Des vies dignes de leurs romans

Lyne Gariépy
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Lyne Gariépy et Joanis Sylvain – Avec l’arrivée sur les plateformes d’écoute d’une minisérie sur la vie de George Sand, l’idée de vous suggérer des films ou séries sur la vie d’écrivains et d’écrivaines (ayant réellement vécu) s’est imposée à nous. Nous avons donc choisi de vous en présenter trois dont nous apprécions les œuvres, et qui ont eu des vies dignes de leurs romans. 

La rebelle : les aventures de la jeune George Sand     

(Version originale) Minisérie, 2025, biopic, histoire, Belgique-France, une saison de 4 épisodes d’environ 52 minutes, FranceTV; réalisateurs : Georges-Marc Benamou, Henri Helman; interprètes : Nine D’Urso, Vincent Londez, Megan Northam.

Synopsis – En 1830, Aurore Dupin quitte Nohant pour échapper à la violence de son mari et s’installe à Paris, où elle mène une vie de bohème avant de publier son premier roman sous le pseudonyme de George Sand. Femme volontaire, elle s’émancipe du carcan bourgeois et décide de conduire sa vie selon son cœur. Les moments les plus forts de la vie de la première auteure française parvenue à vivre de ses écrits.

Ciné-fille – J’ai découvert George Sand vers l’âge de 10 ans, autant par son écriture captivante que par sa vie particulière de femme écrivain, alors que ce métier était impensable à son époque. La scène d’ouverture de la série réunit ces deux points parfaitement : la beauté des mots de George Sand, sa vision pure de ce qu’est l’amour, qui se confronte à la brutalité de son baron de mari, alors qu’elle est dans une position de soumission et qu’il pénètre de force dans sa chambre pour l’agresser. Quoique très brutale, cette séquence résume bien la suite de la vie de George, de la difficulté d’être une femme au XIXe siècle. Mais surtout, la série présente la triple émancipation en tant que femme, épouse et femme de lettres de George Sand. 

Contrairement à l’excellent film de Diane Kury, paru en 1999, Les enfants du siècle, avec la magnifique Juliette Binoche, qui lui traite davantage de la relation entre George Sand et De Musset, La rebelle  : les aventures de la jeune George Sand nous fait vivre davantage les combats de la femme et de l’écrivaine face à la bêtise humaine et ses lois liberticides. Ce sont ses premiers combats gagnés qu’expose la série, de la publication de son roman Indiana à son procès pour se séparer du baron Dudevant.

On découvre dans la série l’actrice Nine d’Urso (fille de l’égérie Ignès de la Fressange) qui est excellente dans le rôle. Les décors, et les scènes tournées au château de Troussay, faute d’avoir pu le faire à Nohant, sont superbes. Les costumes sont parfaits. Le rythme est soutenu et la présentation moderne, comme l’était George, en avance sur son temps.

À lire les biographies des artistes, il nous arrive de penser que braver les conventions et sortir du carcan était facile pour eux. Or, ce film nous démontre le contraire. Et nous rappelle que ce combat pour l’égalité est encore d’actualité.    8,5 sur 10

Ciné-gars – Belle minisérie de quatre épisodes. On peut découvrir les motivations derrière l’émancipation d’aurore qui la transformera en George Sand et aboutira à la création de ses œuvres. Chaque épisode nous présente une phase marquante de la vie de George, sur le dur chemin qui mènera à cette émancipation. C’est bien amené, bien présenté. On y voit tous les aspects de sa vie, de ses amours, à ses œuvres, et à ses combats. On y voit George Sand, une femme forte qui défie toutes les conventions du temps, avec son intelligence et sa volonté, à une époque où la femme était la possession de l’homme. Acteurs, décors, tout est réussi.  8,5 sur 10

Rebel in the Rye : Aux origines de l’attrape-cœur    

(v.f Rebel in the Rye) Film, 2017, biopic, États-Unis, 106 minutes, Amazon Prime; réalisateur : Danny Strong; interprètes : Nicholas Hoult, Kevin Spacey, Victor Garber, Sarah Paulson. 

Synopsis – La vie de J.D Salinger, le célèbre auteur de L’attrape-cœurs. De sa jeunesse marquée par des relations mouvementées avec Oona, son amante et Whit, son mentor, jusqu’à la guerre et la confrontation à la violence des hommes. Autant d’expériences qui vont forger un auteur unique, qui finira reclus du monde.

Ciné-fille – Le film Rebel in the Rye : aux origines de l’attrape-cœur débute en 1939, avec un jeune J.D Salinger nonchalant, qui tente de séduire la jeune fille d’un écrivain connu. Cette partie de sa vie, celle de ses amours, prend beaucoup de place dans le film, mais sans pour autant répondre à nos questions à ce sujet. Les meilleurs moments sont ceux dans les cours du professeur Whit, et la relation entre les deux.

La distribution est de qualité, les acteurs sont tous parfaits, incluant Nicholas Hoult. Les décors et costumes sont aussi très réussis. Les images rendent bien l’époque. Le film m’a donné envie d’en connaître davantage sur la vie de l’auteur de L’attrape-cœur, sa seule œuvre.  7,5 sur 10

Ciné-gars – Le point principal que j’ai retenu du film, c’est que la guerre change les hommes, mais détruit surtout les plus sensibles d’entre eux, dont faisait partie J.D. Salinger. Cette dernière a changé le cours de sa vie.

L’excellente interprétation de Nicholas Hoult nous fait vivre toutes les étapes de la vie de l’écrivain, jusqu’à sa réclusion. J’ai apprécié ce film.    8 sur 10

Mary Shelley     

(v.f  Mary Shelley) Film, 2017, biopic, drame, historique, 2 heures, Youtube ($), AppleTV ($); réalisatrice : Haifaa Al Mansour; interprètes : Elle Fanning, Douglas Booth, Tom Sturridge, Maisie Williams, Joanne Froggatt

Synopsis – En 1814, Mary Wollstonecraft Godwin entame une relation passionnée et scandaleuse avec le poète Percy Shelley et s’enfuit avec lui. Elle a 16 ans. Condamné par les bienpensants, leur amour tumultueux se nourrit de leurs idées progressistes. En 1816, le couple passe l’été à Genève, dans la demeure de Lord Byron. Lors d’une nuit d’orage, à la faveur d’un pari, Mary a l’idée du personnage de Frankenstein. Dans une société qui ne laissait aucune place aux femmes de lettres, Mary Shelley, 18 ans à peine, allait révolutionner la littérature et marquer la culture populaire à tout jamais.

Ciné-fille – Vous connaissez probablement mon amour pour les films d’horreur, mais cela a tout d’abord débuté par l’amour des récits de peur, dont Frankenstein. Mais qu’on ne se méprenne pas, Mary Shelley n’est pas un film d’horreur. Bien davantage un film d’amour. Comme le personnage qu’elle a créé et qui nous touche par son besoin d’amour, elle a de l’amour à donner, et aimerait en recevoir. Mais l’histoire qu’elle vivra avec Percey Shelley sera marquée d’épreuve.

Les images, et la photographie du film sont superbement sombres et lumineuses à la fois, parfaites pour illustrer la vie de la créatrice du conte gothique par excellence. Les costumes, les décors, et surtout les accessoires sont parfaitement choisis. On est transporté dans l’époque et l’ambiance, parfois faste, parfois miteuse. Les acteurs et actrices sont tous excellents. Elle Fanning est d’une justesse surprenante, transpirant la force et la fragilité qui ont fait de Shelley l’autrice qu’elle est devenue.

Même si sa mère, la philosophe féministe, éducatrice et femme de lettres Mary Wollstonecraft, est décédée lorsque Mary avait 11 jours, elle semble avoir eu une grande influence sur sa fille, tout comme son père, le philosophe, romancier, journaliste et libraire anarchiste William Godwin.

Une autre biographie qui nous apprend le combat qu’a dû mener une écrivaine de l’époque pour réaliser ses ambitions. Et son père ainsi que son mari y ont joué un rôle, car c’est son père qui réédita son livre avec le nom de Mary Shelley, parce qu’à l’origine, l’ouvrage avait été publié anonymement avec une préface de Percy Shelley. Excellent film. Seul bémol, j’aurais aimé la suivre  encore plus longtemps, en découvrir davantage sur sa vie.   9 sur 10

Ciné-gars – On peut découvrir dans le film que Mary Shelley a eu un début de vie adulte trépidant, mais semé d’embûches. Tout d’abord, on apprend que sa mère était féministe et philosophe, et son père, un écrivain philosophe reconnu. Malgré l’héritage de ses parents et son amour de l’écriture, elle aspirait surtout au début à vivre sa vie et ses amours. Sa relation avec Percey Shelley sera compliquée. La perte de leur premier enfant viendra chambouler sa vie et sera, entre autre, à l’origine de son œuvre, jumelé à son séjour chez l’excentrique Lord Byron, qui sera le déclencheur. 

Le film illustre bien tous les éléments qui ont mené à la création du Frankenstein de Mary Shelley, ainsi que tous les aspects de sa vie présentés plus tôt.   8 sur 10

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