiques, la mairesse propose de moderniser la gouvernance régionale par l’utilisation des nouvelles technologies, afin de « rendre l’information disponible, mais aussi compréhensible et accessible ». Cette méthode permettrait de « digérer la quantité phénoménale de données » nécessaire à la meilleure prise de décision. Son ambition est de développer, en partenariat avec des universités, des outils novateurs pour renforcer la transparence et l’imputabilité en matière de finances publiques et de gestion municipale.
Protection territoriale et environnementale – La préservation des paysages et des milieux naturels est au cœur de sa démarche. Parmi ses initiatives majeures figure le développement d’un outil d’écofiscalité à Sainte-Anne-des-Lacs visant à « traduire de façon quantifiable, de façon financière, les services qui sont rendus par les arbres, par les bassins versants, par les milieux humides »; autrement dit, les services écosystémiques fournis par la nature. Par ce projet novateur, inédit dans la MRC, elle veut reproduire ce modèle à l’échelle régionale, voire provinciale.
Art de la concertation municipale – La candidate met de l’avant sa capacité à fédérer les municipalités autour de projets communs. Forte d’une expérience juridique, administrative et politique à Québec, Ottawa puis Sainte-Anne-des-Lacs, elle revendique une solide expertise en coordination intermunicipale. Son parcours lui conférerait une « très bonne compréhension des rouages de chacun des paliers de gouvernement », lui permettant de se positionner comme facilitatrice et défenseuse des intérêts régionaux. Elle privilégie une approche sur mesure, loin du « one size fits all », avec une « sensibilité aux réalités distinctes de chaque municipalité, qu’elles soient rurales comme Wentworth ou plus urbaines comme Saint-Sauveur ».
Participation citoyenne et leadership rassembleur – Catherine Hamé insiste sur sa proximité avec les citoyens, privilégiant une gouvernance axée sur l’écoute et la consultation en amont des projets. Elle souhaite garantir l’appropriation citoyenne et veiller à ce que les élus restent attentifs aux besoins de la population, comme ce fut le cas avec son projet d’accès à l’eau. Un exemple, selon elle, qui illustre très bien sa capacité à transformer un dossier sensible en succès collectif. Désireuse de pérenniser et d’élargir cette gouvernance participative à l’ensemble de la MRC, elle est convaincue que l’engagement citoyen est indispensable pour concevoir des politiques publiques adaptées aux attentes locales.
Le mot de la fin – Celle qui se présente comme une « fille des Laurentides » souhaite préserver ce qu’elle considère comme « le plus bel endroit au monde » pour les générations présentes et futures, en conciliant le respect du patrimoine naturel et l’adaptation aux besoins d’une population en mutation.
Martin Nadon

Visibilité de la MRC et de son rôle – Martin Nadon place en tête de ses priorités la sensibilisation des citoyens au rôle et à l’importance de la MRC, une institution régionale dont la mission demeure trop méconnue malgré des responsabilités élargies par le gouvernement du Québec. « L’objectif n’est pas de faire connaître Martin Nadon, mais de faire connaître la MRC et son impact concret sur la vie des citoyens », insiste-t-il. Pour y parvenir, il propose de dynamiser la communication institutionnelle, de multiplier les séances publiques en soirée et de valoriser celles déjà diffusées, afin de renforcer l’engagement citoyen et la légitimité démocratique de la MRC.
Préservation du territoire – La protection des milieux naturels est au cœur de sa vision. Le candidat souhaite que la MRC joue un rôle moteur pour atteindre la cible de 30 % de territoire protégé, conformément aux objectifs gouvernementaux et onusiens. Il s’appuie sur son expérience à Piedmont, où il a mis en place un plan d’urbanisme ambitieux, et veut transposer cette démarche à l’échelle régionale, en collaboration avec les dix Municipa-lités. De plus, il établit la gestion des matières résiduelles comme un service à améliorer. Il propose de s’inspirer de modèles comme Saint-Jérôme, axés sur le réemploi et la réduction des déchets envoyés à l’enfouissement, et souhaite sensibiliser davantage la population à ces enjeux.
Intégration locale de l’activité économique – Sur le plan économique, Martin Nadon mise sur les atouts traditionnels des Laurentides : « les services et le tourisme ». Il exclut le développement d’industries lourdes et s’oppose à l’implantation de grandes surfaces commerciales, estimant que celles-ci peuvent « être trouvées à quelques kilomètres au sud et au nord de la MRC ». Il privilégie les commerces de petite et moyenne taille, surtout à vocation touristique, qui s’intègrent, selon lui, plus harmonieusement à la région tout en préservant la beauté naturelle et la qualité de vie.
Accès au logement : une « crise sociale » avec des « drames humains » – Pour Martin Nadon, la crise du logement exige une action réfléchie : « On ne construit pas n’importe quoi, n’importe où, il faut construire là où c’est logique (dans les périmètres urbains et les noyaux villageois) et, surtout, il faut construire beau. » Il insiste sur le caractère social de cette crise, évoquant « des jeunes travailleurs, des jeunes couples, des personnes âgées qui ont de la difficulté à se trouver des logements à des prix qui ne sont pas astronomiques ». Stimuler l’offre de logements est, à son avis, la seule façon de faire baisser les prix et de préserver la vitalité régionale.
Gouvernance collaborative et défense des intérêts régionaux – Il mise sur la concertation intermunicipale pour optimiser les ressources, notamment en mutualisant des services que les Municipalités seules ne pourraient s’offrir. Le candidat souligne le rôle stratégique du préfet élu, qui bénéficie d’une légitimité particulière auprès des instances gouvernementales et qui peut défendre les intérêts des Pays-d’en-Haut, notamment en matière de santé et d’infrastructures, lors de rencontres avec les ministres à Québec ou à Ottawa.
Le mot de la fin – Enfin, Martin Nadon revendique une solide expérience, tant en droit municipal qu’en gestion, ayant été directeur général de plusieurs Municipalités et cadre aux Nations unies. À l’heure où de nombreux maires de la MRC ne se représentent pas, il estime que son parcours est un atout pour assurer la stabilité et la continuité de l’administration régionale en tant que préfet. Il invite les citoyens à s’informer et à prendre au sérieux l’élection préfectorale. « Ce n’est pas un vote symbolique, c’est un vote pour celui ou celle qui coordonnera les grandes orientations de la région ».
Richard Darveau

Diagnostic sévère de la gouvernance actuelle – Richard Darveau se positionne comme le candidat du changement profond à la MRC des Pays-d’en-Haut. Il brosse une critique frontale du fonctionnement actuel du conseil des maires de la MRC qu’il dépeint comme « anémique, statique et opaque », où les réunions sont expéditives et dénuées de débat. Celui-ci qualifie la situation de « pathétique » et digne d’une « vieille époque soviétique », où les élus entérinent machinalement les décisions sans poser de questions. Il va jusqu’à comparer le mode de gestion actuel à une « masterclass de tout ce qu’il ne faut pas faire en gouvernance », dénonçant le manque d’impulsion et de responsabilisation des élus et des fonctionnaires.
Leadership transformationnel et de rupture contre le statu quo – Le candidat fait de la réforme de la gouvernance régionale sa priorité absolue. Il prône un « changement de culture brutal », fondé sur la transparence, l’innovation et la création d’emplois locaux. Dénonçant l’immobilisme et le « copinage » qui, selon lui, freine la prise de décisions courageuses au sein de la MRC, il se présente comme « une figure indépendante, extérieure au club des élus traditionnels ». Son objectif : agir comme un « préfet drone » avec une « vision globale du territoire » et sans les « retours d’ascenseur » des maires locaux pour opérer un véritable changement de paradigme.
Plateforme électorale orientée vers l’action – Contrairement à ses adversaires, il revendique une plateforme électorale1 très étoffée, articulée autour de plus de 50 propositions concrètes, pour répondre aux défis régionaux :
- Création de zones d’emplois significatifs pour lutter contre l’engorgement routier, limiter l’exode quotidien vers Montréal et revitaliser l’économie locale en sortant la MRC de son image de « gros dortoir ».
- Diversification économique par l’agriculture, l’agrotourisme et l’industrie manufacturière au-delà des préjugés sur leur impact environnemental.
- Adaptation aux changements climatiques en s’appuyant sur des données scientifiques comme Ouranos et en anticipant les répercussions sur le mode de vie local et l’industrie du ski, le pilier économique de la région, qui pourrait « perdre facilement un mois d’hiver ».
- Lutte contre le vieillissement démographique et la précarité sociale, par le développement de services de gérontologie et d’urgences adaptés, et d’initiatives pour la jeunesse et les familles en matière d’offres éducatives postsecondaires et d’emplois de qualité.
- Soutien à la culture pour attirer et retenir les talents, et doter la région de « salles dignes de ce nom et d’espaces permanents pour la culture et les spectacles ».
Vision de long terme et engagement personnel – Richard Darveau ne cache pas son ambition de s’inscrire dans la durée, évoquant la nécessité de deux mandats pour mener à bien sa transformation, convaincu que les changements requis ne s’opèrent pas en quatre ans. Il met en avant sa capacité à fédérer, à consulter et à mobiliser autour de projets structurants, tout en affirmant une indépendance d’esprit forgée par son parcours varié et riche en expériences dans le milieu journalistique, municipal, associatif et entrepreneurial. Pour lui, la préfecture est le plan central de son engagement public et « non un plan B comme [ses] concurrents ».
Le mot de la fin – Par-delà ses propositions, Richard Darveau insiste sur la nécessité de responsabiliser et d’impliquer les citoyens dans la gestion des enjeux locaux. Il prône la création d’un fonds pour « soutenir le journalisme d’enquête indépendant », convaincu que la transparence et le contrôle citoyen sont les garants d’une démocratie vivante et efficace.
Au sujet de la représentation de la MRC auprès des gouvernements, il ambitionne de prendre la présidence de la Fédération québécoise des municipalités (FQM) pour « mettre les Pays-d’en-Haut sur la map » et accroître sa visibilité et son influence des Pays-d’en-Haut dans les dossiers majeurs.
1. L’intégralité de sa plateforme électorale est présentement disponible sur son site Web (www.RichardDarveau.com)
