Nos sentiers de plein air

Sentier en terre livrée sur place. Le fossé a été tapissé de cailloux de rivière pour freiner l’érosion – photo: Anthony Côté
Anthony Côté
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Des pistes de solutions pour corriger les sentiers de plein air

Anthony Coté – On doit se rendre à l’évidence, nos sentiers de plein air se dégradent ! Avec les changements climatiques, l’érosion s’aggrave. L’achalandage a augmenté après la pandémie : avons-nous dépassé la capacité de portance1 de nos sentiers ?

Le mois dernier, nous avons exposé les lacunes dans la construction des sentiers existants. Plus spécifiquement :

  • La méconnaissance des méthodes pour sortir l’eau de ruissellement des sentiers, surtout dans les sentiers en pente.
  • Les effets néfastes de la compaction du sol organique par le passage répété des cyclistes et des marcheurs/joggeurs, soit le dégagement des racines des arbres dans l’aire de marche et la formation d’une dépression dans le sentier. Cette dépression retient l’eau de pluie et de ruissellement.

Pour éviter les racines et les roches, les cyclistes tentent de rouler en bordure de piste; la piste s’élargit et dans certains cas, ils se déplacent à côté du sentier original. Mais le problème « remonte à la surface » après quelque temps. Pour les marcheurs qui veulent admirer la nature, ils doivent avoir les yeux rivés sur le sentier pour ne pas trébucher sur une racine ou une pierre. 

La priorité

Le problème prioritaire à résoudre est la dépression dans l’aire de marche résultant de la compaction du sol. Elle empêche les eaux d’être évacuées du sentier pentu et elle expose et fait ressortir la roche et les racines des arbres. En plus de combler la dépression, la géométrie de l’aire de marche doit être corrigée surtout dans les pentes. Selon Rando Québec « … Dans le cas où l’aire de marche aurait une inclinaison transversale2 vers l’aval, l’eau pourrait être entraînée vers l’extérieur de l’aire de marche et reprendre son ruissellement naturel. ». Sur un terrain plutôt plat, le sentier peut se drainer sur les deux côtés en créant une aire de marche surélevée au centre. Donc, de toute évidence, le but premier est d’éliminer la dépression du sentier tout en drainant le sentier latéralement. Mais comment ?

Des pistes de solutions

Remblai du sentier par mini-excavatrice à partir d’un fossé en bordure du sentier – photo: Anthony Côté

Il n’y a pas trente-six solutions pour combler la dépression dans le sentier. Les solutions pour les sentiers existants sans les déplacer sont assez limitées. Dans un premier temps, il est recommandé par les organismes fédérés que la surface du sentier soit en terre minérale3. Il y a de la terre minérale presque partout sous les sentiers et sous le terrain en bordure de ceux-ci. Elle est à une profondeur variable sous la terre organique de surface, à quelques centimètres dans nos régions. Très souvent elle contient un peu d’argile qui agit comme liant tout en lui offrant une certaine résistance à l’érosion lorsque compactée. Trois sources de terre minérale sont à envisager : 

  • Dans les anciens sentiers forestiers, creuser avec une mini-excavatrice un fossé sur le côté amont du sentier et étendre la terre minérale ainsi récoltée dans la dépression du sentier. Nous devons aplanir la piste en y incorporant une pente latérale. Nous retirons toutes les pierres de la terre excavée pour les retourner dans le fossé pour limiter son érosion.
Sentier en terre minérale extraite manuellement à partir d’une section de fossé et de 3 fosses – photo: Anthony Côté
  • Excaver de la terre minérale sur place en creusant des fosses à proximité du sentier. Ceci suppose beaucoup de jus de bras (ou une mini-excavatrice et son déplacement vers le chantier).
  • Se faire livrer de la terre minérale à proximité du sentier. Ceci implique son chargement et son transport sur une distance plus ou moins grande vers le site des travaux. Une remorque à benne et un véhicule tracteur sont donc nécessaires. Cette possibilité est limitée par l’aire de dégagement4 du sentier pour permettre le transport vers le chantier.

Si la livraison de remblai près du chantier est l’option choisie, un autre matériel de remblai est aussi possible : la criblure de pierres. L’avantage est qu’elle forme une surface durable et résistante après mouillage et compaction. Le désavantage est qu’elle risque d’endommager les racines avec la compaction. Donc il est important de recouvrir les racines présentes avec de la terre avant d’étendre la criblure de pierre. 

Un point important à ne pas oublier : dans tous les cas, la compaction mécanique de la surface du sentier est primordiale pour empêcher à nouveau la formation d’une dépression dans le sentier.

Pour le mois prochain, y a-t-il des techniques qui peuvent améliorer la durabilité du sentier ?

1.  La capacité portante (ou la portance) est la capacité d’une structure ou d’un sol à recevoir la pression causée par les marcheurs et cyclistes.

2. L’inclinaison transversale est que le sentier penche d’un côté à l’autre de l’aire de marche, appeler aussi dévers. 

3. Un matériau constitué prioritairement de composants inorganiques.

4. Espace sans obstruction permettant le libre passage des usagés

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