Bulareyaung Dance Company

LUNA, une œuvre hors du commun

Carole Trempe – Au cœur des montagnes de Taïwan, les danseurs de Bulareyaung Dance Company ont vécu une immersion de huit mois. De cette expérience sensorielle et spirituelle est né LUNA, un spectacle profondément enraciné dans l’identité autochtone et l’héritage culturel du peuple Paiwan. Le FASS a eu l’audace et l’élégance de nous offrir cette œuvre hors du commun, une traversée de mémoire, de corps et de souffle.

Dès les premières minutes, la proposition nous amène loin des sentiers battus tant par sa thématique que par les danseurs. Huit hommes puissants et ancrés ainsi qu’un chanteur-leader magnétique occupent tout l’espace avec une présence brute et sincère.

Chacun porte un son unique, une voix, une énergie qui lui est propre, tissée dans une partition vocale qui dégage une harmonie très belle et très puissante.

Les chants traditionnels omniprésents nous enveloppent. Même si nous ne comprenons pas les mots, les corps deviennent les vecteurs de l’histoire. 

Le mouvement prend naissance dans les rites et les éléments. Le souffle de la chasse, la domination de l’homme sur l’animal, la communion avec la forêt… tout est raconté par la danse, le chant, le dialogue et parfois le murmure.

Si l’intention artistique est claire, certains éléments visuels projetés sur le rideau, totems ou nature, peuvent parfois éclipser la narration et détourner l’attention du spectateur.

Ce qui marque le plus : les contrastes. Entre fulgurance et lenteur. Entre cris du cœur et silences habités. La chorégraphie épouse le souffle des ancêtres en s’ancrant dans la modernité.

Accueillir une telle œuvre, c’est faire preuve de courage et de vision. C’est reconnaître que la danse peut être un acte de mémoire. Le FASS confirme ainsi sa place comme carrefour vivant d’une danse qui pense, qui touche et qui éveille.

Cette compagnie de danse a été fondée en 2015 par Bulareyaung Pagarlava, chorégraphe autochtone de Taïwan.