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Maison
Le mot demeure évoque un lieu où l’on est heureux de trouver régulièrement une tranquillité familière. C’est l’expression sans doute la plus précise de tout abri permanent, auquel s’opposent des lieux impliquant généralement un bref séjour comme la cache (qu’on en revienne chargé ou pas), la cachette (qu’on y joue ou pas), l’asile (de moins en moins garanti), le refuge (parfois une simple chambre) ou l’oasis (mot féminin aux couleurs du sable des vacances). Pour les autres animaux que l’être humain, on parlera plutôt de gîte, repaire, tanière et plus simplement de ce trou qui décrit aussi en le méprisant tout lieu perçu comme très éloigné ou mal fréquenté.
Demeurer quelque part suppose en effet une permanence relativement confortable et appréciée. Et pourtant le mot est apparu en français pour dire être en retard. On en retrouve d’ailleurs la trace dans l’expression il y a péril en la demeure, qui au lieu de signaler qu’un lieu est synonyme de danger, signifie, où qu’on soit, qu’il serait dangereux d’attendre, tout simplement. Et il en est de même à propos de la mise en demeure juridique qui attribue à celui qui la reçoit la responsabilité d’y répondre sans attendre.
En parallèle à la demeure, on trouve évidemment habitation, résidence, logement, logis, toit, ainsi que tous les mots qui dérivent de maison, lequel provient ainsi que quelques autres du verbe latin manere (rester), d’où nait, entre autres, la permanence (état de durabilité ou personnel chargé de la gestion quotidienne). En Provence, on en fera dériver le mas (petite ou grande maison, voire lieu où se fabriquent certains vins); ailleurs, ce sera la masure (petite habitation rurale, parfois délabrée) ou le manoir (au départ, résidence fortifiée mais moins que le château). De même source, au XVIIe siècle, être un manant, c’est être résident d’un lieu, d’une région; plus tard, il prend le sens de paysan.
Or, de tous ces mots, c’est maison qui s’imposera. Il donnera naissance à des expressions encore utilisées au Québec, quand nous parlons de venir à maison, se mettre en maison (vivre ensemble), casser maison (se séparer en partageant ou pas les biens), un mets fait maison (de fabrication artisanale). Ce maison est d’ailleurs le mot le plus employé pour décrire une habitation : de la maison de jeux aux maisons closes de jadis et aux maisons de la Culture moderne, on le trouvera aussi pour les douze divisions parallèles aux signes astrologiques ou dans être de la maison, pour décrire le cercle restreint d’un entourage, d’une institution, d’un commerce.
La même référence à une vie commune, à une famille, est présente dans le mot ménage, de même origine que maison. On le retrouve dans s’occuper de son ménage, faire son ménage (gérer son couple, sa famille, entretenir sa maison), ménage à trois (triangle amoureux) ou dans ménager (voir à de saines finances). En cette période des Fêtes, les trois sont d’ailleurs mis en cause. Il faut faire le ménage avant que les invités viennent à maison; ménager mais pas trop pour les recevoir; et pour les enfants de familles reconstituées, partager son temps entre les parents déconjugués souvent par l’arrivée d’un tiers dans le couple.
Et je profite de ces propos pour vous souhaiter de joyeuses fêtes (célébrations) durant les Fêtes (période allant du 24 décembre au 6 janvier) !