Centenaire de la paroisse

Gleason Théberge
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Hommage aux familles souches de la paroisse Saint-François-Xavier

Gleason Théberge – La troisième célébration du centenaire de la paroisse Saint-François-Xavier, le dimanche 28 septembre, a été l’occasion de diverses interventions. Voici celle qu’on m’a demandé de préparer.

Ce n’est qu’en 1977 que j’ai connu au pays des anciens villages une communauté active et sereine. J’ai bien sûr eu vent de désaccords occasionnels, inévitables preuves d’une société ouverte aux avis contraires, mais a-t-on déjà vu une société humaine sans divergence d’opinions? J’ai surtout appris à connaître des artisans de bonheur, encore soucieux de leurs voisins, de les aider avec la noblesse de la campagne dont je connais les avantages, pour en avoir profité moi-même dans le village lointain où je suis né.

C’est d’ailleurs dans ce nouveau chez-moi que j’ai approfondi ma connaissance de certains enjeux majeurs. Une question d’âge peut-être, mais surtout parce que c’est ici que je me suis impliqué comme jamais auparavant, avec beaucoup d’entre vous, hommes et femmes issus des pionniers de notre ville, montés par la rivière, en ont suivi les rives et marché la forêt. Ils ont dû apporter leur poêle en pièces détachées, leurs outils en traîneaux et garder leur espoir aux yeux, même fatigués.  

Sur ce qui était auparavant les territoires de Saint-Jérôme et Saint-Sauveur, après avoir essouché, défriché, bâti, préparé le jardin, ils reprenaient leur courage avec le tabac du repos et les tabliers où s’essuyer les mains une fois le souper au four ou les enfants couchés. Ils ont inventé les lieux où danser les jours de fête et donner naissance à des garçons et filles, dont le souffle et les bras ont donné suite à leurs victoires astucieuses et quotidiennes.

Ensemble, ils ont préparé le bois des maisons et celui de la chaleur pour l’hiver, ferré des chevaux pour le transport et leurs travaux, entretenu des fermes sur des terres souvent ingrates, géré des commerces, aménagé des pentes de ski, bâti des chalets pour des visiteurs arrivés par les trains.

Ils n’ont pas raconté par écrit leur histoire, ne sachant pas toujours lire, mais laissé des traces en contrats devant des arpenteurs et des notaires. Et le témoignage essentiel de leur présence s’est inscrit au rythme du clocher de l’église, dans le registre des baptêmes, des mariages et des funérailles. 

Pour nous qui avons aujourd’hui outils et machines à essence ou électricité, rappelons-nous le travail aux champs sous la pluie ou le soleil, avec la pause de l’Angelus du midi, les grossesses nombreuses, les soins du bétail et des chevaux, l’entretien du jardin, les corvées de lavage et les repas quotidiens, jusqu’au dimanche des retrouvailles sur le perron de l’église, annonçant la journée du repos. Et avec les nuits d’hiver, c’étaient les clochettes et les fourrures des carrioles vers la messe de minuit ou les plaisirs de la gigue et la danse avec la parenté du voisinage ou de la ville, parfois égayées par un peu de caribou, et les rires et défis des soirées de cartes.

Leurs enfants, dont certains sont présents aujourd’hui, j’en ai connu devenus adultes et porteurs de la même générosité. Particulièrement ceux des commerces qui ont soutenu gratuitement la renaissance de la gare ou continuent d’appuyer la parution de nos journaux locaux. Et je salue celles et ceux qui ont fourni plus récemment les informations nécessaires à la production des circuits patrimoniaux des trois anciens villages et du musée virtuel de la Ville. Et vous remarquez que je ne précise personne, parce que choisir de nommer certains, c’est toujours exclure les autres, qui le mériteraient autant.

Mais leurs ancêtres seront désormais rappelés par les maisons portant leur nom, l’appellation des rues du territoire et jusqu’aux mentions signant les vitraux de notre église.

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