Duo Aster

Jonathan Nemtanu, pianiste, et Clio Theodoridis saxophoniste, un couple dans la vie et de fabuleux complices sur la scène – photo: Raoul Cyr
Carole Trempe
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La défense du saxophone avec noblesse

Carole Trempe – Dans la série Jeunes virtuoses, Diffusions Amal’Gamme produisait le samedi 27 septembre 2025, à la salle de spectacle Saint-François-Xavier de Prévost, Duo Aster et son concert intitulé Cartes postales. Un tour du monde musical où chacune des pièces ouvrait sur un univers singulier.

Ce concert bien porté fut plus qu’un simple programme, il ressemblait à une déclaration d’amour au saxophone, instrument trop souvent cantonné au jazz et que ces deux musiciens défendent avec passion dans sa pleine noblesse classique. Clio Theodoridis, saxophoniste, et Jonathan Nemtanu, pianiste, un couple dans la vie et de fabuleux complices sur la scène.

Ils sont jeunes et hypertalentueux. Ils ont pour mission de faire découvrir la richesse sonore du saxophone dans un répertoire d’œuvres originales ou de transcriptions. Ils ont étudié dans de grands conservatoires d’Europe et ont poursuivi leur développement à l’Université de Montréal.

Ils nous ont offert un arc-en-ciel d’émotions et de paysages sonores. Ils nous ont raconté avec force que le saxophone est un instrument de récital, d’expressivité et de profondeur. Nous savons désormais que le saxophone classique peut tout dire, tout peindre, tout incarner.

Le voyage débute en Grèce, pays d’origine de la saxophoniste, par la Suite hellénique de Iturralde Pedro (1929-2020), pièce lumineuse qui ouvre une fenêtre méditerranéenne pleine de fraîcheur et de danse. Puis cap sur la Hongrie avec la pièce mondialement connue Tsardas ou Csardas de Vittorio Monti, pièce lente et mélancolique, remplie de lyrisme et qui s’enflamme vers la fin. John Williams nous a transportés en Amérique des années 1960 avec un extrait du film Catch Me If You Can où le saxophone joue le rôle du héros insaisissable incarnant l’agilité et la séduction du personnage principal. Le piano et le saxophone dialoguent dans une atmosphère enjouée et mystérieuse.

Le périple se poursuit à Montréal avec Récit et Lied de Mathieu Lussier, bassoniste. Le saxophone chante dans une intimité presque vocale exprimant la douceur d’un lied romantique. S’ensuit Isaac Albéniz (1860-1909) avec son Asturias aux rythmes incisifs et aux éclats flamboyants comme un feu dans la nuit espagnole. Le concert se clôt en Roumanie, pays d’origine du pianiste, avec Ocres rouges de Jaroslaw Ciesla, une œuvre picturale aux teintes profondes où les sonorités minérales du saxophone semblaient faire vibrer la terre elle-même. Une œuvre exprimée dans toute sa splendeur par une interprétation exceptionnelle de la saxophoniste démontrant musicalité, lyrisme et agilité.

Chacune des pièces interprétées avec brio ont contribué au même élan : un voyage musical d’où l’on sort le cœur élargi, riche en couleurs et de résonances nouvelles.

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